mardi 26 juin 2012
Christian Araud, La décroissance ou le chaos, Le pédalo ivre, 2012
Nota Bene : les exemplaires en stock chez l'éditeur ayant été détruits par un dégât des eaux, un nouveau tirage est prévu. En raison des vacances le livre ne sera de nouveau disponible en librairie et en ligne qu'au début de septembre.
Christian Araud était élève à l'Ecole polytechnique dans la même promotion que moi - cette X60 où les contestataires étaient nombreux et qui s'est révélée par la suite une exceptionnelle pépinière d'entrepreneurs.
Parmi tous ces contestataires Araud était celui dont l'ironie était la plus mordante : il n'était assurément pas dupe du prestige des institutions ni de celui des prétentieux.
Contrairement à beaucoup d'autres, il est resté fidèle à lui-même tout au long de sa vie. Tel il était à vingt ans, tel il est aujourd'hui, avec le même sourire, le même regard étincelant et narquois qui ont irrité tant de potentats,.
Après avoir éprouvé et rejeté la grande entreprise (n'a-t-elle pas osé lui proposer de devenir un Shellman ?) il a mené la vie nomade de consultant (très) indépendant, parcourant la planète pour produire des études économiques à l'appui de projets de route, de réseau d'eau et de transports en commun dont bon nombre étaient loufoques.
Cette loufoquerie, il la relevait avec délectation devant des autorités et bailleurs de fond consternés au risque, souvent concrétisé, de compromettre le renouvellement de son contrat et de connaître une de ces longues périodes d'intercontrat qui sont le cauchemar du consultant.
Courts voyages dans le monde de la pensée
J'ai publié voici quelques années un commentaire sur le livre de Jean-François Dars, Voyage avec Stevenson dans les Cévennes. Son style simple et clair, mais très subtil, m'avait intéressé. Par la suite Dars a contribué à un livre, Les déchiffreurs, consacré à des mathématiciens : des photographies et des textes aidaient à entrevoir la vie intime de leur pensée.
Je retrouve ce style chic et sobre dans le site Histoires courtes que Dars édite avec Anne Papillault. En moins de cinq minutes des physiciens, archéologues, géochimistes, historiens, mathématiciens et autres penseurs dévoilent chacun une part de sa recherche pour nous en faire partager l'esprit.
Les écouter, c'est faire autant de plongées dans le monde de la pensée - ce monde qui semble si éloigné de la vie quotidienne et que les médias n'effleurent que très rarement, mais qui recèle les fondations secrètes sur lesquelles notre vie se bâtit.
Je retrouve ce style chic et sobre dans le site Histoires courtes que Dars édite avec Anne Papillault. En moins de cinq minutes des physiciens, archéologues, géochimistes, historiens, mathématiciens et autres penseurs dévoilent chacun une part de sa recherche pour nous en faire partager l'esprit.
Les écouter, c'est faire autant de plongées dans le monde de la pensée - ce monde qui semble si éloigné de la vie quotidienne et que les médias n'effleurent que très rarement, mais qui recèle les fondations secrètes sur lesquelles notre vie se bâtit.
lundi 25 juin 2012
Création de l'Institut Xerfi
Un groupe de travail composé d'une vingtaine d'économistes, sociologues, philosophes, experts et chefs d'entreprise (voir ci-dessous) vient de donner naissance à l'association Institut Xerfi.
Il s'agit de tirer toutes les conséquences de l'informatisation et de la mise en réseau du système productif comme de la société : l'économie tend à devenir une iconomie, avec toutes les conséquences anthropologiques que cela entraîne.
C'est un enjeu pour nos entreprises et pour notre pays : ceux qui ne sauront pas être présents dans l'iconomie perdront tout.
L'Institut Xerfi organise une conférence le 19 septembre. La vidéo de la "bande annonce" présente son orientation mieux que ne le ferait un long écrit.
Membres du groupe de travail :
Frank Benedic,
Pierre-Jean Benghozi,
Laurent Bloch,
Jean-Pierre Corniou,
Laurent Faibis,
Damien Festor,
Francis Jacq,
Frédéric Lefebvre-Naré,
Alain Marbach,
Laurent Marty,
Alexandre Mirlicourtois,
Philippe Moati,
Pierre Musso,
Olivier Passet,
Sophie Pellat,
Lionel Ploquin,
Jean-Michel Quatrepoint,
Claude Revel,
Christian Saint-Etienne,
Michel Volle.
Le site Web de l'institut Xerfi est à l'adresse institutxerfi.org.
mardi 19 juin 2012
Enjeux de l'enseignement de l'informatique
Article rédigé avec Maurice Nivat et destiné au numéro 113 de la revue Terminal.
Il y a toujours eu dans l'enseignement une « discipline reine ». Ce fut le latin jusqu'au XIXe siècle, aujourd'hui ce sont les mathématiques.
Certes, tout homme cultivé dira qu'il n'existe pas de discipline reine car il veut les avoir toutes dans sa boîte à outils intellectuels. Cependant la société attend d'une certaine discipline, plus que des autres, qu'elle procure une structure aux élèves, qu'elle les instruise. Cette discipline fournira alors, fût-ce au prix d'une dénaturation, la pierre de touche pour des classements et sélections : les mathématiques servent ainsi, en première année de médecine, de critère pour l'application d'un numerus clausus.
Platon fit graver une inscription célèbre à l'entrée des jardins d'Academos : « Ἀγεωμέτρητος μηδείς εἰσίτω μου τήν στέγνην », « que nul n'entre ici s'il n'est pas mathématicien ». Sa conception de la pensée était en effet celle que cultivent les mathématiques. Mais d'autres conceptions sont possibles : la science expérimentale soumet la pensée au joug de l'expérience, l'action la confronte à la complexité illimitée et aux phénomènes imprévisibles que présente le monde de la nature (physique, sociale et humaine).
* *
Il y a toujours eu dans l'enseignement une « discipline reine ». Ce fut le latin jusqu'au XIXe siècle, aujourd'hui ce sont les mathématiques.
Certes, tout homme cultivé dira qu'il n'existe pas de discipline reine car il veut les avoir toutes dans sa boîte à outils intellectuels. Cependant la société attend d'une certaine discipline, plus que des autres, qu'elle procure une structure aux élèves, qu'elle les instruise. Cette discipline fournira alors, fût-ce au prix d'une dénaturation, la pierre de touche pour des classements et sélections : les mathématiques servent ainsi, en première année de médecine, de critère pour l'application d'un numerus clausus.
Platon fit graver une inscription célèbre à l'entrée des jardins d'Academos : « Ἀγεωμέτρητος μηδείς εἰσίτω μου τήν στέγνην », « que nul n'entre ici s'il n'est pas mathématicien ». Sa conception de la pensée était en effet celle que cultivent les mathématiques. Mais d'autres conceptions sont possibles : la science expérimentale soumet la pensée au joug de l'expérience, l'action la confronte à la complexité illimitée et aux phénomènes imprévisibles que présente le monde de la nature (physique, sociale et humaine).
mercredi 6 juin 2012
Dévoilement de secrets d'Etat
En quelques jours deux secrets d’État ont été dévoilés. Ces révélations ne peuvent être qu'intentionnelles : quelle en est la raison ?
L'une des deux concerne le rôle des États-Unis dans la cyberguerre et notamment dans la conception du virus Stuxnet pour endommager les centrifugeuses qu'utilisent les Iraniens afin d'enrichir l'uranium et, on le suppose, préparer la construction de bombes atomiques (David E. Sanger, « Obama Order Sped Up Wave of Cyberattacks Against Iran », The New York Times, 1er juin 2012).
L'autre concerne la possession par Israël de sous-marins équipés d'armes nucléaires (Markus Becker, « Angst vor dem zufälligen Atomkrieg », Der Spiegel, 5 juin 2012 ; une traduction en anglais est disponible).
L'une des deux concerne le rôle des États-Unis dans la cyberguerre et notamment dans la conception du virus Stuxnet pour endommager les centrifugeuses qu'utilisent les Iraniens afin d'enrichir l'uranium et, on le suppose, préparer la construction de bombes atomiques (David E. Sanger, « Obama Order Sped Up Wave of Cyberattacks Against Iran », The New York Times, 1er juin 2012).
L'autre concerne la possession par Israël de sous-marins équipés d'armes nucléaires (Markus Becker, « Angst vor dem zufälligen Atomkrieg », Der Spiegel, 5 juin 2012 ; une traduction en anglais est disponible).
Une entreprise exemplaire
Xerfi Canal a reçu Joseph Puzo, Pdg d'Axon' Cable, fabricant de câbles pour l'électronique (satellites, airbags, prothèses etc.)
Son diplôme d'ingénieur (Insa Lyon) en poche, Joseph Puzo débute comme ingénieur électronicien chez IBM avant de retourner à l'Insead pour décrocher un diplôme de management. Il est alors recruté par un groupe horloger suisse où il reste quatre ans puis il revient en France comme directeur d'Habia, PMI spécialiste du câblage située à Montmirail. En 1985 Joseph Puzo convainc Volvo, alors propriétaire de l'entreprise, de la lui céder dans le cadre d'un rachat d'entreprise par les salariés (RES) récemment autorisé par la loi. Les cent cinquante salariés de l'époque participent à ce rachat grâce à la création d'un fonds commun de placement. La société est rebaptisée Axon' Câble (on trouvera plus de détails sur la saga de la société dans ce document PDF).
Axon' mérite d'être donné en exemple : cette entreprise a connu une forte croissance (de 150 à 1 600 salariés) et exporte 70 % de sa production en misant sur la montée en gamme, l'innovation et l'automatisation.