mercredi 30 mars 2011

Entrepreneurs et prédateurs : conflit frontal

Voici la vidéo et le texte de l'exposé que j'ai fait pour Xerfi Canal le 6 avril 2011.


La majorité des économistes, qu'ils soutiennent ou contestent le capitalisme, disent que l'entreprise a pour but de « maximiser le profit ». On trouve pourtant une autre conception dans la littérature économique : c'est celle de Schumpeter. Selon cette ligne de pensée, qui est très minoritaire dans l'opinion, l'entreprise a pour fonction d'« innover et prendre des risques ». Mais maximiser le profit et prendre le risque d'innover, est-ce la même chose ?

Dire que l'entreprise a pour but de « maximiser le profit », c'est comme si l'on disait que le but du politique est de « gagner les élections ». Cela n'évoque aucunement les choix que l'entrepreneur doit faire en termes d'organisation, de technique, de produits, de commerce etc. et qui forment la trame de son emploi du temps.

Il doit en effet arbitrer en permanence entre les divers moyens qui contribuent à la pérennité de l'entreprise, et le profit n'est que l'un d'entre eux.

Réduire l'entreprise à « maximiser le profit », c'est d'ailleurs aller au devant de l'opinion des gens simples qui pensent, en France, que le seul souci du « patron » est de « produire de l'argent » pour s'enrichir toujours plus. Ces personnes ne font pas la différence entre l'entrepreneur et le prédateur, « celui qui vit de proies » comme dit le Littré.

Une image diffuse

samedi 12 mars 2011

De quoi parle-t-on quand on dit "croissance" ?

Le texte ci-dessous est une contribution au groupe de travail "Économie" de Laser.

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Si on aime le quantitatif, on peut creuser la théorie des indices (voir "À propos des indices") pour comprendre ce que signifie "croissance". Mais on peut aussi, de façon légitime, en rester au qualitatif : la croissance, c'est ce qui accroît la satisfaction du consommateur.

Citons en effet Adam Smith : "La consommation est le seul but de la production et les intérêts du producteur ne doivent être respectés que dans la mesure où c'est nécessaire pour promouvoir ceux du consommateur. Cette maxime est tellement évidente qu'il serait absurde de tenter de la démontrer" (Richesse des Nations, Livre IV, chapitre 8).

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On utilise le PIB, indice du volume de la somme des valeurs ajoutées brutes des entreprises, comme indicateur de croissance. Mais tout indicateur peut avoir des effets pervers, et celui-ci a malheureusement orienté la politique économique vers un productivisme qui n'a rien à voir, aujourd'hui, avec la satisfaction du consommateur.

Cette satisfaction dépend certes de la consommation (encore faut-il savoir la définir), mais d'abord et surtout de la "fonction d'utilité" de la personne et cette fonction se forme lors de l'éducation. Deux exemples :
1) celui qui aime à lire jouira autant qu'il le veut d'un plaisir peu coûteux : acquérir l'amour de la lecture accroît donc la satisfaction à revenu égal ;
2) former le discernement permet de mieux choisir les produits que l'on consomme, donc là aussi d'accroître la satisfaction à revenu égal.
Un imbécile ne pourra jamais se sentir satisfait : le ressort de la croissance réside ainsi autant ou plus dans l'éducation de la personne, dans son accession à la maturité, que dans le système productif.

mercredi 9 mars 2011

Chronopost ne sait pas lire une carte de France

Le hameau cévenol où je réside a une quinzaine d'habitants.

Il est tout petit, certes, mais son nom figure sur la carte Michelin - et si on le cherche sur l'Internet, on le trouve et on peut trouver aussi l'itinéraire qui permet de l'atteindre. Mon adresse postale, complète et suffisante, est composée du nom de ce hameau suivi du code postal et du nom de la commune dont le hameau dépend.

Mais elle ne suffit pas à Chronopost, filiale à 100 % de la Poste qui apparemment ne sait pas lire une carte et qui, en raison sans doute de la mystérieuse complexité des relations à l'intérieur d'un groupe, ne peut ni se renseigner auprès du bureau de poste du coin, ni lui confier un colis qu'elle ne sait comment acheminer jusqu'à son destinataire.

vendredi 4 mars 2011

La France est-elle réellement endettée ?

English version

Pour savoir si la France est ou non endettée, et à quel niveau, ce n'est pas le rapport « dette de l'Etat / PIB » qu'il faut regarder – ce rapport est une chimère, voir « Un indicateur fallacieux » – mais la dette de la France tous acteurs réunis et donc en additionnant la dette des entreprises, des ménages et de l’État envers des acteurs situés hors de nos frontières.

La Banque de France publie chaque année un « compte des transactions courantes » qui décrit les échanges de biens, de services, de revenus et de transferts courants avec l'extérieur. Le solde de ce compte représente ce que la France a emprunté (ou prêté) chaque année. Son examen va nous montrer que la France n'est pas endettée, du moins pour l'instant...