À l'école Polytechnique des camarades avaient créé un club d'électronique mais je sentais que pour y adhérer il fallait déjà « s'y connaître », car un débutant maladroit ne pouvait qu'agacer les autres et s'attirer des rebuffades.
Je suis donc resté loin de l'électronique et cela m'a toujours contrarié : nous vivons entourés de machines électroniques (postes de radio, téléviseurs, ordinateurs etc.) et il me semble barbare de vivre parmi des choses que je ne sais pas manipuler.
Comme j'ai envié les chercheurs qui, au CNET, concevaient des circuits capables de réaliser des prouesses, et pour qui les phénomènes qui se produisent dans les composants étaient familiers !
Grâce à Charles Platt, je peux enfin mettre la main sur ces composants (résistances, potentiomètres, condensateurs, transistors, diodes, relais électromagnétiques, puces et microcontrôleurs), manipuler le fer à souder, le multimètre et l'oscilloscope, construire enfin et peut-être finalement concevoir des circuits qui fassent automatiquement des choses étonnantes. Je me régale à l'idée de former à l'électronique ceux de mes petits-enfants que cela intéressera, de leur ouvrir cette porte qui m'est restée si longtemps fermée.
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Passer de la théorie à la pratique est une expérience des plus intéressantes. La théorie se condense en quelques notations, conventions et équations qu'il est facile de comprendre et de conserver en mémoire si l'on sait lire les mathématiques. La pratique suppose d'acquérir des tours de main et cela passe par un processus d'essais et d'erreurs quelque peu humiliant.
C'est comme l'apprentissage d'un instrument de musique : les erreurs du débutant froissent l'oreille et irritent ceux qui n'y connaissent rien, mais que ceux-ci mettent leurs mains sur un piano, qu'ils s'emparent d'un violon ou d'une clarinette, et ils verront qu'il n'est pas facile d'acquérir les mille réflexes nécessaires à la souplesse et à la coordination - sans même parler du long délai nécessaire à la maturation du sens musical lui-même.
Je connais les lois et les équations qui rendent compte du fonctionnement d'un circuit mais je n'ai pas l'intuition qui permet au praticien de voir, sans aucun calcul, comment placer et dimensionner les résistances, condensateurs et relais afin d'obtenir le résultat voulu.
Platt prend généreusement le bizut par la main, le forme progressivement en montrant les erreurs à ne pas commettre et les trucs pratiques utiles (comment réussir une soudure, comment éviter l'électrocution etc.), ce qui raccourcit d'autant l'acquisition des tours de main. Il propose une série d'expériences qui, toutes, consistent en la construction d'un circuit électronique – et à chaque fois il indique obligeamment la liste des composants et équipements à se procurer, les adresses des sites sur lesquels on peut les commander. Il dit aussi comment éviter de les payer trop cher.
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Je m'étonne toujours de voir combien le savoir pratique, la maîtrise du geste habituel qui permet de passer (presque) directement de l'intention à l'action, sont peu valorisés socialement.
J'observais l'autre jour deux ouvriers qui faisaient du terrassement. J'ai admiré l'élégance et l'efficacité de leur coup de pelle, l'intelligence des gestes avec lesquels ils réglaient dans la foulée les mille problèmes d'équilibre et d'esthétique que posait leur travail. Ce savoir-là, me semble-t-il, vaut au moins autant que celui qui s'acquiert en apprenant à parler, écrire et raisonner et qui était jusqu'à ces derniers temps le privilège des notables.
Lorsque toute la population française sera passée par les abstractions de l'enseignement secondaire et supérieur il faudra bien revaloriser le savoir pratique, l'intelligence qui se condense dans les tours de main du boulanger, du maçon, du couturier, de l'électricien, de l'électronicien, du programmeur informatique etc. : si nous ne le faisons pas, il ne nous restera plus qu'à mourir de faim et de froid.
"La théorie se condense en quelques notations, (...), lire les mathématiques.". C'est là où le problème se pose : comment lire les mathématiques? Par exemple, en économie, on observe au niveau de notre enseignement l'usage d'outils mathématiques dont on ne sait pas pourquoi ils ont spécifiquement été choisi (pour modéliser...). Dans ce cadre, difficile de savoir qui manie bien ou qui ne le fait pas. Encore merci pour votre excellent blog. J'ai de la peine quand vous faites une semaine sans publier (bien cela est bien rare je l'avoue...).
RépondreSupprimerCher Michel,
RépondreSupprimerA noter (si vous ne connaissez pas déjà) une plateforme "libre" qui permet de développer des applications à micro-controlleurs : l'Arduino
http://www.arduino.cc/
Un port USB, du C-like, des spécifications ouvertes, et des communautés immenses !