La macroéconomie et la microéconomie, en abrégé « macro » et « micro », considèrent l'économie sous deux angles différents. La macro examine de grandes masses et de grands équilibres (le PIB, l'indice des prix, l'emploi, le solde commercial, etc. ventilés par branche et par secteur), la micro part de ce qui se passe dans les entreprises et chez les consommateurs. Elles ont été chacune classées tantôt « à gauche », tantôt « à droite », tout en changeant de contenu.
Avant la guerre de 1940 la micro dominait car la théorie économique en vigueur postulait que l'efficacité résulte du libre jeu des agents individuels, personnes ou entreprises. Aucune vue d'ensemble sur l'économie n'était publiée, les seuls indicateurs étaient des prix de gros et des cours de bourse1 : ils constituaient selon la théorie la seule connaissance dont un entrepreneur ait besoin pour prendre ses décisions. L'idée qu'une action de l’État sur l'économie puisse être nécessaire était rejetée avec force2.
Le modèle économique sous-jacent était celui de l'équilibre général hérité de Walras et Pareto. La science économique était aussi abstraite que ce modèle : elle postulait l'efficacité de la libre action des entreprises, mais se gardait d'observer de près leur fonctionnement car cela aurait risqué d'inciter l’État à empiéter sur leur liberté.
Les années 1930 ont cependant montré que le comportement spontané des agents individuels ne permettait pas de sortir d'une crise prolongée : quelques économistes chercheront donc la solution du côté d'un agent collectif, l’État. Mais pour que celui-ci puisse restaurer les grands équilibres – l'investissement, l'emploi, le commerce extérieur, etc. – il fallait qu'ils fussent observés. La macroéconomie est née, pour fournir cette observation, dans la foulée des réflexions de Keynes et de Hicks sur les anticipations.
Elle n'a pas été la bienvenue. La « droite », fidèle à sa conception individualiste de l'économie, a vu dans l'intervention de l’État un risque de collectivisme d'autant plus impressionnant que l'URSS faisait alors figure d'épouvantail. Toute orientation politique contient cependant des contradictions : certains des individualistes « de droite » ne ménageaient pas leur admiration au régime nazi, collectiviste à sa façon. On verra d'ailleurs par la suite des personnes passer de la « droite » à la « gauche » et vice-versa.
dimanche 30 août 2015
mardi 25 août 2015
Faire comprendre l'informatisation par nos dirigeants
Ceux qui ont compris l'informatisation sont devant les dirigeants comme les souris qui veulent pendre une sonnette au cou du chat1. Ils n'y parviennent pas, ça les exaspère et ils sont tentés de se soulager en se défoulant. On entend ainsi souvent des propos désabusés autour de la machine à café et dans les réunions entre experts : « le DG (ou le ministre, etc.) ne comprend rien à rien ».
Mais ce que nos dirigeants comprennent ou ne comprennent pas n'est que l'expression de la culture qui donne des significations et des valeurs à chacun des membres de notre peuple. Cette culture gouverne l'homme, même celui qui gouverne d'autres hommes, et comme elle est élaborée par la masse de ceux qui sont gouvernés le pouvoir qu'exerce un homme vient des gouvernés et y retourne2.
Il ne convient pas de faire de nos dirigeants les boucs émissaires d'une incurie collective : c'est en agissant sur la culture de notre peuple et à travers elle que nous pourrons faire naître en eux la compréhension du phénomène.
Il s'agit de procurer à chacun non la connaissance experte de la pile des techniques informatiques et sociologiques que l'informatisation comporte (une telle connaissance est hors de portée) mais une intuition exacte de son fonctionnement, de sorte que les individus, les entreprises et les institutions puissent tirer parti des possibilités qu'elle apporte et contenir les dangers qui les accompagnent.
L'action nécessaire comporte deux étapes : d'abord un effort de rigueur et d'exactitude sur soi-même pour penser l'existence, le fonctionnement et les conséquences du couple que forment dans l'action l'être humain et l'automate programmable. L'ascèse qu'exige cet effort est heureusement équilibrée par le plaisir qu'apporte l'élucidation d'un tel phénomène.
Cette élucidation ne sera jamais achevée car ce qu'elle considère est d'une complexité sans limite, mais la valeur d'une pensée réside moins dans son achèvement que dans son orientation et son dynamisme, couplé au dynamisme historique du phénomène : il faut comprendre et faire comprendre non pas seulement l'état actuel de l'informatisation, mais l'élan qui l'a portée vers cet état et qui l'emporte vers le futur.
La deuxième étape consiste à faire rayonner la pensée ainsi conquise en l'émettant dans les canaux médiatiques afin qu'elle puisse être captée par les esprits désireux de comprendre. Ceux qui nous disent « il faut communiquer » ont donc raison, mais il faut d'abord avoir bâti une pensée qui mérite d'être communiquée.
Une telle action s'inscrit dans le long terme. Elle demande de la patience, elle invite aussi les experts à se libérer du jargon professionnel et des anglicismes pour s'exprimer d'une façon aussi proche que possible du langage quotidien, celui de notre culture familière.
___
1 Norbert Wiener, Cybernetics, p. 189.
2 Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, p. 207.
Mais ce que nos dirigeants comprennent ou ne comprennent pas n'est que l'expression de la culture qui donne des significations et des valeurs à chacun des membres de notre peuple. Cette culture gouverne l'homme, même celui qui gouverne d'autres hommes, et comme elle est élaborée par la masse de ceux qui sont gouvernés le pouvoir qu'exerce un homme vient des gouvernés et y retourne2.
Il ne convient pas de faire de nos dirigeants les boucs émissaires d'une incurie collective : c'est en agissant sur la culture de notre peuple et à travers elle que nous pourrons faire naître en eux la compréhension du phénomène.
Il s'agit de procurer à chacun non la connaissance experte de la pile des techniques informatiques et sociologiques que l'informatisation comporte (une telle connaissance est hors de portée) mais une intuition exacte de son fonctionnement, de sorte que les individus, les entreprises et les institutions puissent tirer parti des possibilités qu'elle apporte et contenir les dangers qui les accompagnent.
L'action nécessaire comporte deux étapes : d'abord un effort de rigueur et d'exactitude sur soi-même pour penser l'existence, le fonctionnement et les conséquences du couple que forment dans l'action l'être humain et l'automate programmable. L'ascèse qu'exige cet effort est heureusement équilibrée par le plaisir qu'apporte l'élucidation d'un tel phénomène.
Cette élucidation ne sera jamais achevée car ce qu'elle considère est d'une complexité sans limite, mais la valeur d'une pensée réside moins dans son achèvement que dans son orientation et son dynamisme, couplé au dynamisme historique du phénomène : il faut comprendre et faire comprendre non pas seulement l'état actuel de l'informatisation, mais l'élan qui l'a portée vers cet état et qui l'emporte vers le futur.
La deuxième étape consiste à faire rayonner la pensée ainsi conquise en l'émettant dans les canaux médiatiques afin qu'elle puisse être captée par les esprits désireux de comprendre. Ceux qui nous disent « il faut communiquer » ont donc raison, mais il faut d'abord avoir bâti une pensée qui mérite d'être communiquée.
Une telle action s'inscrit dans le long terme. Elle demande de la patience, elle invite aussi les experts à se libérer du jargon professionnel et des anglicismes pour s'exprimer d'une façon aussi proche que possible du langage quotidien, celui de notre culture familière.
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1 Norbert Wiener, Cybernetics, p. 189.
2 Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, p. 207.
mercredi 5 août 2015
L'iconomie et la France
Voici ce que l'un de mes amis a écrit dans un message consacré à l'informatisation :
« Logiquement, "la France" comme capacité d'action doit disparaître au profit de deux capacités d'action : l'Europe, les régions ».
Je lui ai répondu par le message ci-dessous.
L'informatisation ne se limite pas aux dimensions technique et économique : c'est un phénomène anthropologique qui transforme les modes de vie : rapports entre les générations, délimitation des classes sociales, relations entre les personnes au travail, image que chacun se forme de son destin, conscience que les sociétés et les cultures ont d'elles-mêmes, place de chaque pays dans le concert des nations, etc.
L'informatisation confronte ainsi chaque personne, chaque entreprise et chaque pays à une interrogation sur ses valeurs : « que voulons-nous faire et, finalement, qui voulons-nous être ? ». Elle ne peut être réussie que si elle exprime ce que l'on veut être : c'est donc une affaire très intime.
Un pays ne peut réussir son informatisation que s'il sait l'incorporer à son histoire et à sa façon d'être. L'informatisation « à l'américaine » ne pourra pas répondre à tout : nous avons besoin d'une « iconomie à la française » et chacun des autres pays a besoin de sa propre iconomie : « à l'allemande », « à la chinoise », « à l'italienne », etc.
Pour pouvoir bâtir l'« iconomie à la française » il faut avoir élucidé ce que nous voulons être. Or l'histoire nous a légué un riche patrimoine de valeurs, naturellement traversé par des contradictions. Dans ce patrimoine, il nous revient de choisir les valeurs qui répondent à l'émergence du cerveau d'œuvre qui, dans l'emploi, se substitue désormais à la main d'œuvre (les valeurs ne sont pas imposées par la nature des choses : elles sont choisies par les individus et les sociétés).
Comme l'ont dit Philippe d'Iribarne et avant lui Michelet la Révolution a déposé entre les mains du peuple français les vertus de la noblesse : si celle-ci avait des vices (parasitisme, courtisanerie) elle avait aussi des qualités que l'on peut exprimer dans le vocabulaire d’Épictète : dignité, réserve, droiture : or ce sont là exactement les qualités que doit posséder le cerveau d'œuvre.
Le symbole de notre République, héritier du « plus beau royaume sous le ciel » (O. Reclus, 1899), invite chaque Français à cultiver l'élitisme intime, l'exigence envers soi-même qui le hisse au niveau de ces vertus aristocratiques. Cet « élitisme pour tous » (Diderot) détermine les valeurs qui peuvent nous orienter vers notre iconomie, il sera la contribution la plus authentique de la France au concert des nations.
Cependant d'autres valeurs se proposent, qui entrent en conflit avec notre République. La réaction, qui est son pendant dialectique et qui triompha sous le régime de Vichy, reste présente et vivace. Le formalisme institutionnel, version historique de l'entropie, accomplit aussi naturellement son travail de dégénérescence.
Beaucoup de personnes sont donc tentées de renoncer. La France est trop petite pour l'iconomie, disent-elles, seule l'Europe peut y parvenir : c'est oublier que des nations minuscules ont su s'informatiser efficacement. L'affaire grecque a d'ailleurs confirmé que l'Europe, handicapée par une cacophonie de valeurs inconciliables, est incapable de choisir une orientation.
Quant aux régions (autre échappatoire), elles ne sont pas « plus proches des gens » que ne l'est la nation entière et en outre aucune d'entre elles ne porte de valeurs aussi claires, aussi éloquentes, aussi aptes à mobiliser une population que ne le sont celles de notre République.
« Logiquement, "la France" comme capacité d'action doit disparaître au profit de deux capacités d'action : l'Europe, les régions ».
Je lui ai répondu par le message ci-dessous.
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L'informatisation ne se limite pas aux dimensions technique et économique : c'est un phénomène anthropologique qui transforme les modes de vie : rapports entre les générations, délimitation des classes sociales, relations entre les personnes au travail, image que chacun se forme de son destin, conscience que les sociétés et les cultures ont d'elles-mêmes, place de chaque pays dans le concert des nations, etc.
L'informatisation confronte ainsi chaque personne, chaque entreprise et chaque pays à une interrogation sur ses valeurs : « que voulons-nous faire et, finalement, qui voulons-nous être ? ». Elle ne peut être réussie que si elle exprime ce que l'on veut être : c'est donc une affaire très intime.
Un pays ne peut réussir son informatisation que s'il sait l'incorporer à son histoire et à sa façon d'être. L'informatisation « à l'américaine » ne pourra pas répondre à tout : nous avons besoin d'une « iconomie à la française » et chacun des autres pays a besoin de sa propre iconomie : « à l'allemande », « à la chinoise », « à l'italienne », etc.
Pour pouvoir bâtir l'« iconomie à la française » il faut avoir élucidé ce que nous voulons être. Or l'histoire nous a légué un riche patrimoine de valeurs, naturellement traversé par des contradictions. Dans ce patrimoine, il nous revient de choisir les valeurs qui répondent à l'émergence du cerveau d'œuvre qui, dans l'emploi, se substitue désormais à la main d'œuvre (les valeurs ne sont pas imposées par la nature des choses : elles sont choisies par les individus et les sociétés).
Comme l'ont dit Philippe d'Iribarne et avant lui Michelet la Révolution a déposé entre les mains du peuple français les vertus de la noblesse : si celle-ci avait des vices (parasitisme, courtisanerie) elle avait aussi des qualités que l'on peut exprimer dans le vocabulaire d’Épictète : dignité, réserve, droiture : or ce sont là exactement les qualités que doit posséder le cerveau d'œuvre.
Le symbole de notre République, héritier du « plus beau royaume sous le ciel » (O. Reclus, 1899), invite chaque Français à cultiver l'élitisme intime, l'exigence envers soi-même qui le hisse au niveau de ces vertus aristocratiques. Cet « élitisme pour tous » (Diderot) détermine les valeurs qui peuvent nous orienter vers notre iconomie, il sera la contribution la plus authentique de la France au concert des nations.
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Cependant d'autres valeurs se proposent, qui entrent en conflit avec notre République. La réaction, qui est son pendant dialectique et qui triompha sous le régime de Vichy, reste présente et vivace. Le formalisme institutionnel, version historique de l'entropie, accomplit aussi naturellement son travail de dégénérescence.
Beaucoup de personnes sont donc tentées de renoncer. La France est trop petite pour l'iconomie, disent-elles, seule l'Europe peut y parvenir : c'est oublier que des nations minuscules ont su s'informatiser efficacement. L'affaire grecque a d'ailleurs confirmé que l'Europe, handicapée par une cacophonie de valeurs inconciliables, est incapable de choisir une orientation.
Quant aux régions (autre échappatoire), elles ne sont pas « plus proches des gens » que ne l'est la nation entière et en outre aucune d'entre elles ne porte de valeurs aussi claires, aussi éloquentes, aussi aptes à mobiliser une population que ne le sont celles de notre République.
lundi 3 août 2015
La véritable « troisième révolution industrielle »
On entend souvent dire que la troisième révolution industrielle réside dans la transition énergétique : c'est la thèse que Jeremy Rifkin défend dans The Third Industrial Revolution, elle a convaincu beaucoup de personnes.
La transition énergétique répond à une contrainte : il faut limiter le changement climatique que provoquent les émissions de gaz à effet de serre. Comme tout ce qui concerne l'énergie, elle a des conséquences géopolitiques. Elle comporte des innovations, car il faut savoir capter l'énergie du soleil, du vent, de la mer, etc. pour disposer d'autres sources d'énergie que le charbon et le pétrole.
Il ne convient donc pas de la sous-estimer ni de sous-estimer la contrainte à laquelle elle répond. Mais constitue-t-elle vraiment une révolution industrielle ?
Cette expression désigne ce que fait émerger une transformation des possibilités offertes à l'action productive. La mécanisation à la fin du XVIIIe siècle, la disponibilité de sources nouvelles d'énergie à la fin du XIXe siècle, ont effectivement offert des possibilités techniques radicalement nouvelles, élargi le terrain offert à l'action, transformé la relation entre la société et la nature. C'est donc à bon droit qu'on les a qualifiées de « révolution industrielle ».
Peut-on dire qu'il en est de même lorsque la transformation résulte non de possibilités techniques nouvelles, mais de la réponse à une contrainte ? Cette réponse comporte certes des innovations, mais qui s'appuient sur le patrimoine des techniques connues et non sur des techniques radicalement nouvelles.
C'est pourquoi il me semble que la transition énergétique usurpe le label « révolution industrielle ». Cela s'explique par plusieurs raisons qui jouent simultanément.
D'abord elle répond à un vrai problème, celui du réchauffement climatique, et ce faisant elle suscite des innovations. Cela ne suffit cependant pas à la qualifier de révolution industrielle.
Ensuite, elle satisfait le désir d'un rapport intelligent avec la nature, s'appuyant sur une technique moins oppressive que naguère. Elle représente ainsi, à la limite, la seule forme de croissance que puissent tolérer les partisans de la « décroissance ».
Au total, elle est sympathique et bien vue : un politique qui en fait sa priorité ne court aucun risque car elle est politiquement correcte. C'est cela qui explique le succès de la thèse de Rifkin, les flux budgétaires impressionnants qu'elle a déclenchés.
Pendant ce temps une révolution industrielle véritable déploie ses conséquences dans la discrétion et, peut-on dire, de façon souterraine : c'est celle de l'informatisation, qui offre d'ailleurs des possibilités nouvelles à la transition énergétique elle-même.
Mais « informatisation » est jugé ringard. On préfère dire « numérique », mot utilisé principalement et malgré son étymologie pour désigner les usages de la ressource informatique. Cela détourne l'attention des possibilités que celle-ci apporte, et aussi des dangers qui les accompagnent.
La transition énergétique répond à une contrainte : il faut limiter le changement climatique que provoquent les émissions de gaz à effet de serre. Comme tout ce qui concerne l'énergie, elle a des conséquences géopolitiques. Elle comporte des innovations, car il faut savoir capter l'énergie du soleil, du vent, de la mer, etc. pour disposer d'autres sources d'énergie que le charbon et le pétrole.
Il ne convient donc pas de la sous-estimer ni de sous-estimer la contrainte à laquelle elle répond. Mais constitue-t-elle vraiment une révolution industrielle ?
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Cette expression désigne ce que fait émerger une transformation des possibilités offertes à l'action productive. La mécanisation à la fin du XVIIIe siècle, la disponibilité de sources nouvelles d'énergie à la fin du XIXe siècle, ont effectivement offert des possibilités techniques radicalement nouvelles, élargi le terrain offert à l'action, transformé la relation entre la société et la nature. C'est donc à bon droit qu'on les a qualifiées de « révolution industrielle ».
Peut-on dire qu'il en est de même lorsque la transformation résulte non de possibilités techniques nouvelles, mais de la réponse à une contrainte ? Cette réponse comporte certes des innovations, mais qui s'appuient sur le patrimoine des techniques connues et non sur des techniques radicalement nouvelles.
C'est pourquoi il me semble que la transition énergétique usurpe le label « révolution industrielle ». Cela s'explique par plusieurs raisons qui jouent simultanément.
D'abord elle répond à un vrai problème, celui du réchauffement climatique, et ce faisant elle suscite des innovations. Cela ne suffit cependant pas à la qualifier de révolution industrielle.
Ensuite, elle satisfait le désir d'un rapport intelligent avec la nature, s'appuyant sur une technique moins oppressive que naguère. Elle représente ainsi, à la limite, la seule forme de croissance que puissent tolérer les partisans de la « décroissance ».
Au total, elle est sympathique et bien vue : un politique qui en fait sa priorité ne court aucun risque car elle est politiquement correcte. C'est cela qui explique le succès de la thèse de Rifkin, les flux budgétaires impressionnants qu'elle a déclenchés.
Pendant ce temps une révolution industrielle véritable déploie ses conséquences dans la discrétion et, peut-on dire, de façon souterraine : c'est celle de l'informatisation, qui offre d'ailleurs des possibilités nouvelles à la transition énergétique elle-même.
Mais « informatisation » est jugé ringard. On préfère dire « numérique », mot utilisé principalement et malgré son étymologie pour désigner les usages de la ressource informatique. Cela détourne l'attention des possibilités que celle-ci apporte, et aussi des dangers qui les accompagnent.