lundi 26 octobre 2009
A propos du "Kindle"
Depuis longtemps, je souhaitais posséder cette liseuse dont parlaient tant de comptes rendus, le plus souvent enthousiastes, sur le New York Times. J'ai acheté une liseuse dès qu'Amazon a annoncé qu'enfin elle pouvait être livrée dans d'autres pays que les États-Unis et le Canada.
Ayant passé commande le dimanche 18 octobre, je l'ai reçue via UPS le mercredi 21 octobre : bravo pour la rapidité. Elle m'a coûté 256 € (je laisse de côté les centimes), dont 29 € pour le transport et 43 € de "Import fees deposit", autrement dit de frais de douane.
La liseuse est livrée sans housse de protection. Amazon conseille de la protéger en l'enveloppant dans une couverture de livre ; on peut aussi acheter une housse, mais je m'en passerai.
samedi 10 octobre 2009
Un groupe de travail sur l'informatisation
L’informatisation transforme en douceur l’économie, les organisations, la société. Cette transformation est aussi importante que celle qu’a entraînée la mécanisation : il est utile de les comparer pour anticiper l’ampleur des changements qui nous attendent, et pour évaluer les enjeux à leur juste portée.
Elle diffère cependant de la mécanisation, car l’automate assiste notre cerveau alors que la machine remplaçait nos muscles et nos mains. Elle touche ainsi à notre organe le plus précieux, le plus sensible…
Qu'est-ce que l'informatisation ?
L’industrialisation s’est fondée sur un alliage entre la machine et l’organisation du travail humain. Cet alliage a fait émerger l’économie de marché, il a transformé les modes de vie et les rapports entre les nations.
Le mot informatisation désigne (1) le processus selon lequel une personne, ou une institution, forment un alliage avec le réseau de la ressource informatique, (2) l'émergence des conséquences de ce processus.
L'informatisation fait en effet émerger un être nouveau, à la fois individuel et institutionnel : l’être humain informatisé qui, conjuguant l’intelligence humaine à la puissance de l’informatique en réseau, présente des possibilités jusqu’alors inconnues et aussi des risques inédits.
L’informatique est pour l’informatisation ce que la mécanique est pour la mécanisation : une condition absolument nécessaire mais non suffisante.
vendredi 9 octobre 2009
Le suicide d'une entreprise
J'aurais préféré me taire : j'ai beaucoup aimé cette entreprise où j'ai rencontré tant de personnes admirables de tous les grades et niveaux, où j'ai tant appris, où je compte encore de nombreux amis - et ce qui lui arrive me fait souffrir, tout comme cela fait souffrir ses salariés et ses dirigeants.
Mais puisque l'on a demandé des précisions, il faut répondre. J'ai donc rédigé un complément à mes chroniques anciennes. Je ne reprends pas l'historique déjà donné ailleurs, ni l'analyse des stratégies qui se sont succédées dans le désarroi, ni le portrait des DG et présidents successifs que j'ai tous connus et vu agir de près.
La catastrophe symbolique
Toute entreprise, qu'elle soit grande ou petite, constitue une petite société dont la sociologie, spécifique, est marquée par son histoire. Cette histoire a déposé dans les mémoires l'image de certains événements marquants et autour de cette image se sont formés des réflexes collectifs, se sont coagulées des valeurs.
Ainsi toute entreprise vit dans un monde de symboles qui diffère des mondes technique et économique, s'articule à eux et les influence.
Tout entrepreneur véritable, tout stratège, sait que la source de l'énergie collective se trouve dans le monde des symboles et que c'est là qu'il doit poser le levier de son action.
Ce fait, depuis toujours évident pour quiconque ne porte pas d'œillères, l'est devenu plus encore avec l'informatisation. Mais les généraux ne sont pas tous des stratèges et les dirigeants ne sont pas tous des entrepreneurs.
France Telecom et la divestiture
Il ne faut pas idéaliser le passé : comme toute institution, France Telecom avait des défauts au temps du monopole ; elle avait aussi des vertus.
Le sérieux professionnel de ses salariés m'a frappé lorsque je suis entré au CNET en 1983 : du haut en bas de la hiérarchie, tous connaissaient et même aimaient le réseau, tous étaient fiers d'être utiles à la Nation. Fidèles à la tradition saint-simonienne de l'École polytechnique (voir Pierre Musso, Télécommunications et philosophie des réseaux, la postérité paradoxale de Saint-Simon, PUF, 1997), ils veillaient à la qualité du service, à l'équipement du territoire, au perfectionnement des techniques, à la satisfaction des clients.
Ce sérieux s'accompagnait de quelque étroitesse : l'humour était une denrée rare à la direction générale. Le prestige de chacun se mesurant « objectivement » selon le montant du budget qu'il maîtrisait - ce budget fût-il consacré à creuser des tranchées - la subtilité intellectuelle n'était guère prisée en dehors du domaine technique. Les comportements admis, d'une brusquerie rustique, masquaient la ruse très fine nécessaire au pilotage de la carrière.
Les effets de la concurrence
Certains affirment que la concurrence est, pour tout secteur de l’économie, le seul régime efficace. Cette croyance étant pour eux un dogme, ils en oublient que le seul but légitime de l’économie est la satisfaction du consommateur.
Si l’efficacité de la concurrence est effectivement démontrée au début d’un cours d’économie, cette démonstration suppose des conditions que l’économie réelle ne respecte pas souvent : les développements les plus féconds de la théorie explorent les situations de concurrence imparfaite (monopole, concurrence monopoliste, régulation etc. : voir par exemple Jean Tirole, Théorie de l'organisation industrielle, Economica, 1993).
Mais sans doute beaucoup de personnes ne gardent en mémoire que le début du cours... S'appuyant en outre sur un passage d'Adam Smith qu’elles interprètent à contre sens (la fameuse main invisible), elles pensent que la recherche exclusive du profit est la condition du bien-être collectif : c’est leur deuxième dogme.
Ces deux dogmes servent d'argument à une politique qui, sous prétexte d'efficacité, s'applique à démanteler les services publics. Il s'agit aussi sans doute de liquider des institutions dont les syndicats, les corporations professionnelles avaient fait il est vrai des forteresses.
Les télécoms sont-elles un monopole naturel ?
Le réseau télécoms est un automate qui assure la communication à la demande entre les équipements terminaux - téléphone, ordinateur etc. – de ses utilisateurs, ménages ou entreprises.
La demande qui lui est adressée est une matrice de trafic probabiliste. Pour des raisons historiques elle a une forme approximativement bloc-diagonale, chaque bloc correspondant au territoire d'une nation : le trafic international est en effet moins intense que le trafic interne au pays.
La fonction de coût du réseau recouvre :
- le coût de la boucle locale qui raccorde les utilisateurs à un commutateur local et représente les trois quarts du coût du réseau ;
- le coût du coeur du réseau, qui assure la commutation et le transport.
Qu'est-ce qu'un monopole naturel ? (série)
Partons d'une définition aussi simple que possible : un secteur de l'économie est un monopole naturel lorsque la fonction de coût d'une entreprise typique de ce secteur est à rendement croissant.
Le rendement croissant peut se manifester de plusieurs façons :
- économie d'échelle : le coût moyen de production décroît lorsque le volume produit augmente ;
- économie d'envergure : le coût de la production de divers produits par une même entreprise est inférieur à la somme des coûts lorsque la production est réalisée par plusieurs entreprises.
- économie d'innovation : les résultats d’une R&D restant internes à l'entreprise, l'innovation sera d'autant plus intense (en principe) que l'entreprise est plus importante.