Le pétrole a d'abord servi à l'éclairage : les lampes à pétrole éclairaient beaucoup mieux que les lampes à huile que l'on utilisait auparavant. Pour les alimenter une industrie s'est créée : extraction, raffinage, pipe-line. Des tankers transportaient vers l'Europe le pétrole américain...
La lampe électrique inventée par Edison en 1879 a failli porter un coup mortel à l'industrie du pétrole, qui a été sauvée par l'arrivée du moteur à essence et de l'automobile : la demande d'essence a pris le relais de celle du pétrole lampant.
Pour les bateaux à vapeur, le pétrole est un combustible plus commode que le charbon : Winston Churchill le fera adopter par la marine britannique en 1911 - alors même que la Grande-Bretagne disposait d'importantes réserves de charbon et qu'il lui fallait importer le pétrole depuis l'Iran.
Le XXe siècle n'aurait pas été le même sans la motorisation que le pétrole a permise : aurait-on pu faire voler des avions si l'on n'avait disposé que du charbon ? Dès la guerre de 14-18, le moteur se substitue au cheval et le pétrole devient un facteur essentiel de la puissance militaire des nations.
Elles ont vu dans la maîtrise de l'approvisionnement en pétrole un enjeu stratégique. Les Japonais ont attaqué Pearl Harbor le 7 décembre 1941 parce que le blocus imposé par les Américains risquait d'anéantir leur économie et leur puissance militaire, et qu'ils voulaient s'emparer des ressources de l'Indonésie. Les champs pétrolifères de Bakou étaient la principale des proies que visait Hitler quand il a attaqué l'Union soviétique - et la pénurie de carburant a été l'une des causes de la défaite allemande. Le pétrole a été l'enjeu principal de la crise de Suez en 1956.
Les fluctuations de son prix dans les années 70, puis les années 2000, ont entraîné une redistribution de la richesse à l'échelle mondiale et introduit, dans l'économie industrialisée et mécanisée, un facteur d'incertitude qui a poussé les entreprises à se tourner vers l'informatique à partir de 1975.
Yergin décrit en détail les stratégies des entrepreneurs et des chefs d'état ainsi que la personnalité des principaux acteurs : John D. Rockefeller (1839-1937), Henri Deterding (1866-1939), William Mellon (1868-1949), Calouste Gulbenkian (1869-1955), Mohammed Mossadegh (1882-1967), Armand Hammer (1898-1990), Enrico Mattei (1906-1962) etc.
* *
Je sors admiratif de cette lecture. Si, comme je le crois, l'informatisation est devenue aujourd'hui un enjeu géopolitique, si sa maîtrise va déterminer la puissance relative des nations comme le fit naguère celle du pétrole, n'avons nous pas aujourd'hui besoin dans ce domaine d'une analyse aussi approfondie que celle que Yergin a consacrée au pétrole ?
Bonjour
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu le livre et je suppose que je le devrai pour comprendre la relation entre la crise du pétrole et le fait que les entreprises se tournent vers l'informatique dans les années 1975.
je cite : "Les fluctuations de son prix dans les années 70, puis les années 2000, ont entraîné une redistribution de la richesse à l'échelle mondiale et introduit, dans l'économie industrialisée et mécanisée, un facteur d'incertitude qui a poussé les entreprises à se tourner vers l'informatique à partir de 1975."
Mais, crise du pétrole ou pas, si l'informatisation est intéressante ou économiquement ou pour un processus vital de l'entreprise, n'est-ce pas abusif d'en faire un facteur explicatif exclusif ?
Bien cordialement et merci pour vos analyses qui essayent de faire bouger la (non) pensée ambiante à propos de l'informatique.
La réalité ne répond bien sûr jamais à un "facteur explicatif exclusif". La tâche de l'économiste est cependant de fournir un schéma qui fasse clairement apparaître les ressources les plus efficaces pour l'action. Aujourd'hui, c'est l'informatisation qui les fournit.
SupprimerCf. http://www.volle.com/travaux/ecoiconomie.pdf.