Communications of the ACM, revue dont la qualité est reconnue, a consacré en octobre 2022 à l’ordinateur quantique un article dont la structure paradoxale a attiré mon attention :
Advait Deshpande, « Assessing the Quantum-Computing Landscape ».
Le paradoxe est qu’alors que la tonalité de cet article est positive et optimiste, il est étrangement truffé de phrases qui nient la possibilité réelle et pratique de l’ordinateur quantique ou du moins la repousse dans un futur très lointain (decades away).
Je cite ici quelques-unes de ces phrases en mettant en italique ce qui me semble le plus significatif :
“Existing proposals for building quantum computers focus on using ion traps, nuclear magnetic resonance (NMR), optical/photonic, and solid-state techniques. These approaches all suffer from quantum noise and scaling problems to impede progress beyond tens of qubits and into the hundreds of qubits.
“Experts suggest that for quantum computers to be useful in solving real-world problems, the devices need to scale up to millions of qubits.
“As of 2021, a universal quantum computer capable of performing operations equivalent to current computers, smartphones, and other smart devices remains decades away.
“Google’s Sycamore represents an important step, since it can detect and fix computational errors. However, Sycamore’s current system generates more errors than it solves.
“Due to the hype surrounding the technology, there is a risk that quantum-computing research may suffer the same fate as AI research die in the 1980s, resulting in the quantum equivalent of the AI winter.
“Given the known limitations of the technology in terms of its need for error correction, uncertain quality of qubits, and the challenges in managing decoherence (to name a few), the first market-ready applications of real quantum computers are likely to be discrete, focused on specific uses or outcomes such as verifying random numbers.”
Ces phrases incitent pour le moins à la prudence. Mais comme on dit que l’ordinateur quantique sera un milliard de fois plus rapide qu’un supercalculateur d’aujourd’hui et qu’il ouvrira tout un continent de nouvelles possibilités, cela fait rêver et l'on est facilement séduit par des promesses que l'on est incapable d’évaluer. Dans le cas particulier de l’ordinateur quantique on ne peut en outre rien comprendre car comme le disait Feynman « si quelqu’un vous dit qu’il a compris la mécanique quantique, c’est qu’il n’y a rien compris ».