Le téléspectateur, vautré sur son canapé, avale les images comme une boisson sucrée. Mais ce qui s'infiltre ainsi en lui est insidieux. Le commentaire, répété, finit par se classer parmi les évidences.
Secouons-nous pour écouter : nous voyons alors clairement les valeurs que les médias s'efforcent d'injecter dans nos cervelles.
L'effondrement d'un immeuble à Liège (9 morts) est ainsi un "accident spectaculaire". Guy Debord avait raison de dire que nous formions la "société du spectacle" : la télévision offre la mort d'autrui en spectacle au spectateur vautré.
Mais il y a mieux, ou plutôt pire. France 24, sous la rubrique environnement, montre un bébé qui vient de naître à l'Hôtel Dieu de Paris. "Il n'a que six heures, dit le commentateur que je cite et résume de mémoire, et il est le plus grand danger pour la planète : nous serons 9 milliards en 2050 et la planète ne pourra pas nourrir tout le monde". La même émission décrit, quelques instants après, les efforts des Chinois pour préserver les cigognes noires et les tigres, deux espèces en voie de disparition.
La leçon est claire : il faut réduire le nombre des êtres humains pour préserver celui des animaux. Je suis d'accord pour préserver les tigres, les cigognes et les autres espèces menacées, mais comment réduira-t-on le nombre des êtres humains : en les stérilisant ? en les massacrant ? en déclenchant des épidémies ?
L'american way of life n'est certes pas extensible à 9 milliards de personnes, mais on peut vivre autrement que les Américains et la surface cultivable est loin d'être entièrement utilisée : la survie de notre espèce dépend non pas du nombre des êtres humains mais de la façon dont ils partageront les ressources qu'offre la nature (cf. les travaux et publications de l'INED).
Que l'on m'excuse, mais voici l'image qui s'affiche dans mon esprit : quand quelqu'un préfère les animaux aux bébés, je vois Hitler en train de caresser affectueusement son chien.
Enfin ce matin à la radio ce fut Brice Hortefeux. Deux septuagénaires ont été assassinés brutalement (notez l'adverbe : comme si un assassinat pouvait être "gentil"...) et l'émotion est grande : alors Hortefeux annonce "un plan pour protéger les personnes âgées".
Une émotion et hop ! Un ministre annonce un plan, un règlement, une loi - toutes "mesures" improvisées, irréfléchies, qui s'annuleront d'ailleurs sous le poids de leur entassement (cf. "Petite leçon de droit à destination du ministre de l'intérieur" sur le site de Maître Eolas).
À la passivité du spectateur répondent ainsi une politique populiste et (plus sournoisement) la dissémination de valeurs hostiles à notre humanité.
Entièrement d'accord avec cet avis et notamment son début tant le matraquage des idées allié au niveau sans cesse plus bas et plus fainéant des cibles ont remplacé les images subliminales !
RépondreSupprimerConcernant le mode de "réduction" des êtres humains, la nature s'en charge elle-même, ne fût-ce que par les cancers, l'alimentation de plus en plus empestée (la toxic food), voire des épidémies créées de toutes pièces par l'homme...
Phil@philw.fr
Bonjour, très bon article, comme d'habitude ;-)
RépondreSupprimerJe réagis à la dernière phrase "À la passivité du spectateur répondent ...etc."
Je ne crois pas vraiment à la passivité de mes contemporains, (trop optimiste peut-être).
Je consulte la presse écrite toute la journée et les journaux télévisés tous les soirs ou presque. Accroc quoi !
Et à la "La dissémination des valeurs", j'ajouterais la "disparition des informations".
La principale source d'information, la télévision, qui est LA source, quasiment unique, de 75% des français (je ne retrouve pas la source, Télérama je crois) traite d'un nombre de sujets différents de moins en moins important. Et pire, parmi les sujets traités la part des faits divers augmente, la part des sujets ayant une implication sur nos vies ou nos opinions diminue.
Au final la comparaison télévision / le reste des moyens d'informations dresse un portrait futile et très superficiel de l'ensemble informatif "offert" au plus grand nombre.
La démocratie c'est le vote ? Oui, mais pas seulement. Et comment voter les yeux clos ?
Ajoutons que la télévision s'étend (TNT, nos téléphones …) et que la presse écrite est en déséquilibres ; financier et flottement du lectorat.
"… répondent ainsi une politique populiste et (plus sournoisement) la dissémination de valeurs hostiles à notre humanité" et la disparition progressive des sujets qui font sens, la disparition des informations qui permettent de comprendre notre monde.
Cordialement.
Bah, vous n'êtes pas un bon téléspectateur moyen. Ce que dit le journaliste est vrai mais ce n'est pas pour vous. Par contre quand vous faite l'analogie avec Hitler, vous restez modestement à sa hauteur.
RépondreSupprimerPour réduire les humains: mais la famine devrait suffire , ce qui engendrera guerre et extermination.
La nature dans tous les cas à toujours le dernier mot, maux souvent très violents.
Nous pouvons aussi se demander de l'intérêt -non-économique- d'être 1,10 ou 20 milliards d'humain sur terre, de ne plus avoir d'animaux etc...
Bref la question que posait indirectement le journaliste était de la prise de consciences, justement des équilibres naturels, en forçant la caricature pour activer les esprits.
Quant à mélanger cela avec des prises de position de politicien, celà relève d'une réflexion pour le moins desuète.
Chacun a sa perception et son point de vue. Mais la vision objecive ne coincide pas avec votre analyse.
@Anonyme
RépondreSupprimer"Vision objective" est un bel oxymore : je l'ajouterai à ma collection, merci.
Lorsque je vois un nouveau-né je trouve cela très beau : chaque naissance est un commencement et la prochaine génération saura peut-être corriger les erreurs de la nôtre.
Mais nous n'adhérons visiblement pas aux mêmes valeurs...