samedi 23 juillet 2016

Il faut défendre les institutions

Plus on crie à l'horreur après les attentats, plus on se livre à des « hommages aux victimes », plus on suscite le terrorisme auquel on prétend faire la guerre.

Il ne manquera jamais en effet d'esprits faibles pour qui l'apothéose meurtrière et suicidaire peut apparaître comme le moyen d'exister enfin, d'avoir son nom imprimé dans les journaux, sa personne analysée dans les médias.

Celui qui se « radicalise » fait peur comme le faisait naguère un SS. Il se sent important aux yeux des autres et, surtout, à ses propres yeux. La religion n'est alors qu'un prétexte : le dernier de ces crétins, celui de Nice, n'avait paraît-il jamais mis les pieds dans une mosquée.

La cible des terroristes, ce ne sont pas les victimes qu'ils font au hasard, c'est le patrimoine des institutions dont l'histoire a doté notre pays.

La police et les services de renseignements vont bloquer certaines tentatives mais ils ne pourront pas les bloquer toutes. Il se produira donc d'autres attentats – il s'en produira d'autant plus que nous aurons, par notre comportement, suscité davantage de vocations parmi les imbéciles.

La meilleure réponse à un attentat, la plus digne et la plus efficace, serait l'indifférence, le silence des médias et la discrétion des personnes, chacun vaquant à ses affaires comme si de rien n'était.

Il faudrait aussi parler davantage de la centaine de morts hebdomadaires que cause l'automobile, des milliers de morts que causent chaque semaine l'alcool et le tabac : cela ridiculiserait les piqûres d'épingles que le terrorisme inflige à notre démographie.

Si nous nous laissons aller chaque attentat sera un nouveau coup de boutoir contre notre démocratie. Laisserons-nous des détraqués avoir raison de notre Etat, de nos institutions ? Les laisserons-nous nous ramener à l'époque des guerres de religion ?

C'est ce que semblent souhaiter ceux qui crient après chaque attentat à l'« échec de l'Etat », à l'« inefficacité des services de police », à l'« incapacité des politiques » et qui réclament « des mesures plus énergiques ». Je me demande si l'horreur que provoque le terrorisme ne servirait pas d'alibi à ceux qui depuis toujours, en France, détestent la République et la démocratie.

On peut apprécier ou non M. Valls, mais il est stupide de siffler notre premier ministre.

6 commentaires:

  1. "Il faudrait aussi parler davantage de la centaine de morts hebdomadaires que cause l'automobile, des milliers de morts que causent chaque semaine l'alcool et le tabac : cela ridiculiserait les piqûres d'épingles que le terrorisme inflige à notre démographie."

    Non, si les gens accordent de l'importance à ces faits c'est parce qu'ils matérialisent l'hostilité entre groupes humains, et qu'historiquement (et logiquement) cette information est importante pour la survie.

    Il est important de savoir que toute une partie des habitants de la France déteste la France. Le terrorisme étant la pointe émergée de l'iceberg : soutien à des équipes sportives étrangères, chansons insultantes, racisme anti-blanc (dont la trace se voit dans l'enquête TEO de l'INSEE/INED), voitures brûlées, émeutes (celles de 2005 par exemple), agressions envers les policiers, agressions envers les pompiers, sur-délinquance, et à présent attentats contre des symboles des institutions.

    Il est tout à fait impossible de fermer les yeux là-dessus. D'autant que cette population est originaire de pays voisins, au Sud de la Méditerranée, dont nous ne savons pas quelles seront leurs rapports futurs avec nous.

    "Je me demande si l'horreur que provoque le terrorisme ne servirait pas d'alibi à ceux qui depuis toujours, en France, détestent la République et la démocratie."

    Depuis toujours ? La France était une monarchie jusqu'en 1789, et elle a ensuite connu une histoire mouvementée. L'alibi de ceux qui ont commis l'erreur de couper la tête du roi, seulement restituée en 1958 puis 1962 par de Gaulle, c'est que leurs adversaires seraient peu recommandables. Pourtant, une comparaison du sang versé (et de la dilapidation des institutions) n'est pas nécessairement à l'avantage des premiers...

    "On peut apprécier ou non M. Valls, mais il est stupide de siffler notre premier ministre."

    Je n'aurais pas sifflé, mais je comprends qu'on siffle. Par exemple, le type de ce matin aurait du être en prison, si l'idéologie socialiste (qui se réclame aussi de la démocratie et de la République) n'empêchait pas qu'on construise un nombre suffisant de places de prison, au lieu de garder des aspirants terroristes avec des bracelets électroniques. On peut en dire autant, de manière peut-être plus longue à justifier, sur l'attentat de Nice. N'est-il pas souhaitable de faire connaître aux responsables que leur mauvaise gestion est connue du peuple ?

    Mais personnellement je pense que les polémiques lancées par la mairie de Nice sont plus dangereuses pour les institutions. Je les pense et les espère infondées.

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    1. Je réprouve autant que vous "le soutien à des équipes sportives étrangères, les chansons insultantes, le racisme anti-blanc", etc. Face à la tentation d'"hostilité entre des groupes humains", qui conduirait à la guerre civile ou à la guerre de religion, il faut maintenir et affirmer les valeurs de notre République (cf. http://michelvolle.blogspot.fr/2009/07/notre-republique.html).

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    2. Dans le Figaro de ce jour, l'archevêque de Paris (interrogé suite à l'assassinat d'hier) et François-Xavier Bellamy font remarquer que le discours sur les valeurs républicaines doit être mieux précisé (pour le premier) et a parfois été détourné de son sens (pour le second).

      On peut peut-être comprendre par là, par exemple, la critique du fait qu'on essaie de nous vendre sous ce terme des choses qui, historiquement, n'y figuraient pas.

      Pour prendre un exemple, serait par exemple non républicain, pour certains politiciens de gauche, le fait de se demander si le regroupement familial (qui n'existait pas avant la brillante décision du tandem VGE Chirac) ne devrait pas être amendé.

      Or, cela me semble tout à fait contestable. Et le Tunisien du 14 juillet est bien venu sur notre sol par ce biais, en pleine période de chômage. Quel besoin avions-nous de le faire venir, et en quoi serait-il non républicain de ne pas le faire ?

      Donc il me semble que certes, les institutions sont importantes et doivent être protégées contre la contestation excessive, mais il me semble aussi que les deux interviewés du Figaro ont raison, et qu'il faudrait préciser quelque peu ce discours sur la République et la démocratie.

      Voici en tout cas une interview de Jean-Yves Camus, homme de gauche spécialiste de l'extrême-droite, qui remet les choses en perspectives :

      http://www.causeur.fr/saint-etienne-rouvray-camus-islamisme-ultradroite-chretiens-orient-39404.html

      Pourquoi se focaliser sur l'extrême droite, et tout passer à des gens qui devraient nous remercier de les avoir laissé venir, et qui manifestement (pour la fraction concernée) nous haïssent ?

      Nous ne sommes pas tenus de continuer à faire venir des gens qui ne s'intègrent pas et ne veulent pas s'intégrer.

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    3. Notre République est un fait historique, donc complexe et dont la méditation peut tirer des leçons diverses. Celle que je retiens ne me semble manquer ni de profondeur, ni de pertinence en regard de la situation présente.
      Ryad Boulanouar, excellent ingénieur français, est excédé par les contrôles répétés que lui attire son visage. Pour lui comme pour moi l'esprit de notre République, c'est l'élitisme pour tous et cela ne doit rien être d'autre.

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  2. @Anonyme Je ne publie pas votre dernier message car il me semble que notre échange est arrivé à son point final.

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    1. Il me semble que non, et que vous le savez bien.

      Mais je me conforme à votre décision.

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