Je reproduis ici le message daté du 17 mars 2014 que je viens de recevoir d'un ami russe, habitant de Moscou :
Merci pour les références que tu m'envoies à des publications dans les médias français, merci de m'avoir signalé l'excellent article de Svetlana Alexievitch, "Poutine et les bas instincts".
Je commence à concrétiser mes idées sur cette situation de crise. Mais les nouvelles, les changements interviennent chaque jour, voire chaque heure.
Le plus désespérant, c'est l'efficacité évidente de la propagande massive à la télévision d'Etat (il n'y en a pas d'autre chez nous). C'est une propagande à la Goebbels. Je ne me souviens pas d'une hystérie pareille : elle dépasse de loin celle qui régnait dans le médias en 1979 (Afghanistan) ou en 1968 (Tchécoslovaquie). Elle gagne les masses, même la jeunesse.
Svetlana Alexievitch a très bien décrit cette atmosphère étouffante. Son article date du 14 mars. Deux marches ont eu lieu à Moscou le samedi 15 mars - l'une pour, l'autre contre la ligne de Poutine. Peut-être en as-tu vu les échos dans les médias français. La seule chose encourageante de ces derniers mois est que la "marche pour la paix" a rassemblé quelques 50 000 personnes à Moscou - chiffre inouï. Parmi les gens honnêtes, personne n'y croyait plus.
Donc primo la propagande super-mensongère ne gagne pas tout le monde, et secundo Poutine ne peut pas ignorer ce fait avant d'ordonner d'attaquer l'Ukraine orientale, ce qui signifierait le déclenchement de la guerre civile en Ukraine et le risque d'un conflit mondial.
Votre ami est lucide sur la propagande en Russie, mais je constate qu'en Occident et en France en particulier, personne n'ose critiquer la propagande flagrante de nos médias qui n'appartiennent certes pas à l'Etat, mais à des groupes de pressions et des vendeurs d'armes, c'est pire que ce qui se passe en Russie ! Nos médias sont friands de printemps et de révolutions ... chez les autres. Nos journalistes applaudissent le renversement en Ukraine d’un régime légal par une émeute largement inspirée par des groupes antisémites et ultra-nationalistes. Cette appétence pour les révolutions dissimule mal notre incapacité à en faire une. Nous nous gargarisons d'élections libres, mais qu'est-ce que nous élisons ? Flanby ? Le plus mou des capitaines de pédalos ? En réalité en France, tout n'est que façade. Mais pour mépriser et critiquer les autres, nous sommes imbattables !
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