mardi 21 février 2012

Dans l'enseignement, l'informatique doit être la discipline reine

Les informaticiens se battent pour que leur discipline soit enseignée au lycée et, pourquoi pas, à l'école primaire aussi (cf. le billet de Laurent Bloch, « Quelle formation intellectuelle pour la troisième révolution industrielle ? »).

Leurs efforts me semblent cependant trop timides.

L'enseignement secondaire s'appuyait naguère sur le latin, censé apporter aux esprits méthode et discipline. Aujourd'hui il s'appuie sur les maths qui, quand elles sont bien enseignées, forment les esprits à la logique, à la rigueur, au goût des démonstrations exactes.

Cependant les maths, qui explorent le monde de la pensée sous la contrainte du principe de non-contradiction, ignorent le monde de la nature physique, humaine et sociale même si elles fournissent de puissants outils à sa compréhension. Par ailleurs elles partent de définitions (axiomes) dont elles déploient les implications (théorèmes) et cela encourage une tournure d'esprit contemplative.

L'informatique, par contre, part comme disent Abelson et Sussman non de définitions (what is ?) mais de questions pratiques (how to ?). Elle peut, tout comme les maths, former les esprits à la logique, la rigueur etc. mais aussi, de surcroît, au savoir-faire, à l'ingénierie, au design, et c'est particulièrement nécessaire aujourd'hui. Elle n'ignore pas le monde de la nature puisqu'elle répond à des questions qu'il pose : elle encourage une tournure d'esprit non pas contemplative, mais active.

J'en conclus qu'il convient non de réclamer une petite place pour l'informatique dans l'enseignement, mais de proposer carrément qu'elle détrône les maths pour prendre leur place comme discipline reine. Cela introduirait dans le secondaire l'esprit pratique, actif, dont il est actuellement privé par la domination des maths.

Cette conclusion sera sans aucun doute mal accueillie mais plus j'y réfléchis, plus elle me paraît exacte.

*     *

Quelques précisions :

1) Il ne s'agit pas de supprimer l'enseignement des maths : l'exploration du monde de la pensée est une gymnastique salubre et sa dimension esthétique est d'ailleurs jubilatoire. Les maths ont donc une place légitime dans l'enseignement : seulement elles ne sont plus légitimes à être la discipline reine.

2) L'informatique qu'il s'agit d'enseigner est l'art de la programmation. Cet art s'acquiert en programmant, tout comme celui d'écrire s'acquiert en écrivant des dissertations. L'écoute du cours doit donc tenir moins de place dans son enseignement que l'écriture de programmes qui marchent et que le professeur corrigera pour indiquer aux élèves la voie de l'efficacité.

3) Pour pouvoir comprendre la programmation il faut acquérir aussi une intuition exacte de ce qui se passe dans les couches basses, physiques, de l'ordinateur et des réseaux, ainsi que dans les systèmes d'exploitation et compilateurs.

Nota Bene : Je découvre l'article de Jenna Wortham, « A Surge in Learning the Language of the Internet », The New York Times, 27 mars 2012. Il montre que l'apprentissage de la programmation redevient à la mode aux Etats-Unis et fournit une liste d'outils pédagogiques : GirlDevelopIt, Udacity, Treehouse, GeneralAssembly, CodeRacer, WomenWhoCode, Rails for Zombies, CoderDojo et enfin celui qui fait le plus parler de lui : Codecademy. Nous en avons aussi en France, notamment l'excellent Site du Zéro.

Nota Bene 2 : Un « manifeste » extrêmement bien argumenté pour l'enseignement de l'informatique dès l'école primaire : John Naugthon, « Why all our kids should be taught how to code », The Guardian, 31 mars 2012.

45 commentaires:

  1. Cher Michel,

    Je suis partagé. J'adhère à votre proposition, d'autant qu'en ajoutant quelques euros à l'ordinateur (donc sans surcoût significatif), on peut ajouter des interfaces, initier à l'automatique et déjà faire de la physique.

    Cependant, je ne suis guère convaincu que cette proposition de mettre la programmation "bas niveau" au coeur de l'enseignement rencontre un écho, y compris même chez les gens qui aujourd'hui en sont les exploitants. On ne parle plus que de framework, d'abstractions, de cross-plateform, bref, pour ce que j'en comprends, tout sauf du bas niveau, qui est considéré (me semble-t-il) comme ringard, rigide, peu réactif en terme de vitesse de développement, ou manquant de pérennité.

    Si on suivait votre préconisation, il me semble que ce qui manquerait le plus, à ce jour, serait un vrai outil d'apprentissage de la programmation simplissime, pour gamins.

    Or j'ai moi-même appris à programmer en même temps que lire : chaque étape de programme était symbolisée par une touche sur le jouet. Aujourd'hui, ce genre de jouet hybride matériel/informatique n'existe plus (sauf erreur de ma part).

    Mais qu'importe, car le résultat est que je ne suis pas aujourd'hui capable de programmer facilement en ObjC/Cocoa/je-ne-sais-quoi qui me permettrait de créer des jeux pédagogiques à distribuer via iTruc. L'effort à fournir pour accéder à ces plateformes me semble tel qu'elles me paraissent réservées aux professionnels..

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    1. @Anonyme
      Je n'ai pas parlé de programmation "bas niveau" ni "simplissime". Je pense qu'il faut enseigner à programmer en C, en Lisp, en C++, en Java, en PHP etc. de telle sorte que les élèves puissent choisir le langage qui convient selon le problème à traiter.

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    2. @Anonyme : il existe BeeBot :
      www.beebot.org.uk

      Je n'ai aucun lien avec cette société, j'ai simplement eu l'occasion de voir une démonstration.
      On reviens aux tortues-logo d'il y a 30 ans, qui ont, pour moi, gardé tout leur intérêt.

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    3. J'ai toujours été "bon" en math, j'ai encore plus de facilité en programmation, et tant que des matières de ce type sont considérées comme prioritaires, je reste tête de classe. Mais sur mon livret du bacc, la mention était "associal et inapte à toute vie scolaire". C'est sans doute pourquoi je suis assez allergique aux "matières reines" qui n'ont été pour moi que des leurres, ralentissant mes progrès à l'endroit où j'en avais réellement besoin. D'ailleurs, aujourd'hui la programmation qui devrait être systématiquement enseignée, c'est plutôt, à mon avis, celle des macros EXCEL et du VB, avec le même effet sur l'intellect, mais beaucoup plus démocratique et utile. A terme, je parierai volontiers pour la désuétude des java et C++ au profit de programmation en langage naturel et en schémas, qui me semblent toujours, finalement, beaucoup plus intéressants que le reste.
      Donc, cher Michel, je n'adhère pas à cette idée, qui j'espère vous parait maintenant un petit peu moins exacte :-)

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  2. Bonjour,

    Nous faisons connaître votre article aux lecteurs d'EpiNet (pour mars 2012)
    = www.epi.asso.fr et au groupe ITIC-EPI-SPECIF.

    Bien cordialement

    Le secrétariat EPI
    bureau@epi.asso.fr

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  3. @ Michel Volle,
    Avez vous lu "L'éloge du carburateur", Matthew B. CRAWFORD, Ed. La Découverte (excellent livre)? Je crois que ça rejoint votre idée.

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    1. @Arno
      Oui, ce livre me rappelle le Traité du Zen et de l'entretien des motocyclettes de Pirsig.
      Nous aurons fait un grand progrès quand nous dirons "économie du savoir-faire" et non "économie du savoir".

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    2. Merci pour cette référence ; ça me donne envie de m'y plonger.
      Jolie formule, je la retiens :-)

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  4. C'est une bonne idée.
    Il ne s'agit effectivement pas d'en faire des informaticiens, mais d'apprendre la logique et de la mettre en oeuvre.
    Cela pourrait aussi aider à apprendre le collectif, la logique collective, en faisant des programmes qui collaborent.
    Enfin cela aidera nos bambins, ou au moins les encouragera, à apprendre l'anglais en recherchant des solutions sur la toile.

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  5. J'ajouterais même que, bien enseignée, la programmation peut s'avérer un très bon allié des maths en justifiant les outils mathématiques par un besoin lors de problèmes à résoudre.

    Suivre la progression :
    - problème à résoudre (informatiquement)
    - détecter qu'on a besoin d'une notion de math
    - enseigner cette notion + s'entraîner (exos de maths)
    - résoudre le problème de départ

    me semble ainsi une bonne approche, évitant le "à quoi ça sert ?".

    En pratique, elle posera problème aux élèves plus "scolaires" qui auront besoin d'un petit temps d'adaptation, car non habitués à ce genre de choses.

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  6. Je ne crois pas que les mathématiques encouragent une tournure d'esprit contemplative ; ou alors, de contemplation créatrice (cf. le bon vieux Platon.)

    Il y a une grande mode du DIY ("do it yourself") en ce moment, et les bénéfices d'un enseignement de l'informatique seraient bien réels : mais le DIY peut aussi encourager une tournure d'esprit "tyrannique"... nous rendre maîtres et possesseurs des machines est une bonne école, à condition qu'elle ne soit pas une fin en soi.

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    1. @Bastien
      Pour Platon seules les Idées étaient réelles : il était bon mathématicien. La "tournure d'esprit contemplative", c'est cela.
      Voir La planche de Platon.

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  7. La question mérite d'être posée.

    Je me souviens des interrogations de Jacques ARSAC par exemple, dans les années 60 et 70, sur ce sujet. La question avait rapidement été transformée en : "faut-il créer une agrégation d'informatique ?"

    Si l'informatique devenait la reine, sachant que "lorsqu'on a un marteau en main, tout a une tête de clou", je crains que nos entreprises et nos pays ne soient bientôt plus que des caricatures d'ordinateurs. Ils sont déjà tellement engagés dans cette voie : exemple de l'Europe monétaire qui croit pouvoir être gouvernée comme un programme à base de règles !

    En tournant et retournant aussi cette question depuis pas mal de temps, je pense que la question est mal posée. Pourquoi faudrait-il absolument une "discipline reine" ? Pour faire de la sélection ?

    Au contraire, il faut prôner la diversité des approches scientifiques, artistiques, littéraires, manuelles, sportives aussi peut-être, et encourager surtout à relier les disciplines, à cheminer de l'une à l'autre.
    Relire : le jaillissement de l'esprit. Seymour Papert y notait entre autres combien le travail des mains contribuait à celui du cerveau, combien le fait de laisser des gamins monter et démonter un vélomoteur les formaient à la programmation !

    Personnellement j'ai enseigné les mathématiques, l'informatique, les systèmes d'information et le management. A la retraite maintenant j'initie à l'aquarelle : j'ai souvent l'impression d'y faire plus avancer la pensée scientifique qu'en suivant les programmes scolaires !

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    1. @Marc Dx
      Derrière cette discussion se trouve un enjeu : qu'est-ce qui importe, le monde de la pensée qui nous est intérieur, ou le monde de la nature dans lequel nous sommes plongés ?
      Il suffit d'examiner nos vies quotidienne et professionnelle pour voir que notre pensée se bâtit en fonction de nos relations avec des êtres qui nous sont extérieurs.
      La démarche de l'informaticien est ainsi plus proche du fonctionnement de notre esprit que ne l'est celle du mathématicien, et donc plus formatrice - à condition d'éviter la cuistrerie qui tente toujours le pédagogue.

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    2. Bien sur! l'idée d'une discipline reine est une idée dangereuse, et s'il faut une discipline reine, c'est celle des relations humaines, et de la maitrise de soi, sans lesquels il est difficile d'apprendre, et de savoir pourquoi on voudrait apprendre.

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  8. Bonjour,
    Je suis tout à fait d'accord avec Michel Volle, et je travaille activement à faire de mes enfants des "geeks". Tout simplement parce que c'est l'avenir de l'humanité ! Réveillons-nous, Internet est aujourd'hui indispensable à l'économie mondiale, nous avons tous des ordinateurs dans notre poche, et la révolution robotique en cours va déboucher dans la vie courante dans les 10 ou 20 ans.

    Les langages comme C# ou Java sont
    - simples syntaxiquement pour le débutant, mais pouvant aller très loin : interrogation de BDD, création de sites Web, langages de requêtes
    - gratuits !
    - pourvus d'environnements de développement qui aident énormément et rendent tout facile,
    - pourvus de bibliothèques couvrant des besoins extrêmement sophistiqués.

    Quant à Platon, je trouve toujours dommage de voir que ses idées totalement rétrogrades sont encore enseignées, alors que la physique a donné depuis longtemps complètement raison à l'école atomiste (Démocrite Epicure) contre la sienne. Epicure avait l'intuition des atomes, du hasard comme élément créateur dans la réalité (confirmé en évolution, en génétique, en physique quantique...).

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  9. Bonjour,

    J'enseigne les mathématiques. C'est vrai, il y a un peu de contemplation dans les mathématiques, mais il faut rappeler qu'ils n'ont pas été inventés au hasard. Ils ont été crées dans le but représenter les propriétés mesurables du monde physique. Les mathématiciens n’étudient pas directement les objets physiques, ils utilisent des méthodes d’abstraction pour les représenter, ensuite ils développent les raisonnements appliqués aux notions de nombres, de figures, de transformations ou de structures. Cette démarche mathématique est universelle dans le sens où si deux personnes situant dans deux pays différents raisonnement suivant les mêmes règles, aboutissent aux mêmes résultats. De ce point de vue, l’activité mathématique constitue un outil privilégié pour apprendre à raisonner. On dit souvent qu’elle est formatrice de l’esprit scientifique et l’esprit critique. Les mathématiques, en tant qu’activité humain, nous enseignent d’abord l’humilité intellectuelle et le respect pour l’argumentation d’autrui.

    Avant de programmer, il faut un peu de connaissance en algorithmique qui est une branche des mathématiques et qui est à la base de l'informatique. L'algorithmique, c'est l'art de découper un problème complexe en tâches élémentaires. Cette notion d'algorithme existait déjà depuis longtemps, aussi bien en mathématiques (algorithme d'Euclide, etc) que dans les autres disciplines (règles linguistiques chez les Romains; recettes de cuisine; etc). Les professeurs de mathématiques rencontrent les mêmes difficultés à enseigner un algorithme qu'une notion mathématique (faire comprendre par exemple la notion de variable en informatique et en analyse). Pour un matheux, l'algorithmique est la seule chose vraiment passionnante dans l'informatique. Quoiqu'on en dise, tous ces machins à la mode (POO, XML, Java, etc) ne sont venus que bien plus tard, quand la route était déjà tracée et que - déjà - il n'y avait plus que des broutilles à inventer. Il est vrai, l'usage aujourd'hui des ordinateurs a ranimé l'intérêt pour des techniques algorithmiques souvent très anciennes et délaissées par les historiens et les scientifiques modernes, plus attachés à la constitution de concepts qu'à ces "recettes de cuisine".

    Hoang De

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    1. @Hoang De
      La phrase "pour un matheux, l'algorithmique est la seule chose vraiment passionnante dans l'informatique" indique bien où passe la frontière entre les maths et l'informatique.
      L'informatisation suppose en effet une ingénierie sémantique et une ingénierie des processus qui organisent l'action en s'appuyant sur une pratique de l'abstraction - toutes démarches fécondes mais qui, en effet, n'intéressent pas les matheux.

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  10. Je ne suis pas de votre avis.

    Dans le domaine littéraire, on pourrait reprendre vos arguments avec le droit :
    - lui aussi se préoccupe plus des contraintes du monde réel que les disciplines académiques, et permet de mettre les mains dans le cambouis.
    - la société moderne se complexifie avec la différenciation économique, connaitre le droit permet de naviguer dans les différentes relations contractuelles que chacun devra gérer.
    - Et on peut d'ailleurs observer qu'il est la voie royale dans certains pays (Etats-Unis, Allemagne).

    Certains universitaires spécialisés, lors de la refonte des programmes de lettre des collèges dans les années 90, ont aussi cédé à cet esprit : il était moins utile, pensaient-ils, d'enseigner la grammaire de base que leur domaine d'étude, permettant d'analyser, voire de démystifier les discours. Il a fallu y revenir en 2009, non sans résistances apparemment :
    http://www.aplettres.org/editorial0709.htm

    ***

    Dans le secondaire, il faut sans doute plutôt :
    - favoriser les savoirs de base, qui permettent de développer la capacité de l'élève à acquérir d'autres savoirs. Mathématiques et français / autre discipline principale (physique, économie...) selon la filière.
    - et les compléter par des enseignements de culture générale, utiles en particulier à la formation des citoyens et en vue du supérieur.

    L'un des problèmes de l'enseignement informatique, par rapport aux mathématiques, c'est bien qu'il est moins conceptuel que les mathématiques, comme vous le dites.
    Vous le regrettez, parce que vous souhaitez passer directement aux applications. Mais il me semble qu'il faut d'abord en passer par là, ainsi que par l'exercice de la dissertation (mettre en forme ses idées, apprendre à rechercher aussi les arguments allant contre son point de vue...).

    Il me semble que la volonté d'apprendre, à un niveau élémentaire, ce qui apparait comme utile ou enthousiasmant à un niveau supérieur est une tendance fréquente des spécialistes. Mais ce n'est pas forcément la meilleure manière de faire, ou même pas forcément réaliste si on en vient à brûler les étapes (cas des programmes de grammaire, cités plus haut).

    ***

    Enfin, lisant votre réponse aux commentaires, je pense qu'il faut aussi préciser ce que l'on veut enseigner :
    - le fonctionnement d'un ordinateur, la compilation, etc (actuellement, premier cycle universitaire en IUT, ou licence ailleurs)
    - un langage de programmation de base, pour faire de l'algorithmique, C ou Pascal (j'avais bénéficié de l'option informatique qui faisait cela en lycée dans les années 90, j'en garde un bon souvenir) ;
    - des outils de programmation plus avancés, utilisable en entreprise (sans doute moins formateurs, et avec peut-être un risque d'être vite dépassé) ;
    - la manière dont l'informatique peut modifier l'organisation des entreprises, que vous mentionnez (cabinets de consulting...;-)).

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  11. Oui, les mathématiques scolaires apprennent à raisonner de manière "contemplative" et ne sont pas beaucoup dans le savoir-faire - quoique quand on veut connaître la trajectoire d'un objet qu'on a lancé, on fait des maths de type savoir-faire autant que savoir tout court.

    Le problème des maths à l'école, c'est que les élèves se demandent souvent "mais à quoi ça sert ?", "à quoi sert dans la vie de tous les jours le théorème de Thalès ?", sans parler du calcul intégral.

    Certes l'informatique est beaucoup plus dans le savoir-faire, "comment je vais résoudre ce problème ?", "comment je vais m'y prendre ?". Mais elle a un grand défaut : on vit rapidement dans des mondes déconnectés de la réalité. Et ils sont tellement intéressants qu'on risque de devenir un geek ou un nerd.

    Pas vraiment une école de vie non plus.

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  12. Ton argument : les mathématiques favorisent les esprits contemplatifs et l'informatique, tout en étant aussi logique, favorise les esprits actifs indiscutablement est un argument fort.
    Ceci dit, l'abandon des maths au profit de l'informatique me semble aller trop loin. En effet, les maths entrainent à des formes de conceptualisation, à respecter et construire des preuves, alors que l'apprentissage de la débrouillardise informatique ressemble davantage à l'entraînement du rat dans le labyrinthe.
    Donc, mon sentiment est qu'il vaudrait mieux conserver les deux et rééquilibrer en donnant plus de place à l'informatique.
    Lorsque je plaide pour l'introduction de l'informatique dans le primaire, j'emploie un argument différent : l'enseignement primaire apprend, depuis les instits du 19ème, à lire, écrire et compter. or l'informatique modifie profondément les manières de lire écrire et compter ; elle devrait donc être enseignée dès le primaire.
    Merci en tous cas d'avoir soulevé la question

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    1. @Thierry Gaudin
      Je n'ai pas dit qu'il fallait abandonner les maths ! Ce serait bien sûr stupide...

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    2. J'aime bien l'image de l'informaticien, rat dans son dédale, mais les mathématiques ne sont-elles pas un délale puissance 2? La question première de l'enseignement dans le primaire me semble plutôt être: comment peut-on empêcher les parents de droguer leurs enfants avec des consoles, et des programmes télé, plutôt que s'occuper d'eux!!

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  13. J'ai le vertige...Parle-t-on des mêmes élèves de "base", ou bien de ceux qui ont été "triés"? Il faudrait atterrir, Mesdames et Messieurs les Scientifiques.
    Je conçois que l'outil informatique soit devenu indispensable, qu'il permette de gagner du temps, d'aller plus loin, plus vite, de faire exploser les délais habituels requis pour la recherche. Je le nie pas, j'approuve même. Je ne m'étendrai donc pas sur ce concert de louanges sur un ton d'initiés excluant le monde profane. Amen.
    Mais que penser des enfants de plus en plus nombreux qui ne savent pas lire, donc comprendre des données? A quoi leur sert de savoir manipuler un PC (sinon pour jouer... encore que des belles âmes me diront que c'est éducatif, voire pédagogique.. A voir avec les enseignants de primaire et de collège, voire de 2° de lycées fussent-ils scientifiques).
    faire de l'informatique une priorité, mon cher Michel, n'est pas selon la meilleure formule pour élever le niveau d'un élève moyen. Il s'agit d'un" outil" qui, s'il n'est pas commandé par le cerveau ne vaut rien (et non l'inverse).
    Gardons à une élite le privilège de la conduite d'un engin de compétition, si c'est dans l'intérêt économique général, soit. Mais n'oublions pas que le vocabulaire est un terrain d'exploration immense et qu'il est primordial pour la pensée, donc pour la formation des individus.
    L'apprentissage de la vie ne passe pas par un logiciel.
    Nous en reparlerons, je suppose. Cordialement. Michel 30450

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    1. @Michel 30450
      Vous avez tapé ce commentaire sans m'avoir vraiment lu.
      Apprendre à programmer, c'est préparer le cerveau à maîtriser l'ordinateur et non l'inverse.
      Il ne s'agit pas d'"élever le niveau d'un élève moyen" mais de donner à tous les élèves la formation qui permet aujourd'hui d'agir et non de subir les programmes écrits par d'autres.
      Certes, l'apprentissage de la vie ne passe pas par un logiciel. Croyez-vous donc qu'il puisse passer par les mathématiques ?

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  14. Avez-vos pris contact avec le groupe Itic-Specif (ex Itic-Asti) ?
    Pierre Berger

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    1. @Pierre Berger
      Je reçois et lis les messages d'Itic. Je suppose qu'ils me lisent, j'espère que cela les intéresse.

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  15. Je pense vous avoir lu, mais je vais re-lire attentivement pour approfondir cette discussion.
    Tout est dans "préparer le cerveau". Comment, en le programmant? Dans quelles conditions? J'avoue être inquiet.
    Je suis d'accord qu'il faut permettre à un individu d'agir plutôt que de subir en lui donnant les outils adéquats. Par exemple l'informatique qui semble s'installer au premier rang de la connaissance dans nos sociétés dites développées.
    De façon réaliste, on est bien obligé d'établir une "moyenne" dans une cohorte de jeunes que l'on va "évaluer" (terme très discutable, j'en conviens)et parmi lesquels il y aura plus ou moins de sujets sensibles aux jeux mathématiques et informatiques. Que deviendront les autres s'ils n'ont pas l'appétence requise?
    Les mathématiques ne sont pas davantage une panacée, nous en sommes d'accord,il n'est donc pas nécessaire de "passer par les mathématiques". Malheureusement je dois reconnaître qu'en termes d'économie générale, la "loi" mathématique s'impose, en s'appuyant sur l'informatique ... hélas! Je ne suis qu'un "littéraire", un contemplatif, qui ne maîtrise pas l'outil informatique à des fins scientifiques ou financières, bien que j'en soupçonne les effets positifs, et je suis obligé d'abandonner aux spécialistes( une faible minorité de la population), qui ont, aujourd'hui, le véritable Pouvoir.

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    1. @augu30450
      Il ne s'agit pas de "programmer le cerveau" mais de lui apprendre comment il peut maîtriser l'ordinateur en le programmant - ce qui le libérera du "pouvoir des spécialistes".

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  16. Thierry Godreau26 mars 2012 à 09:37

    Bonjour,

    Pour ma part, je ne considère pas l'informatique, au moins dans une première approche, comme une discipline mais comme un outil. Outil incontournable dans notre monde c'est un fait.

    Pour commencer par la base, je préconise qu'on apprenne d'abord aux jeunes élèves à se servir d'un clavier, ce qui améliorera leur efficacité et secondairement leur évitera nombre de TMS.

    Attitude contemplative mais paradoxalement peu observatrice.

    Le problème de cette approche logico-déductive d'axiome vers théorème c'est qu'elle maintient l'esprit dans le connu du système axiomatique. Quelle place dès lors pour l'extrapolation ou l'induction ? C'est à dire l'inconnu et d'ailleurs, quel inconnu puisque l'observation de l'extérieur est réduite à la portion congrue. N'était-ce pas le coeur du projet éducatif de Charpack ? Au passage, les jeux électroniques sont un usage majoritaire de l'ordinateur par les jeunes générations. Voici un bien bel exemple d'inconnu-connu puisque dès le départ fixé par programmation.

    Il me semble finalement que le premier procès qu'on puisse faire à cet enseignement est celui du conformisme dans lequel il maintient les esprits. Peut-on concevoir une révolution conformiste ?

    Quant à savoir si l'informatique doit devenir la discipline reine, j'irai même un peu plus loin dans la voie de l'esprit pratique en suggérant qu'on donne une nouvelle place au bois à la corde bref à la matière et à sa redécouverte.

    Quelle sera la prochaine révolution industrielle ? On subodore que les nano-technologies, l'informatique, bref ce que que la technique produit aujourd'hui de plus "évolué" y joueront un rôle, mais est-ce bien tout? La technique triomphante a usurpé le terme de technologie. Or je vois beaucoup de technique mais finalement peu de technologie.

    Quelles seront les réponses données au "How to" ? On constate combien cette question du "comment" peut amener à une surenchère technique, à un empilement de process qui sont autant de solutions locales qui additionnées mènent à une situation globale telle que nous la connaissons à savoir des dégradations certaines des conditions même de la vie.

    Si le système éducatif doit évoluer, la pratique doit bien évidemment y retrouver sa place mais dans un esprit d'ouverture qui pose vraiment les questions. En deça du "How to" le "Why to".

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    1. @Thierry Godreau
      L'informatique est une discipline quand on l'apprend et un outil quand on la pratique : il en est d'ailleurs de même pour les langues, les maths et de façon générale pour tout savoir-faire.
      Les maths ne se réduisent pas à la démarche déductive car le choix des axiomes est inductif. Mais l'enseignement, c'est regrettable, se limite presque toujours à la déduction. Seuls des thésards et autres chercheurs peuvent s'aventurer dans l'induction : le programme de l'agrégation de mathématiques ne lui accorde aucune place.
      Avant de poser la question "comment faire ?" il faut bien sûr avoir un projet d'action. Le contemplatif n'en a pas.

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  17. Je crois que l'informatique n'est pas dans un état suffisamment élaboré pour en faire la base d'un enseignement général. Je trouve que par exemple la pensée unique actuelle autour de la programmation orientée objet (Java, C++,...) est très dommageable, et qu'elle lobotomise les jeunes cerveaux. Il nous manque encore une véritable "théorie de l'information", qui donnerait une réalité à cette ingénierie sémantique que Michel Volle appelle de ses voeux. Mais l'informatique n'a que quelques dizaines d'années, ça viendra ... si assez de monde s'attelle à cette "théorie de l'information".

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    1. @Jean Rohmer
      Votre remarque montre qu'il ne suffit pas de dire "il faut enseigner l'informatique" : il faut préciser de quelle type d'informatique on parle.
      L'informatique telle que je la conçois ne se réduit pas à la programmation "orientée objet", elle comporte l'ingénierie sémantique, elle est attentive à la coopération entre le cerveau humain et l'automate programmable.
      Il ne s'agit donc ni de la virtuosité dans l'utilisation ludique de l'écran-clavier, ni de la technicité rabat-joie de spécialistes grognons, mais du plaisir que procure une action créative et élégamment efficace.

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  18. "Le plaisir que procure une action créative et élégamment efficace". Là dessus je suis tout à fait d'accord. Simplement, tout reste à faire dans ce domaine. Comment s'y prendre ? Je me suis trouvé il y a un an dans la position de concevoir un programme original d'informatique pour les deux ans de prépa intégrée d'une école d'ingénieurs. J'avais carte blanche. Le rève. J'ai commencé à y travailler, et en ai vite conclu qu'il me faudrait une bonne année de travail à plein temps, que je n'avais évidemment pas. Et en fait qu'il me faudrait inventer une nouvelle informatique suffisamment "élégante et créative" pour être enseignable sans remords.Le plus dur pour avancer dans cette voie étant de s'abstraire de toutes les influences de la part des grogons, des joueurs, de l'actualité, des pratiques professionnelles, des normes... Une fois cette informatique inventée, il faudra ensuite convaincre les étudiants -je parle des "grands"- de bien vouloir s'y intéresser. Cela serait certainement plus facile à l'école primaire et au collège.

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    1. @Jean Rohmer
      En effet, tout est à inventer et c'est difficile car pour comprendre l'informatique, il faut savoir ce qu'est une entreprise (ou plus largement une institution, lieu de l'action organisée) : or notre système éducatif est majoritairement hostile à l'entreprise.
      Je me rappelle le cours de Fortran subi à l'ENSAE en 1963. Il m'a dégoûté de l'informatique avec le fameux i = i + 1. Je me rappelle aussi les abus de pouvoir des informaticiens de l'INSEE au début des années 70.
      Ce n'est pas cette informatique-là qu'il faut enseigner, mais elle a laissé des traces...

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    2. Si on m'avais demandé la même chose, j'aurais simplement créé le cours du bon pompeur: simplement l'art de trouver sur le net les bons codes, pour le bon sujet. La nouvelle informatique, c'est ça. C'est élégant, communiste, et créatif.

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    3. Ca, pas besoin de leur apprendre! Vous donnez un sujet de TP, et ils l'ont tapé comme requête Google avant que vous ayez fini la phrase.

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    4. Oui... et ça ne les instruit ni ne les forme.

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  19. La notion de "discipline reine" ne me paraît pas pertinente en l'espèce, s'il s'agit de retrouver l'équivalent de ce qu'était autrefois le latin. L'étude du latin servait non seulement à former à une gymnastique logique, mais aussi à accéder aux "humanités", Cicéron et Virgile, mais aussi la Bible.

    Je cite la conclusion de ma conférence UTLS de 2000 :
    http://www.cdweb.com/mll/Textes/Choc2005.htm

    "Les Universités et les établissements de recherche devraient être mobilisés sur un vaste chantier, ouvert pour redonner un sens au beau mot "d’humanités", au pluriel, qui désignait l’enseignement que recevaient autrefois les jeunes bacheliers. Il conviendrait en particulier de remplacer notre conception négative de la laïcité – ne pas aborder les questions religieuses – par une conception positive : ne pas hésiter à comparer, non pas les dogmes, mais les pratiques effectives, les rites, les calendriers, ce qui conduirait à des cours combinant l’astronomie élémentaire, la linguistique, l’anthropologie familiale, l’histoire des civilisations et des religions".

    L'informatique combine les avantages de la rhétorique et du calcul. Elle interviendra fatalement dans une telle reconstruction des humanités.

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    1. @Michel Louis Lévy
      L'informatisation est une aventure humaine et intellectuelle digne de figurer parmi les "humanités" : j'ai tenté de la décrire dans De l'Informatique, savoir vivre avec l'automate.
      NB : pour éviter les contresens, il faut lire la Bible en hébreu plutôt qu'en latin.

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  20. je ne parviens pas à accéder à l'URL ci-dessus "De l'informatique ..." --> bug sous Adobe?

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    1. @Anonyme
      Le lien est bon mais le fichier est un peu gros (5,75 Mo). Il faut attendre patiemment pendant le téléchargement.

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  21. Je viens de lire ce débat (un peu rapidement, et vous pourrez toujours me dire que des détails m'ont échappé), et je suis profondément atterré de la méconnaissance, de la part des intervenants, de ce qu'est l'enseignement des mathématiques depuis un gros demi-siècle. L'attitude contemplative ???!! Jamais rencontrée, ni comme élève, ni comme enseignant. Faire des maths, ça a toujours été résoudre des problèmes et des exercices ! (voir les tablettes babyloniennes). Le débat, et l'évolution, lente mais continue, porte sur la place respective des exercices répétitifs stéréotypés ("savoir-faire" bêtes et méchants) et des problèmes demandant imagination et prise d'initiative ; mais dans tous les cas il s'agit d'être actif !
    La pure déduction à partir d'axiomes ? On a essayé ; on appelait ça les "maths modernes" (schématisation : l'expression recouvrait aussi bien des choses plus utiles : groupes, relations d'équivalence...); c'est fini depuis le milieu des années 70, personne ne vous l'a dit ? J'étais jeune prof, je suis retraité depuis longtemps ! Renseignez-vous avant d'écrire !
    L'informatique, je n'ai rien contre ; je l'ai utilisée abondamment en cours, c'était un outil plus pratique et plus efficace que les règles, compas et tables de logs ; en plus, ça sert dans tous les domaines ; alors il est normal et souhaitable que tous les jeunes y soient initiés, ne serait-ce que pour décider en connaissance de cause de choisir ou non cette voie. Mais de là à en faire la reine des disciplines, il y a un pas ! Comme les maths, comme les langues ou l'économie, etc, l'informatique sera centrale pour ceux qui le choisiront, et simple outil pour la majorité. Alors de grâce pas de querelle de prééminence, pas d'impérialisme ni de totalitarisme !!
    Je vous conseille à tous de consulter les publications et le site de l'APMEP http://www.apmep.asso.fr/ ; on y parle aussi de la place de l'informatique dans l'enseignement.

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  22. @Anonyme
    On trouve en effet sur apmep.asso.fr un bon article de Gilles Dowek sur l'enseignement de l'informatique.
    Je reconnais que mon article est une provocation. Je la crois utile car l'enjeu, c'est le rapport entre la pensée et l'action, qui importe infiniment plus que la prééminence de telle ou telle corporation.

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  23. Bonsoir,
    totalement en phase avec votre proposition, quelques compléments qui me semblent dignes d'intérêt.

    L'enseignement des mathématiques, et notamment au Lycée, est axé principalement sur l'idée de fournir une boite à outils commune, pour un "usage commun". Cela conduit, même pour un enseignement (BAC) "scientifique", à restreindre à une utilisation courante la compréhension des objets manipulés, probablement principalement numéraire.

    De ce fait, il me semble que l'objectif s'en trouver perdu. L'apprentissage, la construction que vous évoquez et un temps trouvée par l'enseignement du latin, s'en trouve hypothéquée : naviguer dans |R sans comprendre comment il est construit, ne recouvre aucune forme de réalité, n'assurera jamais la rigueur nécessaire à l'élaboration d'une pensée cohérente.

    Appliquer des théorèmes admis pour cause d'incapacité de comprendre des objets manipulés : la continuité en est un aspect particulièrement illustratif. J'ai peur que substituer le savoir-faire scolaire à la compréhension, et pourquoi pas intuitive, ne soit contre productive quand à la finalité de la mise en avant de ces programmes.

    Pour résumer en quelques mots, j'appréhende une trop grande concentration des études lycéennes sur des problématiques d'Analyse, au détriment d'une approche d'Algèbriste, qui semblent bien plus pertinentes s'agissant d'une formation académique.

    Dans le même esprit, l'enseignement de la littérature m'interroge tout autant : s'agit-il d'art ou d'un "pré-quel" à la philo ?

    Somme du tout et surtout quelques questions (tous qui suivez ce blog... espérant que Michel en sera le relais :p) :
    - Faut-il remonter en premier cycle l'étude des Grammaires ? (ça pose pleins de pbs sur la compréhension des treillis et des espaces clos... y'a du taf)
    - langage pour les Lycée (et je ramasse les Préparatoires avec)
    v impératifs ? -> soyons clair, ça file du taf
    v fonctionnels ? -> efficaces mais... en recherche / recherche (d'application comme d'esprits)
    v propositionnels ? -> le premier qui me sort un usecase commercial en prologue, je l'épouse :D

    Du coup
    Vous attendez quoi en fait ?

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