jeudi 8 juillet 2010

Les méthodes

Ce texte appartient à la série L'ingénierie du système d'information.

Les méthodes[22] nécessaires au SI ont fait l'objet d'un travail de formalisation et normalisation auquel de nombreux experts ont contribué.

Leurs auteurs mettent tous en garde : elles ne sont qu'indicatives, il ne convient pas de les suivre à la lettre. Cependant des chefs de projet, des DSI, des entreprises souhaitent acquérir des « certifications » qui, pensent-elles, garantiront leur efficacité, les favoriseront dans la compétition et, éventuellement, leur procureront un alibi en cas d'échec. L'usage défensif des méthodes incite à un formalisme stérile : des contrats se substituent à la coopération et à l'animation, des documents inutiles s'accumulent, les procédures dévorent un temps précieux.

Pour accomplir l'une des tâches que réclame le SI (urbanisation, modélisation, conduite de projet etc.) le bon usage requiert de chercher d'abord une solution de bon sens et de définir en conséquence une première version de la démarche. Une fois ce travail effectué, il faut se tourner vers les méthodes pour s'assurer que l'on n'a rien négligé d'important, corriger la solution et modifier la démarche : les méthodes joueront alors le rôle utile d'un garde-fou.

Voici quelques-unes des méthodes les plus connues :
- PMBOK[23] est une méthode de conduite de projet ;
- CMMI [24] est une méthode pour qualifier l'entreprise en conduite de projet ;
- COBIT [25] traite de la « gouvernance » du SI, c'est-à-dire des formes d'organisation et des procédés qui permettent à l'entreprise d'assurer la pertinence du SI et son efficacité ;
- ITIL[26] considère la mise en œuvre du SI et la qualité du service rendu à l'utilisateur.

Les méthodes énumèrent les choses à faire mais n'indiquent pas comment les faire. Elles proposent par exemple une liste de documents à établir : mais il ne suffit pas qu'un document existe, il faut encore que ceux qui le consultent puissent l'interpréter sans un trop gros effort de déchiffrement. On voit trop souvent des documentations formellement conformes à la méthode mais pratiquement illisibles et dont la seule utilité est de pouvoir prétendre que l'on a « suivi la méthode ».

À suivre :

Le SI et le système informatique



[22] Le vocabulaire de la profession est emphatique et impropre : elle dit volontiers « méthodologie » pour méthode, « problématique » pour problème, « technologie » pour technique etc.

[23] Project Management Institute, Project Management Body of Knowledge Guide, 2008.

[24] Software Engineering Institute, Capability Maturity Model Integration, 2007, www.sei.cmu.edu.

[25] Information System Audit and Control Association (ISACA), Control Objects for Information and related Technology, 2007, www.itgi.org.

[26] United Kingdom4s Office of Government Commerce, Information Technology Infrastructure Library, http://www.itil.co.uk.

2 commentaires:

  1. Mon expérience de DSI (http://www.laurentbloch.org/MySpip3/spip.php?article299) et l'annonce d'un accord IBM-Apple pour le développement d'applications de gestion sur iPhone m'ont donné à réfléchir. Le SI est complexe parce que les entreprises sont complexes. Simplifier une organisation complexe est un projet surhumain. Les ERP (SAP, Oracle) n'ont pas simplifié grand-chose, quand ils n'ont pas plutôt compliqué. Mais je crois en l'apparition de nouvelles entreprises, qui se construiront de façon plus simple en tirant parti de l'informatique contemporaine, en nuage et mobile. Ne serait-ce que la vente en ligne : une entreprise du siècle dernier acceptait les paiements en liquide et les chèques, ce qui imposait toute une organisation que la vente exclusivement par des canaux informatisés rend inutile. Il me semble possible que des exemples de ce genre se multiplient. Les usines à gaz que j'ai connues à l'Inserm et à Dauphine me semblent dépourvues d'avenir.

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  2. Au passage merci Michel pour la petite note 22, utile au bon dimensionnement du "melon" des architectes de SI ;-)

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