jeudi 11 novembre 2010

Numérisation ou informatisation ?

Le Syntec informatique (syndicat professionnel des industries de l'informatique) vient de changer de nom : il s'appellera désormais « Syntec numérique » (voir Syntec informatique est mort, vive Syntec numérique !). C'est que les mots « informatique » et « informatisation » souffrent de connotations étroitement techniques et sont jugés aujourd'hui ringards tandis que « numérique » et « numérisation » sont à la mode...

Il est vain de lutter contre un usage que la langue impose : il faut savoir parler la langue des indigènes ! Puisqu'ils préfèrent « numérique », va pour numérique : si lors d'un dîner en ville vous dites « je suis informaticien », les visages se détournent. Si vous dites « je travaille dans le numérique », on vous écoutera et on fera au moins semblant de comprendre ce que vous dites.

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Cela n'empêche pas d'éprouver quelque inquiétude et quelques regrets, car si l'on prend les mots par l'étymologie « numérisation » est bien plus faible qu'« informatisation ». Numériser, c'est coder un programme ou un document selon une suite de 0 et de 1, opération technique que réalise, dans les couches les moins visibles de l'ordinateur, une cascade de programmes de traduction.

Il est vrai que la numérisation, s'appliquant à tout type de document (texte, son, image), confère à l'ordinateur une sorte d'universalité : c'est peut-être la conscience de ce phénomène qui explique le succès de « numérique ».

Cependant ce mot, focalisant l'attention sur ce qui se passe au plus profond de la technique, incite à ne pas voir ce qui se passe au dessus : il masque les langages de programmation, systèmes d'exploitation, applications, relations entre l'ordinateur et l'utilisateur, systèmes d'information, ainsi que les couches anthropologiques que l'utilisation de l'ordinateur et du réseau met en mouvement : économique, sociologique, philosophique, politique, géopolitique etc.

Pour désigner tout cela, « informatique » et « informatisation » conviennent exactement (voir Restaurer le mot « informatique »). Mais voilà : ils sont ringards...

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On dira que le choix des mots est de pure convention, que seule compte la signification qu'on leur donne : c'est en même temps vrai et faux. C'est vrai si l'on considère la seule population des experts, qui savent associer mentalement une définition exacte à chaque terme du vocabulaire technique. C'est faux si l'on considère la population, bien plus large, des inexperts ou demi-experts : le sens que ceux-là donnent à un mot est entouré de connotations et imbibé par son étymologie qui, comme la sève d'un arbre, remonte irrésistiblement depuis la racine.

La qualité d'une langue dépend de sa capacité à élaguer les connotations, causes de tant de contresens, pour ne retenir que celles qui font rayonner le mot en enrichissant la compréhension de ce qu'il désigne. Se laisser guider par les connotations, c'est dégrader sa langue maternelle - et on jugera sévèrement la génération qui aura altéré le patrimoine des générations futures.

Une langue de qualité est également compréhensible par les experts et par les autres. Une langue dégradée est source de confusion et ce n'est pas de confusion que nous avons besoin si nous voulons réussir l'informatisation dans toutes ses dimensions techniques et anthropologiques.

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Foin des regrets et inquiétudes : l'usage impose sa loi, fût-elle déplorable. Va donc pour « numérique » ! Mais de grâce, sachons à travers ce mot entendre ce que cache son étymologie, traduisons le dans la langue claire et simple qui seule peut être un bon outil pour l'action : entendons donc « informatique », qui désigne exactement l'alliage entre l'automate et le cerveau humain informé, avec toute la suite de ses conséquences.

Dans quelques années, d'ailleurs, la mode aura changé - elle est tellement versatile ! - et un jour « numérique » et « numérisation » seront ringards à leur tour. Entre temps, l'informatisation ayant progressé, l'image de l'informatique et des informaticiens aura changé - peut-être alors sera-t-il cool de dire « informatique » et « informatisation »...

16 commentaires:

  1. Eh oui...Le marketing n'est pas seulement US.
    Puisque l'on dit numérique, doit-on dire "gouvernance numérique" pour "gouvernance informatique" er..."IT governance".

    J'aime bien "gouvernance numérique" (il y a 8000 entrées selon google).
    On peut y mettre la problématique de la propriété intellectuelle...

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  2. Ce changement de nom est affligeant. Heureusement, je relèverais d'une autre branche du Syntec…

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  3. Michel Volle a raison, bien sûr. Le Syntec, au lieu de prendre de la hauteur, descend "au niveau de l'octet", et c'est effectivement affligeant.
    Cependant, il aurait pu descendre encore plus "au plus profond de la technique" et parler d'électronique, (e-commerce, e-administration, de e-books...). Là, le Syntec aurait touché le fond de la technique et rebondir, après avoir pris conscience que l'enjeu n'est ni dans le numérique ni dans l'électronique, mais dans le traitement de l'information.
    Plutôt que de faire un grand pas en avant, le Syntec a donc pris l'option de faire un petit pas en arrière.

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  4. C'est tout le contraire. Le syntec prend de la hauteur grâce à son nouveau président en élargissant le syntec au delà des entreprises qui ne s'intéressent qu'aux basses couches. C'est une volonté de rapprochement du pôle de compétitivité CAP DIGITAL (qui va déposer un IRT justement appelé "Vie numérique")et de ses entreprises qui s'intéressent aux usages de l'informatique dans l'éducation, les jeux, la robotique, la e-santé, la création artistique et plus généralement tous les secteurs des services de la vie quotidienne.
    Que le même mot, "numérique" ait aujourd'hui 2 acceptions, celle à laquelle vous faites référence, les couches basses -systèmes d'exploitation,...- et celle qui fait référence au contraire aux applications de l'informatique, ne me parait pas un problème.
    Pourquoi "numérique" et pas "informatique" ? Justement parce que l'informatique est une affaire d'informaticiens alors que "numérique" fait référence à une approche globale, pluridisciplinaire, dans laquelle l'informatique est pensée dans son rapport aux autres disciplines et aux domaines de la vie quotidienne.

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  5. @Labat Jean-Marc
    "L'informatique est une affaire d'informaticiens" : c'est bien là l'opinion courante, mais est-elle judicieuse ?
    Prenons les mots par leur racine. L'information nous procure une forme intérieure, c'est-à-dire une capacité d'agir (la "théorie de l'information" de Shannon n'est qu'une (utile) théorie du codage).

    "Informatique", qui fond dans le même mot "information" et "automate", désigne exactement un alliage qui change le monde et qui doit donc être l'affaire de tout le monde.
    Dire cela, c'est s'écarter de l'usage courant, je le sais, et je passe à l'occasion un compromis avec lui - mais cela ne m'empêche pas d'aimer le sens plus profond qui se cache dans le mot "informatique"...

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  6. @Michel Volle et Jean-Marc Labat

    Le problème est justement là, dans cet "alliage" qui "fond" information et automate. Est-ce d'ailleurs l'information qui se fond dans l'automatisme ou l'inverse ? Quoi qu'il en soit, quelle que soit la perception que l'on peut avoir de cet alliage, celui-ci, dés lors qu'il prétend dépasser le simple cadre de la technique au-delà duquel l'automatisme n'a plus aucun sens, devient une alliance contre nature.

    C'est pourquoi, dans ce débat, je penche plutôt pour la position de Jean-Marc Labat. Le drame actuel des systèmes d'information tels qu'ils nous sont proposés par les informaticiens,c'est justement qu'ils ne peuvent s'élever au-dessus de la simple technique car celle-ci est inscrite dans leur nom.

    Alors, s'il faut montrer qu'il est désormais indispensable de s'élever au-dessus de la seule technique et des simples automates auxquels l'informatique est irrémédiablement attachée, pourquoi pas remonter jusqu'au numérique (le calcul)? Celui-ci ne représente pas seulement les basses couches des systèmes informatiques, mais également les fondements du fonctionnement cérébral, dont les extraordinaires développements doivent pouvoir donner au mot toute sa noblesse.

    La mise en oeuvre d'un système d'information va bien au-delà du simple outil informatique et nécessite bien d'autres compétences qui couvrent tout le spectre des sciences cognitives et probablement plus. L'informatique ne peut en aucun cas prétendre englober ce très vaste ensemble.

    FB

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  7. @Francis Beau
    Décidément, le débat est intéressant.
    L'alliage de l'automate et du cerveau n'est pas plus "contre nature" que ne le sont d'autres alliages (fer + carbone = acier, main + machine = industrie etc.) : il fait surgir dans la nature un être qui n'y existait pas auparavant, c'est tout et ce n'est pas rien.
    Oui, pour le système d'information la plate-forme informatique est une condition nécessaire mais non suffisante : l'informatisation met en mouvement toutes les couches de l'anthropologie.

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  8. C'est vrai, le débat est intéressant.
    Ce n'est pas l'alliage qui me semble contre nature, mais bien l'alliance. La nuance peut paraître minime, mais je m'en explique.
    Bien sûr, la technique permet de faire surgir dans la nature de nouveaux "matériaux" (terme qui me paraît plus adapté à la métaphore industrielle utilisée que l'être dont vous parlez). Mais peut-on aller plus loin dans la métaphore que l'alliage main + machine = industrie ? Oui, sans aucun doute avec l'informatique (qui ne fait d'ailleurs que la compléter tant la main est un prolongement du cerveau ), mais l'alliage serait ici plutôt calcul + automate = informatique.
    Dès lors que l'on souhaite dépasser le strict cadre technique en parlant de cerveau dont les formidables prouesses qui s'expriment dans l'intelligence humaine dépassent largement les capacités du seul calcul, la métaphore industrielle me semble largement dépassée.
    Si le fonctionnement du cerveau fait appel à d'innombrables automatismes, je ne pense pas en effet que ce que l'on nomme intelligence puisse se résumer à une simple somme d'automatismes. Penser à un alliage cerveau + automate comme à l'alliage main + machine conduit immanquablement à envisager que l'automate pourrait se substituer au cerveau jusqu'à faire surgir un nouvel "être", de la même manière que la machine s'avère parfaitement capable dans l'industrie de remplacer le travail de la main considérée indépendamment de l'intelligence et de la sensibilité que lui procure le cerveau.
    C'est en ce sens que je parle d'une "alliance", et non plus d'un alliage, qui me paraît contre nature.
    Pour revenir à l'origine du débat, remonter jusqu'au "numérique" (le calcul) permet ainsi à mon avis de dépasser le simple alliage calcul + automate (=informatique) pour s'élever à une véritable alliance (union qui serait raisonnée plus que "fusionnelle") de l'intelligence avec la technique, reposant sur la puissance du calcul sans pour autant s'y aliéner, qui elle pour le coup ne serait pas contre nature.
    FB

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  9. Le remplacement d'"informatique" par "numérique" est à mon avis une très mauvaise chose, pour les raisons suivantes :

    - L'informatique est la science (et la technique) du traitement de l'information. On effectue des traitements (les programmes, concrétisation des algorithmes), sur une matière première, l'information. La "numérisation" escamote largement l'aspect central, l'algorithmique. Bien sûr, les programmes sont aussi des informations, mais cette notion échappe probablement à la majorité des non spécialistes.

    - Qu'on le veuille ou non, le terme "numérique" évoque irrésistiblement le calcul (le calcul numérique, l'analyse numérique). Sans minimiser cet aspect, l'essentiel du traitement de l'information est d'une autre nature (manipulation symbolique), ce que traduit magnifiquement le mot "ordinateur" (merci, Jacques Perret).

    - Le mot "informatique (avec "ordinateur", justement, et "logiciel") est une remarquable trouvaille (merci, Philippe Dreyfus). Pour une fois que l'on fabrique des beaux mots français sans céder à la mode de l'anglais mal compris, on veut s'en priver (penser que nos amis italiens appellent un fichier un "file" et une souris un "mouse" ...).

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  10. @ Sacha K.
    Oui, vous avez raison, les mots "informatique", "ordinateur" et "logiciel" semblent parfaitement trouvés, mais je ne pense pas que le Syntec souhaite leur disparition ou leur abandon au profit de l'anglais dominant.
    Ce que j'ai cru comprendre du débat, c'est que le Syntec avait jugé bon de se repositionner et de "prendre de la hauteur" par rapport à la simple technique informatique en adoptant une approche "plus globale, pluridisciplinaire, dans laquelle l'informatique est pensée dans son rapport aux autres disciplines et aux domaines de la vie quotidienne". D'où le changement de nom du syndicat.
    On peut bien entendu discuter de l'opportunité politique, voire de la cohérence d'un tel choix de la part d'un syndicat professionnel défendant les intérêts d'une "industrie" qui ne se voudrait plus seulement informatique, mais plus globalement numérique, pour indiquer sa volonté de dépasser le strict cadre technique auquel semble pourtant renvoyer le contexte industriel, mais il ne s'agit pas pour autant d'une mutation sémantique qui viserait à remplacer dans les dictionnaires le mot "informatique" par "numérique".
    Pour ma part, même si l'histoire du mot "industrie" renvoie plutôt à la notion de savoir-faire donc de technique, je vois dans cette volonté des industriels de l'informatique de s'élever au-dessus de la seule technique pour prendre en compte sa dimension humaine et pluridisciplinaire, une excellente chose qui ne peut qu'être bénéfique pour l'avenir des systèmes d'information.
    FB

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  11. Bonjour,

    Dans couple numérique / informatique le terme numérique relève plus du matériau et informatique du matériel (pas au sens de hardware mais plus généralement celui d'outil). Le passage de l'un a l'autre est peut être le signe qu'on s'intéresse plus à ce qui est travaillé qu'à l'outil qui est l'affaire de l'informaticien. Dans ce sens il est absurde de changer la dénomination du Synthec.

    ERGOL

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  12. @Francis Beau
    Le concept d'alliage m'aide à comprendre la société actuelle : pour m'en expliquer mieux que je ne peux le faire dans un commentaire, je vous invite à lire L'émergence d'un alliage.

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  13. De l'électronique au numérique

    Il me semble que le glissement de vocabulaire de informatique à numérique est un peu semblable à celui qui a eu lieu entre électronique numérique (les processeurs) et informatique: une différence de niveau d'abstraction et de possibilités ("capabilities") associées. Des architectures de traitement du binaire au support du cognitif. J'ajouterai que le vocabulaire technique "grand public" évolue sous l'effet de l'obsolescence rapide des produits qui résultent de cette technique dans une société de sur-consommation (accélération permise par une électronique toujours plus intégrée)et du flou des concepts sous-jacents entretenu par l'approximation de l'anglais et la mode des institutions scientifiques elles-mêmes toujours en mouvement pour attirer de nouveaux crédits. Je citerai comme exemple l'évolution du concept de embedded systems (qui est si mal traduit par enfoui) vers celui de cyber physical systems. Ou encore les concepts approximatifs de web sémantique, web 2.0, 3.0, et j'en passe. Il y a du marketing là-dessous on est très loin de la science.

    Dandin

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  14. Je maintiens que le glissement d'"informatique" à "numérique" est une régression sémantique. "Numérique" fait référence à "nombre" ; "informatique" au concept beaucoup plus riche d'"information". Quant aux "embedded systems", la traduction est plutôt "systèmes embarqués". Les "cyber physical systems" s'appellent des "systèmes hybrides" ; leur étude est un point chaud de la recherche actuelle, qui donne lieu à une interaction féconde entre informatique et automatique.

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  15. @Sacha K
    Je ne dis pas le contraire mais que les concepts de ces industries, y compris ceux inventés par les chercheurs (comme Cyber Physical Systems de Edward Lee et autres) et propagés par des conférences, suivent la loi de l'obsolescence rapide. Celle-ci permise et poussée par la "loi" de Moore (plus économique que technique) entraîne peu ou prou l'électronique, l'informatique (qui a supplanté le A -automatique- de l'INRIA à tel point que le mot n'est plus employé) demain le numérique, à changer de nom à défaut de concepts de base le plus souvent. Et dans ces technologies largement dominées par les USA la langue française a du mal à suivre: système embarqué reste un concept flou à plusieurs sens par exemple et les systèmes hybrides (concept relativement ancien)ne sont pas tout à fait les "Cyber Physical Systems". La sémantique et la science cèdent le pas au marketing technologique dans ce vocabulaire grand public qui ne prétend pas à la précision, au contraire. Je le regrette comme vous. Pour être précis sans être trop technique il faudrait dire, comme Gérard Berry, que la révolution numérique a pour racine le calcul informatique, c'est à dire le calcul automatique sur des informations encodées numériquement. Cela est compatible d'une vision "en couches" de ces évolutions, pour prendre le vocabulaire des réseaux, qui me semble la seule accessible à la vulgarisation. Et dans cette vision simpliste, Numérique se situe à mon sens à un stade supérieur de l'évolution (englobant le multimédia par exemple), comme naguère informatique par rapport à électronique. C'est tout ce que je voulais indiquer.

    Dandin

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  16. @ Michel Volle,
    Notre discussion et la lecture de vos autres articles sur le sujet m'a conduit à pousser ma réflexion sur ce thème. Celle-ci fait l'objet d'un article que je viens d'achever sur mon blog (http://francis-beau.blogspot.com/).

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