Ce rapport de l'institut Montaigne prend un recul utile par rapport au débat actuel sur l'âge de la retraite : le situant dans un contexte plus large, il nous permet de mieux l'interpréter.
Le système français de formation, d'emploi et de retraite s'appuie sur des décisions prises en 1945 pour fonder la retraite par répartition. La vie de l'individu est découpée en trois périodes successives : formation, travail, repos. Ce système pouvait fonctionner lorsque les jeunes, pour une large part, commençaient à travailler à 14 ans et que la durée de la retraite était en moyenne de trois ans.
Il n'en est plus de même aujourd'hui : les études sont plus longues, la durée moyenne de la retraite est de 19 ans, le travail productif est réalisé par la classe d'âge de 25 à 54 ans qui comprend 41 % seulement de la population et les projections démographiques sont inquiétantes.
Mais le modèle qui sépare la vie de l'individu en trois phases séparées perdure avec ses corollaires : cloison étanche entre les études et le monde du travail et donc difficulté de la première insertion pour les jeunes, hausse du salaire à l'ancienneté (qui contribue à rendre les seniors "non rentables"), statuts rigides qui protègent ceux qui en bénéficient mais excluent les autres (cadres, CDI etc.).
L'institut Montaigne propose de revoir tout cela de fond en comble en partant d'une idée simple : au lieu de faire se succéder dans le temps les trois phases formation - travail - repos, il faut les considérer comme trois cartes dont l'individu dispose tout au long de sa vie.
Ainsi l'enseignement secondaire et universitaire comporterait des phases d'apprentissage ou d'alternance qui prépareraient les jeunes au monde du travail ; la formation serait continue durant la carrière professionnelle, qu'il serait possible d'interrompre ; l'âge de la retraite serait non pas déterminé par la loi mais choisi.
L'institut Montaigne formule quinze propositions à méditer par les politiques, les chefs d'entreprise, les syndicats et les salariés. Elles ont le mérite de concrétiser une approche historique et démographique qui place les enjeux à leur véritable niveau.
Une de ces propositions va peut-être monopoliser l'attention : supprimer le CDD et assouplir le CDI. Tout ce qui est relatif au contrat de travail suscite de fortes émotions, on a vu cela avec le CPE. Il serait dommage que de telles émotions inhibent la réflexion à laquelle ce rapport invite.
J'avoue que même en étant pas sous le coup de l'émotion, je ne trouve pas que ce rapport ouvre le débat.
RépondreSupprimerEt franchement, quelques soient les objectifs de l’Institut Montaigne, il ferait bien de revoir sa copie.
Je ne connais pas Monsieur Bébéar et encore moins les raisons qui l'ont poussé à créer son "think tank".
Mais, la lecture de ce rapport fait naître en moi la plus grande incompréhension sur l'activité de cet institut.
Voici les points qui me perturbent:
-l'image de l'Allemagne est prise en référence.
l'Allemagne et son "made in germany" symbolisent l'industrie.
l'industrie est importante, je le conçois, mais comme en France plus de 70% de l'economie est assurée par le tertiaire, est-il bon de continuer à chercher les exemples dans l'industrie?
et opposer, confronter systématiquement dans les rapports les différents pays de L'Europe, je pense que c'est contre productif pour la cohésion européenne.
-L’exemple d’AXA.
AXA est une société de service ce qui en fait un cas particulier.
Si on reprend l'histoire des sociétés d'assurance, elles ont au 20 siècle une évolution distincte des autres entreprises dont elles ne sont pas forcement conscientes ou en tous cas dont elles ne font pas état.
-les salariés doivent travailler de manière beaucoup plus collaborative et transversale..
Quid des autres acteurs de l'entreprise?
-Proposition n° 10 : Rendre le statut d’auto-entrepreneur plus évolutif...
c'est fort de café de faire cette proposition sans parler des syndicats patronaux qui sont eux aussi hérités de la période d'après guerre.
parce que là, on a aussi une chouette spécificité française: on ne peux pas participer à un syndicat de patron avant d'en être un.
le cloisonnement est bien là!
cela ne favorise pas à la mobilité revendiquée dans le rapport.
je crois que en cela, les syndicats de patron aussi bien que ceux des ouvriers sont restés à l'époque de la guerre froide.
-L’entreprise et l’économie restent bien souvent des notions théoriques,
difficiles à appréhender pour les étudiants. La déconnexion entre
les études et le marché du travail d’une part, les craintes largement
répandues sur les menaces que représente la mondialisation d’autre
part, conduisent certains étudiants à entretenir une image négative
ou imprécise des possibilités que peut leur offrir l’entreprise
c'est bizard bien que l'on en parle avant dans le rapport, on ne reparle plus de la possibilité de perdre son emploie après cinquante ans et de la démotivation qu'elle occasionne.
Donc parler de déconnexion entre les études, même si cela est vrai (pas forcement pour les raisons invoqués), est ici extrêmement fallacieux.
-les indicateurs sur les thèmes de la pénibilité physique...
le propre du travail c'est d'être pénible, sinon on ne chercherait pas au moins de temps en temps à y échapper.
les discours autour de la pénibilité du travail entretiennent la plus grande confusion.
Le terme "pénibilité" à tous des charmes de la novlangue de George Orwell .
-Proposition n° 13 : Instaurer un système
de parrainage/tutorat entre générations et développer
le mécénat de compétences
Il permet tout à la fois
de valoriser le savoir et l’expérience des seniors et d’aider les jeunes
à s’insérer dans le monde professionnel.
J'ai déjà entendu ce genre de proposition au medef.
Dans le cas du medef, l'échange devait être réciproque:
les vieux donnent l'expérience, les jeunes apportent la nouveauté.
ici dans le rapport, on ne retient que l'apport lié à l'expérience.
L’Institut Montaigne douterait de la capacité des jeunes à appréhender la nouveauté? :-)
(suite)
RépondreSupprimer-ACTEURS DU CHANGEMENT: MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DE L’INDUSTRIE ET DE L’EMPLOI , MINISTÈRE DE L’EDUCATION NATIONALE
acteurs bureaucratiques peu souples aux changements
une petite structure est plus prompte aux changements.
-ACTEURS DU CHANGEMENT: SYNDICATS ET ORGANISMES PARITAIRES.
voir ci-dessus.
-ACTEURS DU CHANGEMENT:ENTREPRISES ET BRANCHES PROFESSIONNELLES
l'extériorisation des tâches amènent beaucoup d'entreprises à se conduir comme des Rois fainéants.
il est difficile de les prendre pour des acteurs du changement.
-L’IMPORTANCE D’UN DIALOGUE CONCERTÉ
L’expérience des pays nordiques témoigne de
l’importance du dialogue social et de la nécessité de créer des équipes
impliquant conjointement plusieurs de ces acteurs du changement
pour mener à bien des chantiers d’une telle envergure
fréquentez des suédois, des norvégiens, des danois.
ce sont des pays qui sont historiquement satellites de L'Europe.
ils n'ont donc pas de mal à être des satellites des États-unis ou de la Chine,leurs conversion ou reconversion est facile.
la France a une culture et une histoire différentes
elle serait amnésique à son passé en faignant de croire qu'elle a une culture de satellite.
elle serait stupide, même si cela semble plus facile.
À bon lobbyiste, salut.
usbek.
Je vais lire le rapport, mais l'aperçu que tu en donnes, Michel, me laisse penser que la retraite est ici forcément du repos, pas de l'activité non marchande éventuellement plus contributive à la société que beaucoup de travail marchand.
RépondreSupprimer-----
Patrick