Les grands coupables des exactions commises à Paris ne sont pas les gilets jaunes : ce sont ceux qui, disant les avoir « compris », ont attisé leur mouvement.
Les gilets jaunes, soudés par le copinage des ronds-points puis par l'excitation de la bagarre, forment une foule. Ce n'est pas insulter l'intelligence des individus que de dire avec Gabriel Tarde que la foule est un être instinctif et dangereux, un troupeau dans lequel des personnes normalement raisonnables perdent tout leur bon sens.
Les gilets jaunes ne sont d'ailleurs pas des manifestants, mais des émeutiers. Bloquer les routes est illégal, les comportements ont été dès le début violents et les slogans absurdes. On a vu par la suite que ce mouvement est incapable de formuler des revendications cohérentes comme de se donner des représentants capables de négocier.
L'émeute et comme un incendie : si on ne l'éteint pas vite elle devient dévastatrice. Lorsqu'un troupeau s'affole le berger et ses chiens doivent le maîtriser puis le calmer, mais l'exécutif a manqué de savoir-faire : il fallait répondre à la force de l'émeute par une force supérieure, intimidante et dissuasive. Mais on a voulu croire que les émeutiers étaient « le peuple », on a voulu les « comprendre » et pour cela les « écouter ».
Leur violence a séduit ces « intellectuels » dont l'activité consiste à parler et à écrire plus qu'à réfléchir : Finkielkraut, Onfray et Michéa, entre autres, « portent le gilet jaune ». Ils ne sont pas les seuls car la France est peuplée de bourgeois honteux de l'être et qui veulent gagner sur les deux tableaux, celui de la noblesse morale « de gauche » et de la compassion pour les « petits », celui plus secret du bien-être douillet « de droite » et de l'ambition.
Je connais plusieurs de ces fidèles de Marx et de Lacan qui habitent un bel appart' dans un bon quartier parisien et mettent leurs enfants à « H4 » afin qu'ils puissent s'y préparer à « faire » Polytechnique ou Normale Sup'. Assurément ces êtres d'élite ne supporteraient pas un quart d'heure de conversation avec un de ces gilets jaunes qu'ils « comprennent », et qui répondrait sans doute par un coup de poing à leur sympathie compatissante et condescendante.
Il y aurait beaucoup à dire sur l'esthétique de la violence « révolutionnaire », sur la philosophie à la fois individualiste et masochiste qui pousse beaucoup de Français à détester les institutions, à nier leur utilité, à se réjouir quand elles sont attaquées, quitte à se lamenter si elles cessent de fonctionner.
L'insurrection qui vient, petit livre malfaisant dont la langue pastiche le classicisme, a connu un succès d'édition révélateur et fourni par avance une « théorie » aux émeutiers : élégance suprême, ses auteurs anonymes conseillent de détruire les institutions tout en en tirant astucieusement parti.
Les crocodiles de la politique salivent devant la perspective de rejouer les élections mais le désordre, s'il n'est pas maîtrisé, aboutira naturellement à un régime autoritaire. On peut ne pas adhérer entièrement à la démarche d'Emmanuel Macron, on peut ne pas être ébloui par le savoir-faire politique des inspecteurs des finances, cela n'empêche pas de voir le danger et de soutenir en conséquence le président et le parlement que nous avons élus, ainsi que le gouvernement qu'ils se sont donnés.
Il ne faudrait pas que ce président, ce parlement et ce gouvernement finissent, honte suprême, par avoir été vaincus sans avoir combattu.
Merci pour cet article
RépondreSupprimerEn cette ère de "relativisme" où toutes les opinions "se valent", il est désolant de devoir rappeler que les valeurs qui ont fondé notre république, la démocratie, nos institutions, devraient passer avant nos égoïsmes.
Les difficultés de nombre de nos concitoyens sont réelles et la possibilité de débattre des orientations de nos gouvernants doit être respectée.
Cependant, sauf à changer de régime politique, c’est l’alternance, au travers des élections, qui doit rythmer nos sociétés et faire respirer nos démocraties ; et non la terreur urbaine inspirée par des groupes ultra violents qui n'ont d'autre projet que le chaos.
Espérons que les historiens des siècles prochains n’auront pas à s’interroger sur les raisons pour lesquelles une vieille démocratie comme la France aura sombré sous les coups d’une minorité.
Espérons aujourd'hui que ceux qui pensent être nos élites (politiques, syndicales, culturelles...) sauront retrouver la foi dans nos valeurs démocratiques et le courage de les porter...
"Espérons aujourd'hui que ceux qui pensent être nos élites (politiques, syndicales, culturelles...) sauront retrouver la foi dans nos valeurs démocratiques et le courage de les porter..."
RépondreSupprimerJ'aimerais bien... mais je n'y croit plus guère :-(
Lamentable. Tu es tombé bien bas.
RépondreSupprimerTu insultes alors qu'il faudrait argumenter.
SupprimerTu m'étonnes Claude, tu ne peux pas te contenter de cette réponse ! Je ne peux pas croire que tu sois à court d'arguments, surtout sur ce sujet sociétal.
SupprimerPour élever le débat ... sans cogner le plafond !
RépondreSupprimerLettre ouverte aux étudiants en sciences politiques :
http://nouvelleslettresouvertes.blogspot.com/2018/08/lettre-ouverte-aux-etudiants-en.html
Pour sortir d'une vaine (?) querelle, une lettre ouverte aux étudiants en sciences politiques n'a pas suffi. Prenons un angle différent : à quoi bon chercher "les plus grands coupables" ?
RépondreSupprimerPrenons simplement le temps d'analyser, pas à pas, sereinement, de façon constructive ... ce qui s'est passé lors des émeutes. Des voyous ont profité de l'aubaine pour terroriser en s'appuyant sur des relais médiatiques qui sélectionnent des faits mais qui ne rendent pas compte d'un ensemble beaucoup plus vaste.
A Paris, le 2 décembre puis le 9 décembre, à quelques rues des lieux d'exaction, tout se déroulait comme d'habitude et, sans la projection d'images violentes, toute personne loin de la furie en marche n'avait aucune idée de l'ampleur des dégâts.
Ce qui précède n'est pas une invitation à se voiler la face mais à simplement considérer les faits selon une proportion moins alarmante : d'un côté des personnes qui cherchent à se faire entendre de manière maladroite et mal encadrée ; de l'autre des casseurs qui essaient d'effrayer et même de terroriser.
Ce cocktail finalement explosif ne reflète, au bout du compte, qu'une petite partie de la réalité sociale en France : beaucoup de personnes en difficultés, pourtant quotidiennes, ne prendront jamais part à ce genre de furie, soit passivement comme les gilets jaunes, soit activement comme les casseurs.
Cette majorité silencieuse a pourtant bien des choses à dire et il serait grand temps que ceux qui ont le pouvoir politique d'agir prennent le temps de bien comprendre ce qui cloche en France, en Europe et dans le monde.
Travail d'approfondissement et d'élucidation que le projet France2022 poursuit depuis 2010 en vue des prochaines élections présidentielles en 2022.
Cette situation ressemble au "boulangisme". https://fr.wikipedia.org/wiki/Boulangisme Lui aussi avait des soutiens hétéroclites. Chaque parti rêvait d'en tirer avantage. La différence est qu'alors il y avait de réels enjeux sur la table (monarchie, républicains, socialisme, gvt autoritaire ...) aujourd'hui c'est très difficile à dire, la liste des revendications qu'on a vu passer ne sont pas de niveau politique, et on ne peut considérer le referendum populaire comme un enjeu réel qui va magiquement tout régler.
RépondreSupprimerLà on vise quoi exactement ? C'est très difficile à dire.
Comme Hollande, Macron se fait insulter par principe, c'est la facilité. La fonction présidentielle "au dessus des parti", faite pour De Gaulle, ne convient plus en France.
Au fait, à propos de désordre, Boulanger a refusé de faire un coup d'Etat comme certains le lui conseillaient.
Bonjour monsieur
RépondreSupprimerJ'aime votre réflection sur ce mouvement, les gilets jaunes ont peur instinctivement de leur futur (voir votre intervention sur Xerfi canal industrie 4.0 en 3 épisodes 2012)
Ils ont perdu l'espoir, comment arriver à leur rendre?
Michel, je comprends ton énervement concernant ces figures dites intellectuelles et qui semblent tirer parti de la situation pour faire parler d'eux. Mais finalement c'est leur donner de l'importance de penser qu'ils sont des influenceurs. Le mouvement s'essouffle et eux aussi. Ils sont partis sur d'autres "buzz". Ce qui démontre l'exactitude de ton analyse. Bien vu encore une fois !
RépondreSupprimerCes "figures dites intellectuelles" ont plus d'influence que tu le le crois car comme elles ont le monopole de la parole dans les médias leur style et leurs idées s'imposent à l'attention des gens honnêtes mais naïfs. Je crois donc utile de les dénoncer.
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