jeudi 7 mars 2013
Ecologie et iconomie
Lors de cet entretien avec Laurent Faibis j'ai omis l'argument qui me semble avoir le plus de poids : s'il est vrai que le caractère non renouvelable des énergies d'origine fossile impose une limite à la croissance telle que nous la connaissons, il est vrai aussi que l'informatique tire parti d'une ressource naturelle renouvelable et illimitée : le cerveau humain. La qualité des produits, l'intelligence de leur conception, peuvent en effet croître sans limite.
L'informatisation apporte donc une nouvelle forme de croissance, la croissance intelligente, qui implique un changement dans la façon dont nous produisons, consommons et vivons. Un consommateur sensible à la qualité, donc sobre en termes de quantité, choisira par exemple les produits qu'il consomme selon leur rapport qualité / prix et non en recherchant systématiquement le prix le plus bas.
Il suffit pour s'en convaincre de voir la différence entre une entreprise bien organisée, dotée d'un système d'information bien conçu, et une entreprise mal organisée comme il en existe tant. Il suffit aussi de voir que dans les biens les plus matériels (avions, automobiles) la part du logiciel va croissant - or l'écriture d'un logiciel, opération purement mentale, ne consomme pas de matières premières (ceux qui lui imputent un "poids en carbone" résultant d'une règle de trois commettent une erreur de raisonnement).
La traçabilité des biens peut être assurée grâce à l'Internet des objets. Ils peuvent être conçus de telle sorte que le recyclage en fin de vie des matières premières qu'ils contiennent soit facilité, en s'appuyant là encore sur l'informatique.
Je ne prétends pas que l'informatisation apportera la solution de tous les problèmes : il faut d'abord que nous voulions les résoudre. Elle apporte aussi une brassée de problèmes qui sans elle ne se poseraient pas : cybercriminalité, cyberguerre etc. Mais cela n'enlève rien à la perspective de la croissance intelligente, d'une croissance par la qualité et non plus par la quantité (cette quantité que le PIB mesure : voir A propos des indices).
La pleine émergence de l'iconomie suppose dans le comportement des consommateurs, des entreprises et de l’État un changement profond. Il n'est pas certain que ce changement se produira, il n'est donc pas certain que l'iconomie émergera pleinement, du moins en France : cela dépend de notre volonté.
Il ne s'agit donc pas d'anticiper une décroissance fatale en formant de petits groupes construisant chacun son arche de Noé écologique, mais d'affronter avec lucidité les questions d'ordre institutionnel que pose la transformation de l'économie et de la société par l'informatisation. Il faut pour cela que nous ayons présente à l'esprit la possibilité d'une croissance intelligente.
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