samedi 13 juin 2009

Projet de loi

L’heure est au changement, à la réforme, à la rupture ! Alors j'y vais moi aussi de mon petit projet de loi, le voici. Il tient en un seul article (son passage au conseil d’État et sa discussion en commission feront ajouter d’autres articles plus techniques, ainsi ce sera un vrai projet de loi vraiment sérieux) :

Article unique

Le contrôle anti-dopage s’applique à tout candidat à une fonction élective, ainsi qu’à tout élu à une date aléatoire sous une périodicité au moins annuelle, selon les mêmes conditions et procédures que celles ayant cours dans le sport de haut niveau.

Je ne vois pas en effet pourquoi on interdirait à Richard Gasquet de participer aux compétitions de tennis, sous le prétexte que l’on a trouvé un peu de cocaïne dans son urine, alors que nos élus pourraient se bourrer le pif sans mesure.

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J'ai été alerté par l’entretien avec William Lowenstein intitulé « Le champion est un ‘bon client’ pour la cocaïne » (Le Monde, 11 mai 2009) où celui-ci évoque « les milieux urbains nourris de pouvoir, d'argent et de cocaïne ».

Diable, me suis-je dit, si Lowenstein, qui s'y connaît, évoque une corrélation entre le pouvoir, l’argent et la drogue, ne fait-il pas allusion à nos chers dirigeants ? Il est visible qu’ils aiment le pouvoir, certains d’entre eux disent aimer l’argent. Alors pourquoi pas aussi la cocaïne ?

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On fait des contrôles anti-dopage chez les sportifs (1) pour préserver l’honnêteté de la compétition ; (2) pour sauvegarder la santé des sportifs eux-mêmes.

Mais en politique aussi, il faut préserver l’honnêteté de la compétition. La cocaïne éveille l’agressivité, donne un sentiment de toute-puissance, dénoue la langue et facilite la repartie. Le politique drogué dispose ainsi, dans le débat public, d’un avantage tactique qui altère l’égalité des chances.

Mais à long terme la cocaïne aura des effets destructeurs. L’excitation momentanée se paie alors au prix fort : son cerveau transformé en éponge, le pauvre élu devenu gâteux ne sait plus ce qu’il dit ni ce qu'il fait.

Les deux raisons qui militent pour un contrôle anti-dopage dans le sport s’imposent donc aussi en politique.

J’en ajoute une troisième qui me semble encore plus importante : c’est que si l’excitation cérébrale, l’agressivité etc. que suscite la cocaïne donnent une apparence de brillant, elles ne favorisent ni le bon sens ni la pondération. Les décisions que prend un homme politique ainsi excité seront erratiques et c’est nous, les citoyens, qui en pâtirons.

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Le simple citoyen que je suis peut formuler un projet de loi mais non le présenter au parlement : ce n’est pas son rôle. Mais je suis sûr qu'il se trouve parmi les lecteurs de volle.com une foule de premiers ministres, ministres, sénateurs, députés, conseillers techniques, membres du conseil d’État et hauts fonctionnaires.

Je supplie donc bien humblement ces puissances de prendre ce modeste projet en considération, puis de le propulser dans les hautes sphères afin que l’honnêteté de la compétition soit garantie, la santé des hommes politiques préservée – et, surtout, afin que nous autres, citoyens de base, soyons épargnés par les errements que ne peuvent manquer de provoquer des gens « nourris de pouvoir, d’argent et de cocaïne ».

Je ne doute pas en effet que le projet ne soit adopté, s'il est présenté aux élus : ceux d'entre eux qui ne se droguent pas, et qui sont certainement en majorité, seront trop heureux de faire un croc-en-jambe à leurs collègues !

9 commentaires:

  1. C'est en effet une mesure pleine de bon sens. Le président de la république a-t-il d'ailleurs publié son bulletin de santé comme il s'y était engagé dans la campagne électorale.

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  2. Est-ce que les amphétamines, la créatine... sont considérées comme des produits dopants ? Car si tel était le cas, je pense que l'hémicycle serait bien vide. En tout état de cause, je ne pense pas que si les politiques étaient tous 'propres', la compétititon pour arriver aux plus hautes fonctions de l'Etat serait honnête et loyale. Le parachutage n'est malheureusement pas une conséquence du dopage !!! Mais qu'importe !!! Cette loi constituerait tout de même un bon début !!!

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  3. Bonne idée!
    quand procéder aux contrôles ? avant les débats télévisés par exemple, certains écarts de langage pourrait être évités...
    Quelles sanctions ? inéligibilité temporaire

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  4. @Anonyme : il faut que les contrôles soient aléatoires, comme dans le sport, sinon il serait trop facile de s'y préparer. Quant à la sanction, elle va de soi : inéligibilité, doublée d'une perte d'image dévastatrice...

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  5. Bonjour,

    ça fait plus de 20 ans que je fais observer que les papes ont le droit de se doper, que les présidents ont le droit de se doper, que les étudiants en médecine ont le droit de se doper, que les poètes ont le droit de se doper, que les musiciens ont le droit de se doper, que les présentateurs de télévision ont le droit de se doper, que les peintres ont le droit de se doper, que les écrivains ont le droit de se doper, que les mathématiciens même ont le droit de se doper (un théorème établi sous amphétamines est-il valable ?), tous ces braves gens diminuant d'autant leur espérance de vie, et on interdit formellement aux sportifs de la faire !

    PS notons en outre que la justification par la santé du sportif est évidemment une farce grossière : faire 12 reprises de championnat du monde de boxe poids lourd par exemple est très mauvais pour la santé.

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  6. @Sam : le sport, c'est mauvais pour la santé (titre de l'étude épidémiologique faite par un mien parent, spécialiste de la médecine du sport ; il n'a jamais pu la publier). Mais se doper, ce n'est assurément pas bon non plus...

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  7. @MV : bonjour,
    sans vouloir rentrer dans un dialogue, j'avais bien compris que le dopage n'est pas recommandé pour la santé. Je voulais simplement faire observer, en laissant de côté le cas de ceux qui le pratiquent sinon pour lui-même du moins pour ses effets propres (haschisch, héroïne, éthanol, etc.), qu'il était implicitement admis pour aider les papes en bout de course à faire le pape (JP2), pour aider les présidents à faire le président (Mitterrand), mais curieusement pas pour aider les sportifs à en faire davantage dans leur domaine.

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  8. Olivier, en passant4 juillet 2009 à 09:41

    C'est pas une si bonne idée que ça :
    les élus seront ceux qui passeront le mieux les contrôles anti-dopage. C'est le meilleur moyen pour se retrouver avec Lance Armstrong comme président.

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  9. @Olivier:
    Il faut des contrôles aléatoires, de sorte que les élus ne puissent pas être tout juste "propres au moment de la photo". Et pourquoi passeraient-ils mieux les contrôles que ne le font les sportifs, qui eux aussi sont des stars médiatiques ?

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