lundi 5 février 2018

L’iconomie est une économie patrimoniale

Ce texte fait partie de la série « Comprendre l’iconomie »

Quand tout le coût de production se concentre dans le coût fixe initial, l’essentiel du travail est consacré à la formation d’un capital fixe : comme le flux du « travail vivant » est négligeable, le capital (« travail mort » accumulé) est le seul facteur de production.

L’économie numérique est donc hyper-capitalistique : le travail est principalement consacré à l’accumulation d’un patrimoine de l’entreprise1. La compétence du cerveau d’œuvre elle-même est un patrimoine personnel que chaque agent accumule et entretient.

Le caractère hyper-capitalistique de l’économie a des conséquences. L’économie numérique est celle du risque maximum parce que l’essentiel du coût de production est dépensé avant que le produit ne soit mis sur le marché. D’autre part cette économie est exposée à un risque de prédation, car rien n’est plus rentable pour un prédateur que de s’emparer d’un patrimoine mal protégé. Ce risque est aggravé par les armes qu’offre l’informatique : sa puissance et sa discrétion facilitent l’abus de biens sociaux, la fraude fiscale, la corruption et le blanchiment.

En l’attente des recettes qu’apportera la vente de son produit l’entreprise doit financer le coût fixe : l’accès au crédit, aux fonds propres ou quasi-fonds propres est donc une nécessité vitale. Le cycle économique sera marqué, de façon plus forte encore qu’à d’autres époques, par la succession des épisodes d’endettement et de désendettement, couplée à la succession des générations2.

L’analyse de ce phénomène, associée à celle de la dynamique de l’informatisation, permet d’anticiper comme l’a fait Pierre Olivier Beffy l’évolution de l’économie numérique dans les prochaines décennies.

À suivre : « Management et iconomie ».
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1 Pierre Olivier Beffy, Talkin’ ‘bout 20 generations, Exane Paribas, 2017.
2 William Strauss et Neil Howe, The Fourth Turning, Broadway Books, 1997.

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