vendredi 9 octobre 2009

Qu'est-ce qu'un monopole naturel ? (série)

« La consommation est le seul but de la production, et les intérêts du producteur ne doivent être respectés que dans la mesure où c'est nécessaire pour promouvoir ceux du consommateur. Cette maxime est tellement évidente qu'il serait absurde de tenter de la démontrer » (Adam Smith, La richesse des nations, Livre IV chap. 8)

Partons d'une définition aussi simple que possible : un secteur de l'économie est un monopole naturel lorsque la fonction de coût d'une entreprise typique de ce secteur est à rendement croissant.

Le rendement croissant peut se manifester de plusieurs façons :
- économie d'échelle : le coût moyen de production décroît lorsque le volume produit augmente ;
- économie d'envergure : le coût de la production de divers produits par une même entreprise est inférieur à la somme des coûts lorsque la production est réalisée par plusieurs entreprises.
- économie d'innovation : les résultats d’une R&D restant internes à l'entreprise, l'innovation sera d'autant plus intense (en principe) que l'entreprise est plus importante.

Dans un secteur où le rendement est croissant, la plus grosse entreprise bénéficie si elle est bien gérée (cette condition est importante !) de coûts de production plus bas que ceux des autres entreprises. Elle est en mesure de les évincer du marché en pratiquant des prix inférieurs aux leurs : alors le monopole s'instaure naturellement.

La fonction de coût résulte des conditions techniques, physiques, de la production ; elle se trouve donc en amont de la décision économique ou politique, qu'elle conditionne. Instaurer par une décision politique la concurrence dans un secteur qui relève physiquement du monopole naturel, c'est aller contre la nature : cela suscite une inefficacité, un gaspillage des ressources utilisées pour produire.

Toutefois un monopole est toujours tenté d'abuser de sa force envers les consommateurs en pratiquant un prix excessivement élevé ; l’excès de profit, de sécurité, risque par ailleurs de l’endormir et d’inhiber l’innovation. L'État, garant de l'intérêt collectif, doit donc créer une institution, le régulateur, qui imposera au monopole des contraintes de prix et d’efficacité analogues à celles que lui susciterait la concurrence.

Pour lire la suite, cliquer sur Les télécoms sont-elles un monopole naturel ?

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Un petit commentaire naïf (je ne suis pas économiste).
    À lire la définition ci-dessus, le domaine des systèmes d’exploitation serait un monopole naturel (rendement croissant), et Microsoft serait par suite son représentant naturel – là c’est moi qui écris.
    Néanmoins, selon mes observations, cette situation n’aurait pas produit que des bienfaits.
    Ah, ça y est, repensant à un autre de vos textes, je vois l’explication : le régulateur n’a pas fait son travail (au nom peut-être de l’idée selon laquelle « ce qui est bon pour Microsoft est bon pour l’Amérique »)
    En tout cas, merci pour cette série de papiers éclairants.

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