vendredi 27 novembre 2009

L’économie quaternaire

Nota Bene : ce texte fait partie de la série Efficacité de l'entreprise contemporaine.

L’entreprise type d’autrefois était une entreprise industrielle comportant des usines où travaillaient de nombreux ouvriers ; la conception des produits, l’organisation du travail étaient réalisées par des bureaux d’étude occupant un nombre plus réduit de personnes ; les services de commercialisation et de distribution avaient également des effectifs relativement modestes.

L’informatisation de l’économie a conféré à l’entreprise contemporaine une tout autre structure. La production des biens étant automatisée, les effectifs qui lui sont consacrés ont fondu. Les produits sont devenus des assemblages de biens et de services et l’emploi est majoritairement consacré d’une part à la conception des produits, d’autre part aux services qu’ils comportent. Cette économie-là n’est plus dominée par l’industrie, par le secteur secondaire, et elle ne se réduit pas non plus au seul secteur tertiaire : on peut la qualifier de « quaternaire ».

La production d’un assemblage est par ailleurs le fait non plus d’une seule entreprise qui ferait tout de A à Z, mais d’un réseau de partenaires. Le produit type de l’économie quaternaire est ainsi un assemblage de biens et de services élaboré par un partenariat. La cohérence de cet assemblage, ainsi que l’interopérabilité du partenariat, sont assurées par un système d’information.

Qu’il s’agisse de conception et de production de biens ou de services, l’informatique joue un rôle crucial. Le travail a en effet changé de nature : alors que la machine soulageait l’effort physique que demande la production, l’ordinateur en réseau assiste l’effort mental. Les salariés sont désormais majoritairement des cadres, ou du moins des techniciens bien formés, dont le cerveau travaille en symbiose avec le système d’information.

L’entreprise se découpe en « métiers » souvent affectés chacun à une direction différente (« production », « commercial », « R&D », « ressources humaines », « informatique » etc.). Certains de ces métiers produisent des « services support » autoconsommés par l’entreprise (« gestion des ressources humaines », « informatique » etc.), d’autres sont consacrés à la production finale.

L’informatisation de l’entreprise, naguère consacrée à l’automatisation des grands fichiers (paie, comptabilité, gestion des stocks etc.), adhère désormais au flux des processus de production. Elle assiste les opérateurs humains et fournit des indicateurs sur la qualité du produit et sur l’utilisation des ressources : cela oriente implicitement l’entreprise du quaternaire vers l’efficacité telle que nous l’avons définie.

Mais cette orientation, aussi nécessaire et salubre qu’elle soit, ne peut pas suffire. On le voit bien lorsqu’on participe à un projet informatique : le but est clairement affiché, le produit est défini, chacun peut connaître la finalité de sa propre action. Pourtant le projet trébuche parce que des métiers qui devraient coopérer ne parviennent pas à se comprendre. Ce que peut dire la maîtrise d’ouvrage ne signifie rien pour l’informatique et réciproquement : chez chaque interlocuteur, un regard vide indique qu’il ne parvient pas à prendre conscience de l’existence de l’autre.

Suite : Les « petits mondes ».

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  1. Pour en savoir plus L'espoir économique de Michèle Debonneuil

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