Dès que le nom d'Aristote est prononcé beaucoup d'oreilles se ferment. Quel ennui ! Que c'est prétentieux ! Et pourtant, pour parler comme au lycée, il n'était pas si con que ça, Aristote.
Considérons les quatre types de cause qu'il a dénombrés : finale, formelle, matérielle, motrice. Longtemps je n'y ai rien compris, mais comme j'avais gardé quelques souvenirs du cours de philo j'ai pu voir que l'informatisation était la cause matérielle de la crise financière (voir Comprendre la crise) : elle a rendu cette crise possible – et si l'on réfléchit un peu on voit que dès que la crise était possible, elle était en fait inévitable.
Je me suis demandé quelle place pouvaient jouer, dans nos entreprises, les trois autres types de cause. J'ai découvert à ma grande surprise qu'elles s'empilent selon un modèle familier.
Si Aristote vivait de nos jours il s'intéresserait certainement à l'entreprise, lieu de l'action dans la biosphère - tandis que nos philosophes, dans leur majorité, préfèrent la dénigrer plutôt que de l'observer.
dimanche 15 mars 2009
samedi 14 mars 2009
Mille Madoffs
“When I began the Ponzi scheme, I believed it would end shortly and I would be able to extricate myself and my clients.” (Bernard Madoff [1]).
On s'interroge sur la psychologie de Bernard Madoff. Certains disent que c'est un psychopathe et ils le comparent à un tueur en série.
La citation ci-dessus donne du personnage une autre idée, que je crois plus véridique : c'est un faible qui, s'étant piégé lui-même, ne pouvait rien faire d'autre que d'attendre le jour où tout s'écroulerait. Pour surmonter une difficulté passagère il a amorcé une pyramide de Ponzi, puis il a été incapable de s'en sortir : "finding an exit proved difficult, and ultimately impossible."
C'est là un schéma familier. Rappelons nous l'époque (1993-1997) où Jean-Marie Descarpentries, entouré de l'équipe où brillait Thierry Breton, se faisait fort de redresser Bull. Il améliora le résultat comptable en comprimant la R&D : ainsi l'entreprise retrouva une apparence de la santé mais en hypothéquant le futur, comme l'a montré son évolution ultérieure. C'est qu'il existe plusieurs sortes de pyramide de Ponzi, où l'on paie avec le montant de nouveaux emprunts les intérêts sur les emprunts passés.