Définitions
La situation actuelle est celle d'une crise de transition provoquée par l'inadéquation du comportement des agents (consommateurs, entreprises, Etat) en regard des possibilités et des risques qu'apporte l'informatisation.
L'iconomie est le modèle d'une économie et d'une société informatisées qui seraient parvenues, par hypothèse, à la maturité - donc au moins à l'efficacité économique, qui concerne le bien-être matériel de la population.
L'iconomie n'est pas une prévision mais un repère posé à l'horizon du futur pour orienter le comportement et les décisions des agents.
Possibilités et risques
L'informatisation transforme la nature à laquelle sont confrontées les intentions des personnes et des institutions.
Cette transformation a des effets dans tous les domaines de l'anthropologie : technique, économie, psychologie, sociologie, méthodes de la pensée, culture, valeurs.
La ressource informatique offre des moyens puissants aux producteurs mais aussi à des prédateurs. Ces derniers, rivalisant avec les Etats, ambitionnent de conquérir le pouvoir souverain en vendant à la découpe des patrimoines mal protégés, captant des flux de richesse, blanchissant les profits du crime organisé, pratiquant la fraude fiscale, etc.
L'informatisation ouvre ainsi deux voies entre lesquelles il faut choisir : soit l'iconomie maîtrisée et régulée au service du bien commun, soit une forme ultra-moderne et violente de féodalité qui débouche sur Big Brother et sur la société totalitaire décrite hier par Georges Orwell.
Avant de pouvoir élucider les valeurs il faut toutefois avoir recherché l'efficacité : quelles que soient les valeurs qu'une société entend promouvoir, être inefficace serait en effet stupide.
Structure de l'iconomie
Le système productif
Les tâches répétitives physiques et mentales que demande l'action productive sont automatisées. Le coût marginal est donc négligeable, le rendement d'échelle est croissant.
Chaque produit est un assemblage de biens et de services, élaboré par un réseau de partenaires.
Le coût de production se réduit au coût fixe (sunk cost) de l'investissement initial : l'iconomie est l'économie du risque maximum.
Le marché
Le marché des produits obéit au régime de la concurrence monopolistique : les produits sont diversifiés en variétés adaptées chacune à un segment des besoins. La connaissance des besoins s'appuie sur la démarche scientifique du marketing statistique.
Chaque entreprise ambitionne un monopole temporaire sur un segment des besoins du marché mondial. Le régulateur règle la durée du monopole de sorte que le moteur de l'innovation tourne à haut régime.
Les consommateurs choisissent les produits qu'ils utilisent selon le rapport qualité subjective/prix : l'iconomie est l'économie de la qualité.
L'emploi
Les tâches répétitives étant automatisées, la main d'oeuvre est remplacée dans les entreprises par le cerveau d'oeuvre.
Le secret de l'efficacité réside dans la qualité du couple que forment le cerveau d'oeuvre et la ressource informatique : l'iconomie tire pleinement parti de la ressource naturelle qu'est le cerveau humain. Contrairement à l'énergie d'origine fossile, cette ressource est inépuisable car elle est renouvelée à chaque génération.
L'emploi se concentre dans les tâches non répétitives :
- La conception des nouveaux produits et l'ingénierie de leur production ;
- Les services qui contribuent à la qualité et à la compétitivité des produits.
L'emploi dans les services est un emploi qualifié qui exige l'esprit de finesse (discernement, réponse à des imprévus).
Les relations entre personnes, spécialités, niveaux de responsabilité, ainsi qu'entre l'entreprise, ses clients, ses partenaires et ses fournisseurs, obéissent au commerce de la considération : l'iconomie est l'économie de la compétence.
La politique
L'iconomie s'appuie, en France, sur l'idéal de l'élitisme pour tous que porte notre République.
La société de l'iconomie est une société de classe moyenne.
La qualité de l'informatisation des institutions et des entreprises est pour l'Etat une priorité.
Le système législatif et le système judiciaire savent contenir la prédation.
La compétitivité de l'économie et l'équilibre des échanges commerciaux s'appuient sur la qualité des produits, qui répond à une segmentation pertinente des besoins mondiaux.
Le système éducatif forme les compétences dont la société et l'économie ont besoin.
La situation actuelle
Le repère ainsi fourni permet d'évaluer la distance entre la situation actuelle et l'iconomie, de voir comment rendre plus efficace le comportement des consommateurs, des entreprises et de l'Etat.
Comme cela se passe toujours après une révolution industrielle, celle qu'apporte l'informatisation est détournée par une oligarchie : la classe moyenne est comprimée, le développement d'une classe mondialisée d'hyper-riches contrastant avec celui d'une masse vouée à des emplois bas de gamme qui lui assurent juste de quoi survivre.
Cette évolution s'inscrit dans le cadre géopolitique d'un affrontement entre des empires où les multinationales (par exemple les GAFA américaines) jouent le rôle de navire amiral.
Dans l'opinion la technophobie, le mépris envers les institutions, le discrédit des dirigeants, la nostalgie d'un passé idéalisé sont autant de manifestations d'une démission devant les possibilités et les risques qu'apporte l'informatisation.
La crise de transition déboussole la population et offre des opportunités aux prédateurs, plus vifs que les institutions. Il en résulte un chômage de masse, l'enrichissement démesuré d'une minorité, une rupture du tissu social, des comportements désespérés et violents.
Les emplois consacrés à la production des services sont qualifiés de « bas de gamme » et rémunérés en conséquence alors que la qualité des services exige un niveau de compétence élevé.
Les consommateurs sont encouragés par la distribution à rechercher le prix le plus bas et non le meilleur rapport qualité subjective/prix.
On voit apparaître les germes de l'iconomie dans quelques entreprises françaises (iconomie, p. 124-132). Cependant dans leur ensemble les dirigeants des entreprises et des institutions n'ont pas encore pris pleinement conscience de ce qu'apporte l'informatisation, ni des conditions de son efficacité. Il ne convient pas d'exiger qu'ils soient des experts de ses techniques, mais il faut qu'ils acquièrent l'intuition exacte qui seule permet la décision judicieuse.
Les institutions économiques (Bercy, Bruxelles, etc.) continuent à croire à l'efficacité de la concurrence parfaite et de la tarification au coût marginal alors que le régime de l'iconomie est celui de la concurrence monopolistique. La pensée néo-classique sert d'alibi aux prédateurs.
L'informatisation ne figure pas parmi les priorités des politiques : la compression du budget de l'Etat y occupe une place excessive ; le « numérique », focalisé sur les usages, ne considère que la surface du phénomène ; la transition énergétique répond à une contrainte, celle du réchauffement climatique, alors que l'informatisation est la véritable « troisième révolution industrielle ».
La statistique, la comptabilité nationale et les modèles macro-économiques sur lesquels s'appuient les « mesures » fiscales et sociales sont aveugles devant l'informatisation : ils ne tiennent pas compte de la diversité du degré de maturité des institutions et du niveau de qualité de leur système d'information.
Merci pour ce pense bête, fort utile.
RépondreSupprimerSi ce commerce de la considération est un vœu (souvent pieux), la réalité c'est le commerce de la réputation, notamment grâce à "l'iconomie"; les deux ne se superposent pas toujours. Actuellement, la réputation implique la considération, alors qu'elle ne devrait qu'en être un des facteurs
Bonjour,
RépondreSupprimerJe peux m'abonner à votre site ?
Je cherche la réponse à la question suivante:
Sai on enlève la croissance démographique, a combien tombe la croissance économique d'un pays ? Je cherche aussi à savoir si quelqu'un a fait un modèle informatique des flux monétaires. Je vais prendre un peu de temps, les réponses sont sans doute sur votre très intéressantes pages.
laurent.iss@solti.fr