La dispute entre André Orléan et Jean Tirole donne l'occasion de porter un diagnostic sur l'état de la science économique et aussi sur celui de notre université.
Rappelons de quoi il s'agit. Les économistes se divisent en deux camps : les « orthodoxes » s'appuient sur le modèle de l'équilibre général élaboré par Walras puis perfectionné par Debreu, Arrow et quelques autres. Les « hétérodoxes » préfèrent s'inspirer de Marx ou de Keynes (cette division recoupe celle qui oppose la « microéconomie » à la « macroéconomie »).
A cette différence d'orientation s'ajoute une différence de style : les « orthodoxes » (que l'on nomme aussi « néoclassiques ») aiment à utiliser les mathématiques et produisent des textes où abondent souvent les équations tandis que les « hétérodoxes » écrivent dans une langue littéraire parfois élégante.
Enfin, tandis que les « orthodoxes » utilisent les outils que fournit le modèle de l'équilibre général, les « hétérodoxes » font de larges emprunts à ceux d'autres disciplines comme l'histoire, la sociologie, la psychologie, etc.
Voici maintenant le sujet de la dispute. Les « orthodoxes » sont en position de force dans le CNU (Conseil National des Universités) qui choisit ceux qui porteront le titre de professeur des universités : dans la période 2005-2011, seules 6 nominations de professeur sur 120 sont allées à des « hétérodoxes ». Ces derniers réclament donc la création d'un autre CNU, parallèle au premier et qui permettrait à un plus grand nombre d'entre eux d'accéder à ce titre prestigieux.
Jean Tirole estime que cela ferait courir un danger mortel à la science économique et il a conseillé à la ministre de s'opposer à cette création (voir sa lettre). Les « hétérodoxes » protestent, et l'accusent d'enfermer la science économique dans un moule étroit : ils voudraient qu'elle fût plus « ouverte ».
vendredi 25 mars 2016
mercredi 23 mars 2016
Plagiaires sans vergogne
Les textes que je publie sur volle.com et sur michelvolle.blogspot.fr sont librement utilisables, copiables, reproductibles et même modifiables, à la seule condition d'en citer la source.
Beaucoup d'entre eux sont reproduits par des personnes qui citent correctement la source dans des articles, livres, sites Web, etc. Cela me convient tout-à-fait.
Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Une courte recherche m'a fait découvrir des plagiaires qui s'attribuent certains de mes textes.
Voici comment je pratique la pêche aux plagiaires : je prends pour asticot une phrase point trop banale d'un de mes textes, et pour hameçon Google. J'attrape ainsi les pages qui reprennent mot à mot tout ou partie de ce texte. Je fais sur chacune d'elle Ctrl+F+volle et d'un clic j'élimine chacune des pages où je suis cité. J'élimine aussi celles dont l'auteur est visiblement un étudiant, car il faut être patient avec les débutants même quand ils manquent de savoir-vivre.
Au fond de mon panier frétillent enfin des plagiats comme ceux-ci :
Ce que j'ai écrit sur le langage UML se retrouve dans le
plagiat numéro 1.
Mon lexique du système d'information a été recopié dans le
plagiat numéro 2.
Ce que j'ai dit sur la relation entre le système d'information et la stratégie se retrouve mot à mot dans plagiat numéro 3.
Cette liste sera enrichie si je me remets à cette pêche.
Je sais bien que le plagiat est un hommage du vice à la vertu : ces gens-là ne s'attribueraient pas un de mes textes s'ils le jugeaient mauvais. Mais ceux qui ne citent pas le véritable auteur privent leurs lecteurs du plaisir de lire d'autres de ses textes, si d'aventure son propos leur a plu...
Beaucoup d'entre eux sont reproduits par des personnes qui citent correctement la source dans des articles, livres, sites Web, etc. Cela me convient tout-à-fait.
Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Une courte recherche m'a fait découvrir des plagiaires qui s'attribuent certains de mes textes.
Voici comment je pratique la pêche aux plagiaires : je prends pour asticot une phrase point trop banale d'un de mes textes, et pour hameçon Google. J'attrape ainsi les pages qui reprennent mot à mot tout ou partie de ce texte. Je fais sur chacune d'elle Ctrl+F+volle et d'un clic j'élimine chacune des pages où je suis cité. J'élimine aussi celles dont l'auteur est visiblement un étudiant, car il faut être patient avec les débutants même quand ils manquent de savoir-vivre.
Au fond de mon panier frétillent enfin des plagiats comme ceux-ci :
Ce que j'ai écrit sur le langage UML se retrouve dans le
plagiat numéro 1.
Mon lexique du système d'information a été recopié dans le
plagiat numéro 2.
Ce que j'ai dit sur la relation entre le système d'information et la stratégie se retrouve mot à mot dans plagiat numéro 3.
Cette liste sera enrichie si je me remets à cette pêche.
Je sais bien que le plagiat est un hommage du vice à la vertu : ces gens-là ne s'attribueraient pas un de mes textes s'ils le jugeaient mauvais. Mais ceux qui ne citent pas le véritable auteur privent leurs lecteurs du plaisir de lire d'autres de ses textes, si d'aventure son propos leur a plu...
mardi 8 mars 2016
Histoire de l'iconomie
Pour comprendre ce qu'est l'iconomie, il faut la saisir par ses racines historiques et remonter à des recherches effectuées dans les années 19801 lorsque je dirigeais la mission économique du CNET2.
La fonction de coût d'un réseau a une forme particulière : le coût marginal est nul en dessous du seuil de dimensionnement et il devient infini au delà de ce seuil. Dans les télécoms, le coût d'une communication supplémentaire est négligeable mais le trafic ne peut pas excéder un certain seuil ; dans le transport aérien, le coût d'un passager supplémentaire est négligeable tant qu'il reste des sièges vides, mais un avion plein ne peut pas transporter un passager de plus.
Cette « économie du dimensionnement » est apparue clairement lorsque Christophe Talière et moi avons calculé à Eutelis les fonctions de coût de l'Internet, du réseau des télécoms et du transport aérien.
On retrouve cette fonction de coût dans certains produits, mais avec un dimensionnement infini : programmer un logiciel a un coût, le reproduire en un nombre quelconque d'exemplaires ne coûte pratiquement rien. Il en est de même pour les circuits intégrés. Dans ces deux cas le coût marginal est pratiquement nul, quelle que soit la quantité produite. Cette forme de la fonction de coût se retrouve dans les autres produits à proportion de l'importance qu'y prend l'informatisation.
Celle-ci, s'appliquant progressivement à l'ensemble du système productif, fait émerger selon Bertrand Gille3 le « système technique contemporain » qui a succédé aux alentours de 1975 au système technique fondé sur la mécanique, la chimie et l'énergie et provoqué une « révolution industrielle ».
Lorsque le coût de la production réside dans le coût fixe initial, le travail humain est entièrement consacré à l'accumulation d'un capital fixe, ou « travail mort », tandis que le flux du « travail vivant » est négligeable. J'ai surpris un jour Michel Matheu, du commissariat général du Plan, en disant « le capital est désormais le seul facteur de production4 ».
Michèle Debonneuil et moi avons alors monté à sa demande un groupe de travail dont le rapport a été publié en 1999 sous le titre Economie des nouvelles technologies. Matheu ayant demandé d'approfondir le raisonnement sur le dimensionnement des réseaux, une deuxième édition plus complète a été publiée en 2000 sous le titre e-conomie.
La fonction de coût d'un réseau a une forme particulière : le coût marginal est nul en dessous du seuil de dimensionnement et il devient infini au delà de ce seuil. Dans les télécoms, le coût d'une communication supplémentaire est négligeable mais le trafic ne peut pas excéder un certain seuil ; dans le transport aérien, le coût d'un passager supplémentaire est négligeable tant qu'il reste des sièges vides, mais un avion plein ne peut pas transporter un passager de plus.
Cette « économie du dimensionnement » est apparue clairement lorsque Christophe Talière et moi avons calculé à Eutelis les fonctions de coût de l'Internet, du réseau des télécoms et du transport aérien.
On retrouve cette fonction de coût dans certains produits, mais avec un dimensionnement infini : programmer un logiciel a un coût, le reproduire en un nombre quelconque d'exemplaires ne coûte pratiquement rien. Il en est de même pour les circuits intégrés. Dans ces deux cas le coût marginal est pratiquement nul, quelle que soit la quantité produite. Cette forme de la fonction de coût se retrouve dans les autres produits à proportion de l'importance qu'y prend l'informatisation.
Celle-ci, s'appliquant progressivement à l'ensemble du système productif, fait émerger selon Bertrand Gille3 le « système technique contemporain » qui a succédé aux alentours de 1975 au système technique fondé sur la mécanique, la chimie et l'énergie et provoqué une « révolution industrielle ».
Lorsque le coût de la production réside dans le coût fixe initial, le travail humain est entièrement consacré à l'accumulation d'un capital fixe, ou « travail mort », tandis que le flux du « travail vivant » est négligeable. J'ai surpris un jour Michel Matheu, du commissariat général du Plan, en disant « le capital est désormais le seul facteur de production4 ».
Michèle Debonneuil et moi avons alors monté à sa demande un groupe de travail dont le rapport a été publié en 1999 sous le titre Economie des nouvelles technologies. Matheu ayant demandé d'approfondir le raisonnement sur le dimensionnement des réseaux, une deuxième édition plus complète a été publiée en 2000 sous le titre e-conomie.