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Quand, dans une société civilisée, une mission nécessaire ou opportune dépasse les capacités d'un individu, une entreprise [1] est créée pour organiser le travail de plusieurs personnes. Toute entreprise produit et utilise des mots et des nombres : les systèmes d'information sont donc aussi anciens que la civilisation.
L'expression « système d'information » (SI) n'est cependant apparue qu'à la fin des années 1960 [2] quand les entreprises se sont appuyées sur l'automate programmable que l'on nomme « ordinateur » pour stocker, traiter et utiliser des données.
Cette expression désigne un alliage entre l'automate et l'organisation de l'action humaine, entre l'automate et le cerveau humain. Il doit obéir aux exigences pratiques de la rationalité, auxquelles la plate-forme informatique ajoute ses propres exigences.
L'ingénierie du SI demande donc des méthodes et démarches plus explicites que celles dont on avait pu se contenter avant l'informatisation. Pour répondre aux exigences de l'action, elle s'appuie sur plusieurs techniques toutes également nécessaires qui s'empilent en quatre couches au dessus de la plate-forme informatique : langage, action, contrôle, stratégie.
L'ingénierie sémantique définit le langage de l'entreprise avec l'administration des données et les référentiels ; l'ingénierie des processus structure l'action productive avec la pensée procédurale et la modélisation ; l'ingénierie du contrôle éclaire le pilotage avec les indicateurs et tableaux de bord ; l'ingénierie d'affaires concrétise l'orientation stratégique et le positionnement de l'entreprise.
L'ingénierie du SI ne se confond pas avec l'ingénierie de l'informatique qui, avec l'architecture des logiciels et le dimensionnement des ressources, fournit sa plate-forme à l'informatisation de l'entreprise : l'informatique et l'informatisation sont dans un rapport analogue à celui qui existe entre la construction navale et la navigation.
L'alliage de l'automate et du cerveau, devenu ubiquitaire grâce au réseau, a transformé notre rapport à l'espace et au temps ainsi que notre façon de penser et d'agir : il a ainsi fait émerger autant de dangers nouveaux que de possibilités nouvelles.
L'informatisation a été trop rapide pour qu'aient pu mûrir les savoir-faire et savoir-vivre qu'elle réclame aux informaticiens, aux dirigeants et aux utilisateurs : c'est ce qui explique que les projets informatiques connaissent un taux d'échec qui ne serait toléré dans aucun autre domaine de l'ingénierie [3].
À suivre :
Ingénierie sémantique
Ingénierie des processus
Le contrôle
La stratégie
Les méthodes
Le SI et le système informatique
[1] Nous dirons « entreprise » pour désigner une institution, qu'il s'agisse d'une entreprise ou d'un service public.
[2] Jacques Mélèse, L'analyse modulaire des systèmes de gestion, Hommes et Techniques, 1972. Mélèse avait été inflluencé par Herbert Simon, The Sciences of the Artificial, MIT Press, 1969.
[2] Standish Group.
Merci pour toutes ces précisions.
RépondreSupprimerJe comprend ma bêtise.
Mais bon d'un autre côté, je n'ai pas l'habitude de raisonner.
Cela a des aspects confortables d'être un imbécile.
Moi qui pensait ne plus avoir d'effort à faire avec la machine ;-).
PS: vive les motards sur les plaques de verglas.
usbek