vendredi 29 mai 2015

Les Cahiers de l'iconomie, n° 1

Le premier numéro des Cahiers de l'iconomie vient d'être diffusé. Vous pouvez le télécharger en cliquant sur ce lien.

Voici, pour en donner un avant-goût, le texte de la quatrième de couverture :

Ce premier numéro des Cahiers de l'iconomie inaugure la publication des travaux de l'institut de l'iconomie (iconomie.org), think tank indépendant.

L'iconomie est la représentation schématique d'une société dont l'économie s'appuie sur la synergie de la microélectronique, du logiciel et de l'Internet et qui, étant par hypothèse parvenue à l'efficacité, serait sortie de la crise de transition actuelle. Il ne s'agit pas d'une prévision mais d'un repère proposé aux intentions et aux stratégies.

Le phénomène de l'informatisation se déploie sur les plans scientifique, technique, économique, psychologique, sociologique, culturel, philosophique, politique, géopolitique, etc : l'iconomie comporte donc l'ensemble de ces dimensions.

Chacun des articles réunis dans ce numéro éclaire, comme un coup de projecteur, un des aspects de ce phénomène.

jeudi 28 mai 2015

L'informatisation criminelle : trafics et crimes de l'économie financière

(Ce texte est un chapitre de L'intelligence iconomique, livre en préparation pour les éditions De Boeck sous la direction de Claude Rochet)

L’informatisation est la cause matérielle d'un dérapage de la Banque, système que forment les banques et organismes financiers, vers la délinquance : les possibilités nouvelles qu'elle lui a offertes étaient accompagnées de tentations auxquelles elle n'a pas pu résister.

Elle s'est donné pour but de « produire de l'argent » et pour règle « pas vu, pas pris ». Cela a contaminé toute la société, tentée par la prédation. De tous les dangers qu'apporte l'informatisation celui-ci est le plus grave et le moins connu.

*     *

L'informatisation de la Banque

L'informatisation a apporté à la Banque des possibilités qu'elle n'avait jamais connues auparavant : le réseaux informatiques ont supprimé les effets de la distance géographique, ce qui lui a permis d'agir indifféremment sur tous les points du globe ; la gestion de produits financiers complexes, qui aurait demandé auparavant un lourd travail au back office, a pu être réalisée de façon automatique par des programmes informatiques1.

L'innovation qui s'est ainsi déchaînée dans les « produits dérivés » a procuré à la Banque une nouvelle source de revenus : l'activité sur « les marchés » est devenue plus profitable pour elle que l'intermédiation du crédit2.

Il en est résulté un changement de ses priorités. Alors que l'intermédiation du crédit procure aux entreprises et aux consommateurs la liquidité qui leur est nécessaire et rend ainsi à l'économie un service de création monétaire, la « production d'argent » par le trading ne bénéficie qu'à la Banque elle-même et constitue un prélèvement sur le reste de l'économie : la Banque est ainsi devenue une institution prédatrice3.

samedi 9 mai 2015

Organiser la relève des dirigeants

« Je découvre le monde des dirigeants, me dit un ami consultant. Ils ne pensent qu'à se battre entre eux pour conquérir et conserver le pouvoir, il n'y a que ça qui les intéresse ».

« Pour qu'une entreprise réussisse son informatisation ou, comme on dit, sa transformation numérique, cela dépend essentiellement de son dirigeant, or les dirigeants n'y comprennent rien », dit un autre.

« La créativité ne se rencontre que dans les startups, les PME, les grandes entreprises sont toutes des cas désespérés, dans vingt ans la plupart d'entre elles n'existeront plus », dit un troisième.

J'éprouve, comme tout le monde, de la sympathie pour les startups, PME et autres ETI en croissance, mais n'a-t-on pas tort de renoncer à l'amélioration des grandes entreprises ? Certes, ce sont des cas difficiles : elles sont emmaillotées dans leur histoire, leurs traditions, il leur est difficile de redéfinir leur mission, de remodeler leur organisation. Mais envisageons-nous vraiment de laisser sombrer Total, Carrefour, Axa, PSA, EDF, Orange etc., avec tous les dégâts qui en résulteront ? N'y a-t-il donc rien à faire pour les sauver ?

Le classement habituel des entreprises selon le chiffre d'affaires ou le nombre de salariés ne rend d'ailleurs pas un compte exact de leur complexité. Une entreprise de « matière grise » qui emploie 200 personnes est classée parmi les PME alors que la complexité qu'elle présente à son dirigeant équivaut à celle d'une entreprise de main d’œuvre qui emploie au moins 10 000 personne : son dirigeant possède une expérience, une intuition, dont une grande entreprise pourrait bénéficier.

La machine à décerveler

Je me suis trouvé en conflit avec un universitaire lors d'un dîner à Paris, cela m'a rappelé quelques souvenirs.

J'avais proposé le petit modèle que je me suis forgé à propos de la créativité. Pendant que je parlais, ce Monsieur semblait bouillir et fumer comme une cocotte-minute sous pression.

- Je ne suis pas du tout d'accord avec vous, s'exclama-t-il enfin. Je viens d'écrire un article sur la créativité, pensez si je connais le sujet. D'ailleurs, quelles sont vos sources ?

- Mon expérience, répondis-je naïvement.

L'expérience personnelle comporte bien sûr les lectures. J'aurais pu citer à l'appui de ce petit modèle Poincaré, Bachelard et quelques autres, mais étaler de la culture me semble répugnant.

Il haussa les épaules avec un sourire dédaigneux et, par la suite, ponctua par des gloussements tout ce que je pouvais dire : en évoquant une expérience personnelle, j'avais montré que je n'étais pas digne de sa conversation.

Il était donc de ceux qui estiment qu'il faut toujours appuyer son propos par l'autorité des Auteurs, sans laquelle rien ne vaut, et qui n'accordent pas le droit à la parole et à l'écoute à quelqu'un qui prétend penser en tirant les leçons de son expérience. « Casse-toi, tu pues, t'es pas d'la bande ».