samedi 27 juin 2009

Une crise peut en cacher une autre

Nota Bene : ce texte a été publié par la revue Le Débat, n° 157, novembre-décembre 2009.

La crise financière accapare l’attention. On l’explique par le comportement des financiers : mais ce comportement, comment l’expliquer ?

Nous développons la thèse suivante : l’informatisation a, depuis 1975, transformé l’économie mais cette transformation n’est ni comprise, ni clairement perçue. Il en résulte un déséquilibre qui suscite une crise plus profonde, plus globale que ce qui apparaît à l’occasion de la crise « financière ».

Pour en élucider les enjeux il faudra examiner la dimension anthropologique de l’informatisation.

mercredi 17 juin 2009

Appels au meurtre

On se rappelle ce que Maurras disait de Léon Blum : "c'est un homme à fusiller, mais dans le dos". Cet appel au meurtre n'a pas été suivi d'effet en ce qui concerne Blum mais il n'est peut-être pas pour rien dans l'assassinat de Georges Mandel, entre autres.

Si en France de tels excès appartiennent au passé, aux Etats-Unis et en Israël des extrémistes appellent aujourd'hui au meurtre de Barack Obama.

Ainsi en Israël des affiches le montrent coiffé du keffieh que portait naguère Yasser Arafat et accompagné d'une légende en anglais et en hébreu : "Barack Hussein Obama, Antisemitic Jew Hater" [1].

Jamais à ma connaissance Obama n'a manifesté d'antisémitisme ni exprimé de la haine envers les juifs, mais pour les extrémistes la réalité ne compte pas : ce sont des négationnistes [2].

dimanche 14 juin 2009

134 milliards de dollars

La presse a attendu plusieurs jours pour parler de cette affaire surprenante. Je suppose que bientôt tout le monde sera au courant.

Les faits : le 4 juin les douaniers italiens arrêtent à la frontière suisse, à Chiasso, deux Japonais qui tentaient de passer 134,5 milliards de dollars dans le double fond d'une valise : 249 "Federal Reserve bonds" de 500 millions, plus dix "Kennedy bonds" d'un milliard. De tels titres ne peuvent semble-t-il être négociés que par des États. Une liasse de documents bancaires leur était jointe.

samedi 13 juin 2009

Projet de loi

L’heure est au changement, à la réforme, à la rupture ! Alors j'y vais moi aussi de mon petit projet de loi, le voici. Il tient en un seul article (son passage au conseil d’État et sa discussion en commission feront ajouter d’autres articles plus techniques, ainsi ce sera un vrai projet de loi vraiment sérieux) :

Article unique

Le contrôle anti-dopage s’applique à tout candidat à une fonction élective, ainsi qu’à tout élu à une date aléatoire sous une périodicité au moins annuelle, selon les mêmes conditions et procédures que celles ayant cours dans le sport de haut niveau.

Je ne vois pas en effet pourquoi on interdirait à Richard Gasquet de participer aux compétitions de tennis, sous le prétexte que l’on a trouvé un peu de cocaïne dans son urine, alors que nos élus pourraient se bourrer le pif sans mesure.

samedi 6 juin 2009

Le Parador, chapitre 18 : Opéra

Pour lire Le Parador en format .pdf, cliquer sur Le Parador.

Résumé des chapitres précédents :

Hande est une grande entreprise qui vient de frôler la faillite. Le nouveau président, Jean Bonhomme, a demandé à Marc Dutertre de l'aider à en faire une "entreprise-réseau". La DSI est en crise, les utilisateurs du SI ne sont pas satisfaits.

Dutertre prépare avec la directrice de la communication un tableau de bord mensuel pour le comité de direction. Un soir, il découvre grâce à elle les plaisirs de la sensualité ; par la suite elle refuse de le revoir et ça le déconcerte.

Le directeur financier lui demande d'expertiser les salles de marché du groupe. Un collaborateur découvre qu'il était possible de faire gagner des milliards à Hande en rectifiant une erreur.
Dutertre envoie à Bonhomme une note "stratégique" et se réconcilie avec la dircom'. Dutertre approfondit sa compréhension de l'entreprise et de son propre rôle de consultant. Mais il apprend que le directeur financier veut "avoir sa peau"...

... et il doit se défendre, Hande préfère finalement ne pas corriger son erreur mais il sauve sa peau. La réflexion sur la stratégie en matière de SI se poursuit en s'approfondissant.
Un de ses collaborateurs est tué dans un accident de voiture. Certains se demandent s'il n'y a pas eu un complot, mais il s'avère que cet accident était dû au hasard.

Dutertre envoie à Bonhomme une note qui l'alerte sur les risques que prend Costar, le grand projet informatique de Hande.

* *

En cliquant sur Le Parador vous téléchargerez une version à jour, comprenant tous les chapitres publiés jusqu'ici ainsi que le chapitre 18, qui est nouveau.

Il m'a semblé en effet préférable de publier Le Parador au format pdf seulement et de ne plus le publier en HTML : il m'arrive en effet de corriger les chapitres précédents et il est pénible de maintenir la cohérence entre les deux versions.

Je vous souhaite une bonne lecture !

mercredi 3 juin 2009

Critique de la raison corrélative

(In English : Critique of correlative reason).

La statistique fournit des dénombrements, des moyennes, des totaux ; elle fournit aussi une mesure de dispersion pour les variables quantitatives, l'écart-type ; enfin, elle fournit une mesure de la relation entre variables quantitatives, la corrélation (pour les variables qualitatives, l'équivalent de la corrélation est le chi2).

J'épargne au lecteur les expressions mathématiques de ces notions : on les trouve dans les manuels de statistique.

Lorsqu'une relation linéaire (fonction affine Y = aX + b) existe entre deux variables X et Y la valeur absolue de leur coefficient de corrélation est égale à 1 : on dit qu'elles sont "corrélées".

Lorsque aucune relation n'existe, le coefficient de corrélation est égal à 0 : les deux variables ne sont pas corrélées. Lorsque la relation existe, mais qu'elle est floue, la valeur absolue du coefficient de corrélation se trouve quelque part entre 0 et 1.

mardi 2 juin 2009

Michel Goya, La chair et l'acier, Tallandier, 2004

Ce livre d'une rare qualité décrit la façon dont l'armée française a évolué entre 1914 et 1918 en tirant les leçons de l'expérience du combat et en s'appuyant sur les armes nouvelles que fournissait l'industrie.

Il obéit (sans le dire) à un modèle en couches en "quatre composantes : un capital matériel et technique, des structures, des méthodes tactiques et une culture (...), somme des normes de pensée et de comportement communes acquises par apprentissage et imitation réciproque" (p. 143).

Le "capital matériel et technique" évolue et transforme les conditions du combat : la poudre B, explosif puissant et sans fumée (p. 89), permet de mettre au point le fusil Lebel et la mélinite donne une nouvelle puissance à l'artillerie. La puissance de feu interdit désormais les manœuvres à l'ancienne : elle contraint à tirer parti du terrain, suscite la décentralisation du commandement et la délégation de l'initiative à des escouades commandées par un sergent. La coopération entre les diverses armes (infanterie, aviation, artillerie) s'impose.