Appels au meurtre

On se rappelle ce que Maurras disait de Léon Blum : "c'est un homme à fusiller, mais dans le dos". Cet appel au meurtre n'a pas été suivi d'effet en ce qui concerne Blum mais il n'est peut-être pas pour rien dans l'assassinat de Georges Mandel, entre autres.

Si en France de tels excès appartiennent au passé, aux Etats-Unis et en Israël des extrémistes appellent aujourd'hui au meurtre de Barack Obama.

Ainsi en Israël des affiches le montrent coiffé du keffieh que portait naguère Yasser Arafat et accompagné d'une légende en anglais et en hébreu : "Barack Hussein Obama, Antisemitic Jew Hater" [1].

Jamais à ma connaissance Obama n'a manifesté d'antisémitisme ni exprimé de la haine envers les juifs, mais pour les extrémistes la réalité ne compte pas : ce sont des négationnistes [2].

Une remarque en passant : l'antisémitisme étant une abomination, on ne doit qualifier d'antisémite que ceux qui, comme Dieudonné et ses amis, manifestent explicitement leur haine envers le judaïsme. En criant au loup à tout propos, en traitant à la façon de Jean-Claude Milner [3] n'importe qui d'antisémite - par exemple ceux (y compris parmi les juifs) qui n'approuvent pas la politique de l'Etat d'Israël - on fait de l'antisémitisme une banale tarte à la crême.

Ceux de mes amis qui connaissent bien Israël disent : "Ce n'est pas grave ! En Israël, la violence verbale est coutumière mais sans lendemain. On crie, on s'insulte, puis la vie reprend comme avant". Peut-être bien. Mais on se rappelle la haine envers Yitzhak Rabin, les affiches qui le représentaient en uniforme d'officier SS : et cette agitation a abouti au meurtre.

La violence verbale n'est pas innocente. Elle se déchaîne, aux Etats-Unis, chez les extrémistes du parti républicain [4].

"Il ne faut plus qualifier Obama de socialiste, déclare Saul Anuzi, parce que ce mot n'a plus les connotations négatives qui l'entouraient voici dix ans ; il faut dire qu'il est un fasciste parce que tout le monde pense que c'est mal".

Frank Gafney dit qu'Obama (chrétien depuis sa naissance) "est un musulman, lié aux Frères Musulmans". Jon Voight déclare qu'il faut "en finir avec ce faux prophète d'Obama".

Cette dernière phrase, qui évoque les Ecritures, est particulièrement venimeuse. L'article du New York Times se termine par un avertissement qui fait froid dans le dos : "personne, même parmi les gens qui regardent Fox News, ne pourra dire qu'on ne l'avait pas prévenu".
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[1] "Benyamin Nétanyahou prêt à tenir tête à Barack Obama", Le Monde, 14 juin 2009.
[2] Voir Histoire du négationnisme en France.
[3] Voir Les penchants criminels de l'Europe démocratique.
[3] Frank Rich, "The Obama Haters' Silent Enablers", The New York Times, 13 juin 2009.