lundi 5 février 2018

Management et iconomie

Ce texte fait partie de la série « Comprendre l’iconomie »

Il n’est pas possible d’organiser ni de gérer le cerveau comme dans l’économie mécanisée1. L’entreprise numérique délègue en effet des responsabilités au cerveau d’œuvre : aux concepteurs, qui font face à la nature physique ainsi qu’aux besoins qu’il s’agit d’anticiper ; aux personnes de la première ligne, qui produisent les services face aux clients.

L’entreprise numérique est un être psychosociologique car le cerveau humain ne peut être efficace que s’il se sait libre de penser, d’imaginer, de s’exprimer. L’entreprise doit donc déléguer à ses agents, contrairement aux principes de l’organisation hiérarchique, une légitimité (droit à la parole, droit à l’erreur) qui réponde aux responsabilités dont elle les charge.

Tandis que le cerveau d’œuvre travaille en symbiose avec la ressource informatique, qu’il perçoit à travers l’interface que lui offre le système d’information, l’efficacité de l’entreprise repose aussi sur la synergie des actions individuelles.

Avec la main d’œuvre, à qui l’entreprise de l’économie mécanisée ne demandait que d’exécuter les tâches prescrites par un encadrement, cette synergie a pu résulter d’une définition hiérarchique des tâches orientée vers l’efficacité, puis imposée par une discipline.

Avec le cerveau d’œuvre la hiérarchie n’a plus le monopole de la réflexion : la synergie des compétences, condition nécessaire de la cohérence des actions et de leur efficacité d’ensemble, s’obtient par l’adhésion collective à une orientation commune, à des valeurs partagée. Le partage des valeurs est conditionné par l’exemplarité des entrepreneurs et des animateurs, un « story telling » devant susciter l’adhésion2.

La symbiose qui forme le cerveau d’œuvre, ainsi que la synergie des cerveaux d’œuvre, sont conditionnées par une ingénierie qui sache articuler la technique informatique à toutes les autres techniques qu’exige l’action productive.

À suivre : « Ingénierie et iconomie ».
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1 Jean-Philippe Denis, Introduction au Hip-Hop Management, Éditions EMS, 2014.
2 Chez Criteo et Talan le management a été remplacé par une négociation sur les objectifs et un coaching. Dans les DAO (Decentralized Autonomous Organization) le rôle de l’équipe se limite au design d’un projet en espérant qu’une communauté y adhérera : l’investissement porte sur l'ingénierie du projet, financière par l’émission de tokens et organisationnelle par les interfaces de collaboration.

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