lundi 2 avril 2018

Droit de grève et sabotage

La grève est un recours pour les salariés lorsque la négociation ou l’arbitrage ont abouti à une impasse. La loi reconnaît le droit de grève.

Cela ne veut pas dire que toutes les grèves ni toutes les formes de grève soient légitimes. Dans le transport aérien les pilotes de ligne, qui sont les salariés les mieux payés, ont coutume de se mettre en grève pour obtenir une augmentation dès que la compagnie fait du profit : c’est une grève de privilégiés qui veulent encore plus de privilèges.

Elle peut aller jusqu’aux extrêmes de la violence, comme cela s’est passé chez Eastern Airlines : des grévistes ont mis le feu aux maisons des « jaunes » qui continuaient à piloter et le conflit a finalement provoqué la faillite de la compagnie.

Un salarié gréviste a le droit de ne pas venir travailler, mais non celui d’empêcher les « jaunes » de le faire, ni moins encore celui d’utiliser l’outil de travail pour manifester : c’est ce que font pourtant les routiers lorsqu'ils utilisent leur camion pour bloquer les routes. Les paysans et les taxis font de même avec leurs tracteurs et leurs voitures : ce ne sont pas des grévistes, mais des entrepreneurs qui désirent manifester leur mécontentement.

Ces manifestations, illégales mais généralement tolérées, cherchent à faire pression sur le « pouvoir » pour obtenir une hausse des prix ou une réglementation plus favorable. Lorsque l’on reproche à ces manifestants la gêne qu’ils occasionnent, ils répondent « c’est le seul moyen de nous faire entendre » : c’est peut-être vrai, mais ils traitent le reste de la population en ennemi.

La majorité de cette population supporte cependant avec patience les grèves bloquantes, voire même les approuve. Le gréviste attire sa sympathie malgré la gène qu’il provoque : le salarié qui tient au droit de grève le considère comme un camarade, l’entrepreneur tient au droit de manifester.

Cette complaisance n’est pas toujours justifiée. Les grèves, les manifestations, ne sont pas toutes l’expression d’une lutte pour la justice, d’une résistance des exploités contre les exploiteurs ou encore la seule issue offerte à un désespoir : certaines sont, comme les grèves des pilotes de ligne, l’expression d’un pur rapport de force.

La sympathie si répandue pour les grévistes a sans doute aussi pour ressort un individualisme qui revendique, contre tout ce qui est collectif et organisé, un droit à l’insurrection et au saccage. Certes, la loi ne reconnaît pas ce droit, mais une partie de l’opinion pare le saboteur des prestiges de la Résistance.

Encore faut-il savoir contre quoi l’on résiste. Résister à un ennemi qui occupe le territoire de la nation, c’est dangereux et héroïque. Résister aux institutions dont l’histoire a doté cette même nation, c’est se défouler sans courir un grand danger et, peut-être, prendre le risque de détruire quelque chose que l’on regrettera.

3 commentaires:

  1. Ou comment dire sans le dire que vous êtes contre la grève à la SNCF.

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    1. Je ne suis pas "contre la grève" mais je réprouve le sabotage.

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  2. L'automatisation du transport ferroviaire est d'ores et déjà possible, celle du transport routier progresse à grand pas,celle du transport aérien est en pleine recherche.
    L'automatisation permet une plus grande cadence (double sur le métro 14 de Paris), moins d'accidents, pas de suicide de pilote ni de détournement d'avion... Et pas de grève.

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