jeudi 3 février 2022

Pour que l’informatisation soit efficace en France et en Europe : l’« iconomie »

(Contribution au livre Informatisation et entreprises : les deux absents de la présidentielle, Institut de l’iconomie, janvier 2022.)

L’Institut de l’iconomie s’est donné pour mission d’éclairer les possibilités et les dangers que présente le phénomène de l’informatisation afin d’aider les responsables de l’économie et de la politique à prendre des décisions judicieuses. Il regroupe des économistes, sociologues, philosophes, historiens et informaticiens.

L’informatisation est un phénomène anthropologique complet (économique, culturel, intellectuel, sociologique, etc.). Nous en avons produit un modèle, l’iconomie, qui représente une économie et une société qui seraient par hypothèse parvenues à la maturité en regard des changements qu’apporte l’informatisation.

L’iconomie n’est donc ni une image de la situation présente, car nous sommes immatures en regard d’un phénomène dont la dynamique est encore mal comprise, ni une prévision car rien ne garantit que l’économie et la société atteindront un jour cette maturité.

Le modèle de l’iconomie est en fait un repère placé à l’horizon du futur et qui propose une orientation à l'action. Mettant en évidence les conditions nécessaires de l’efficacité, il fournit des critères qui permettent d’évaluer la société informatisée actuelle en diagnostiquant les écarts à l’efficacité qui s’y manifestent.

On peut condenser les principaux résultats de ce modèle en quelques expressions : l’iconomie est une économie de la qualité, une économie du risque maximum, une économie de la compétence.

Une économie de la qualité

L’informatisation a vocation à automatiser toutes les tâches répétitives, qu’elles soient physiques ou mentales. La production étant automatisée, robotisée, l’essentiel du coût de production réside dans le coût fixe de conception, organisation, ingénierie, programmation, etc., et le coût marginal est négligeable.

Les marchés ne peuvent plus alors obéir au régime de la concurrence parfaite : les entreprises recherchent une position de monopole en offrant à un segment de la demande la variété d’un produit dont la qualité répond à ses besoins, le mot « qualité » désignant ici des attributs qualitatifs et non la seule finition du produit.

Ce monopole est cependant temporaire car il est faux que « the winner takes all » : les concurrents réagissent en offrant des produits de qualité différente. Le smartphone d’Apple est ainsi concurrencé par Samsung, Nokia, etc., Amazon est concurrencé par Alibaba et Jumia, Tesla sera concurrencé par d’autres constructeurs. Le régime du marché est alors celui de la concurrence monopolistique.

Le consommateur est invité à choisir selon le rapport qualité/prix des produits et non selon le seul prix : la consommation devient sélective en qualité et sobre en quantité, ce qui répond aux exigences de l’écologie.

Une économie du risque maximum

L’essentiel du coût de production étant dépensé lors de la phase d’investissement initiale, le risque de l’entreprise est porté au maximum. La concurrence monopolistique est donc plus violente que n’a pu l’être la concurrence parfaite, car pour conforter et prolonger son monopole une entreprise sera tentée de recourir aux tactiques de la prédation.

Pour partager le risque, une ingénierie d’affaires organisera un réseau de partenaires qui concourent à l’élaboration du produit : le partenariat se substitue à la sous-traitance.

La mission du régulateur n’est plus alors d’empêcher la formation de monopoles, mais de régler leur durée de telle sorte que l’investissement initial soit raisonnablement rentabilisé, et que l’entreprise soit incitée à innover pour le renouveler autour d’une variété du produit qui réponde mieux aux besoins des clients : ainsi est tendu le ressort d’une innovation qui propulse l’économie vers un accroissement de la qualité.

Une économie de la compétence

Quand les tâches répétitives sont automatisées l’emploi se concentre sur ce qui n’est pas répétitif : la conception, l’ingénierie, l’organisation et aussi la relation de service avec les clients.

L’efficacité repose sur la coopération du cerveau humain, capable d’initiative et d’intuition, et de la rapidité de l’exécution des programmes par l’ordinateur : nous avons nommé « cerveau d’œuvre » la forme de l’emploi qui résulte de cette symbiose.

Les compétences nécessaires sont d’une part techniques, pour l’ingénierie du processus de production et la programmation des automates, et d’autre part relationnelles qu’il s’agisse de la relation entre spécialités de l’entreprise, avec les partenaires et avec les clients.

Il est faux que l’emploi dans les services soit constitué de « petits boulots » ne nécessitant aucune compétence et faiblement rémunérés : la qualité relationnelle est l’un des attributs qualitatifs auxquels le client est le plus sensible.

Le mot « produit » désigne en effet non seulement le bien qui sort de l’usine, mais son assemblage avec les services qui l’accompagneront entre les mains du client (information, entretien, réparations, enfin remplacement et recyclage en fin de vie conformément aux exigences de l’économie circulaire).

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