vendredi 26 juillet 2019

Ce qu'est l'iconomie

Voici le texte de la vidéo diffusée aujourd'hui sur ma chaîne YouTube :

L’iconomie est la représentation, ou « modèle », d’une société et d’une économie informatisées et par hypothèse efficaces. Il ne s’agit pas d’une prévision mais d’un repère posé à l’horizon du futur pour se proposer comme orientation aux décisions et aux stratégies.

Ce modèle s’appuie sur une analyse du phénomène de l’informatisation ou, comme on dit, du numérique. Celui-ci n’a pas supprimé la mécanique, la chimie et la production d’énergie sur lesquels s’appuyait le système technique antérieur, il les a informatisées – tout comme la mécanique n’a pas supprimé l’agriculture au XIXe siècle : elle l’a mécanisée.

Les techniques les plus fondamentales du système productif sont désormais la microélectronique, le logiciel et l’internet. Cela a des conséquences dans toutes les dimensions de l’anthropologie : mission des institutions, sociologie des organisations, psychologie des personnes, techniques de la pensée et jusqu’aux valeurs enfin qui confèrent un sens aux intentions et aux actions humaines.

Ces conséquences tombent sur des entreprises et des institutions dont la plupart se sont adaptées au système technique antérieur (mécanique, chimie, énergie). Il en résulte par exemple que la plupart des systèmes d’information, dont chacun concrétise l’informatisation d’une entreprise ou d’une institution, présentent des défauts qui sautent à l’œil de l’expert : données de mauvaise qualité, processus désordonnés, supervision déficiente, articulation défectueuse avec la stratégie.

Si l’informatisation offre de nouvelles possibilités elle présente aussi de nouveaux dangers : l’internet a supprimé nombre des effets de la distance géographique et cela a encouragé la mondialisation, la puissance de calcul et l’ésotérisme de l’informatique ont favorisé les abus de la financiarisation, etc.

Le phénomène économique le plus riche en conséquences est la tendance à l’automatisation des tâches répétitives, qui entraîne une redéfinition de l’emploi et des compétences. La main-d’œuvre de naguère tend à être remplacée par un cerveau-d’œuvre, alliage du cerveau humain et de l’ordinateur à qui l’entreprise demande de faire ce que l’informatique ne peut pas faire seule : comprendre ce qu’a voulu dire une personne, réagir devant un incident imprévisible, imaginer des produits et procédés nouveaux, etc.

Quand les tâches répétitives sont automatisées l’essentiel du coût d’un produit est dépensé lors de la phase initiale d’investissement (ingénierie, programmation, organisation, etc.). Le coût marginal est alors nul ou négligeable : c’est évident pour les logiciels et la microélectronique, c’est le cas des autres produits dans la mesure où ils sont informatisés.

Le rendement d’échelle étant croissant les marchés ne peuvent plus s’équilibrer selon le régime de la concurrence parfaite. L’expérience montre que la plupart d’entre eux obéissent à celui de la concurrence monopolistique, sous lequel les produits se différencient en variétés qualitativement différentes afin de répondre finement à la diversité des besoins : il en résulte que la part des services est prépondérante dans la définition des produits comme dans l’emploi.

Le modèle de l’iconomie met en évidence les conditions nécessaires de l’efficacité dans une économie informatisée : cela fournit une pierre de touche pour évaluer l’efficacité de l’économie actuelle. Sont notamment contraires à cette efficacité la négligence des entreprises envers la qualité de leur système d’information, et aussi le fait que les administrations économiques persistent à promouvoir dans tous les marchés le régime de la concurrence parfaite.

1 commentaire:

  1. Merci Michel pour ce rappel de ce qu'est l'iconomie ! en espérant que cela influence ou sensibilise plus de personnes à cette transformation de l'informatisation de la société.

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