(Ce texte est une annexe à la Lettre ouverte aux candidats à l'élection présidentielle).
Le « numérique », le « cyber », l'« intelligence artificielle », le « big data », l'« internet des objets », etc., sont autant de manifestations de l'informatisation. L'iconomie est le schéma d'une société et d'une économie informatisées par hypothèse efficaces.
Ce schéma offre un repère pour orienter la politique économique de l'État et la stratégie des entreprises. L'institut de l'iconomie s'emploie à le développer afin de mettre en évidence les conditions nécessaires de l'efficacité. En voici les principaux éléments :
Cerveau d’œuvre
* Dans l'iconomie les tâches répétitives physiques ou mentales sont automatisées.
* L'activité des agents se concentre sur les tâches qui exigent créativité et discernement : conception des produits et ingénierie de leur production d'une part, services aux consommateurs et utilisateurs d'autre part.
* La conception et la programmation des automates, activités humaines, accumulent une « intelligence artificielle » que le système d'information associe dans l'action productive aux initiatives des agents. L'« être humain augmenté », unité de base des organisations, s'appuie ainsi sur la synergie du cerveau humain et de la ressource informatique.
* La main d'oeuvre est remplacée par le cerveau d'œuvre auquel l'entreprise reconnaît la légitimité (droit à l'erreur, droit à l'écoute) qui correspond aux responsabilités qu'elle lui délègue. L'iconomie est une économie de la compétence et la synergie des compétences individuelles s'appuie sur le système d'information.
Monopoles temporaires
* Les contraintes qu'imposent l'espace et le temps sont pratiquement abolies car le manteau de la ressource informatique s'étend instantanément sur le monde entier.
* L'iconomie est une économie de la qualité, la concurrence se faisant selon le rapport « qualité subjective/prix ». Le marché de chaque produit obéit au régime de la concurrence monopolistique : chaque entreprise définit les attributs qualitatifs de son produit afin de conquérir un monopole temporaire sur un segment mondial des besoins.
* Chaque produit est un assemblage de biens et de services, ou de services seulement. La plupart des produits sont élaborés par un partenariat d'entreprises. Le système d'information assure la cohésion des biens et services ainsi que l'interopérabilité du partenariat. La qualité d'un produit dépend principalement de celle des services qu'il comporte.
* Alors que les besoins des consommateurs et utilisateurs peuvent être saturés en termes de quantité, ils n'ont aucune limite en termes de qualité : le potentiel de la croissance qualitative est donc illimité. Elle respecte les exigences de l'écologie.
* Le système éducatif s'ajuste avec souplesse pour former les compétences nécessaires à la conception des produits et à la qualité des services. Il accorde une place importante à l'enseignement de l'informatique.
* Le plein emploi étant assuré, la société s'appuie sur une classe moyenne nombreuse.
Régulation des risques
* L'essentiel du coût de production des biens réside dans la conception et la programmation des automates. Cet investissement étant effectué avant que le produit ne soit mis sur le marché, l'iconomie est l'économie du risque maximum.
* La régulation de l'iconomie maîtrise la violence de la concurrence monopolistique et anime la croissance qualitative en réglant la durée des monopoles temporaires.
lundi 20 février 2017
Lettre ouverte de l'institut de l'iconomie aux candidats à l'élection présidentielles
La robotisation, l'automatisation et leurs effets sur l'emploi sont au centre des préoccupations actuelles. Ils sont aussi au cœur des réflexions de notre institut. Nous croyons utiles de les partager avec vous.
Toutes les tâches répétitives ont vocation à être automatisées, qu'elles soient physiques ou intellectuelles. Il ne faut pas le regretter : n'a-t-on pas déploré l'aliénation du travailleur contraint de répéter indéfiniment un même geste ?
Le travail humain va se focaliser sur ce qui n'est pas automatisable : travail technique (concevoir les produits, organiser leur production) et aussi travail relationnel car plus la production est automatisée, plus le besoin de relations interpersonnelles se fait ressentir. L'entreprise doit donc savoir entretenir avec ses clients une relation de personne à personne.
Par ailleurs la compétitivité se conquiert désormais par la qualité du produit, plus précisément par son rapport « qualité subjective/prix ». Cela ouvre à l'économie une perspective de croissance car si les besoins du consommateur sont limités en termes de quantité on ne peut assigner aucune limite à son exigence de qualité, d'adéquation du produit à ses besoins1.
De ce point de vue la France dispose d'un avantage qu'elle n'a pas su exploiter pleinement jusqu'à présent : elle a auprès des autres nations l'image d'un pays attentif à la qualité.
La qualité des services étant une composante essentielle de la qualité des produits, il faut former la compétence relationnelle, la reconnaître et la rémunérer convenablement.
Qualité des produits, qualité des services, respect envers les compétences : bien comprises, ces orientations peuvent permettre à la France d'atteindre le plein emploi de sa force de travail et de restaurer sa balance commerciale.
Elles font appel à un sentiment très présent chez les Français et sur lequel un responsable politique doit savoir s'appuyer : la dignité professionnelle du travailleur.
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1 La qualité est désormais mesurable (Vincent Lorphelin, La république des entrepreneurs, Fondapol, 2017).
Toutes les tâches répétitives ont vocation à être automatisées, qu'elles soient physiques ou intellectuelles. Il ne faut pas le regretter : n'a-t-on pas déploré l'aliénation du travailleur contraint de répéter indéfiniment un même geste ?
Le travail humain va se focaliser sur ce qui n'est pas automatisable : travail technique (concevoir les produits, organiser leur production) et aussi travail relationnel car plus la production est automatisée, plus le besoin de relations interpersonnelles se fait ressentir. L'entreprise doit donc savoir entretenir avec ses clients une relation de personne à personne.
Par ailleurs la compétitivité se conquiert désormais par la qualité du produit, plus précisément par son rapport « qualité subjective/prix ». Cela ouvre à l'économie une perspective de croissance car si les besoins du consommateur sont limités en termes de quantité on ne peut assigner aucune limite à son exigence de qualité, d'adéquation du produit à ses besoins1.
De ce point de vue la France dispose d'un avantage qu'elle n'a pas su exploiter pleinement jusqu'à présent : elle a auprès des autres nations l'image d'un pays attentif à la qualité.
La qualité des services étant une composante essentielle de la qualité des produits, il faut former la compétence relationnelle, la reconnaître et la rémunérer convenablement.
Qualité des produits, qualité des services, respect envers les compétences : bien comprises, ces orientations peuvent permettre à la France d'atteindre le plein emploi de sa force de travail et de restaurer sa balance commerciale.
Elles font appel à un sentiment très présent chez les Français et sur lequel un responsable politique doit savoir s'appuyer : la dignité professionnelle du travailleur.
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1 La qualité est désormais mesurable (Vincent Lorphelin, La république des entrepreneurs, Fondapol, 2017).
Taxer les robots serait une faute historique
Taxer les robots pour protéger l'emploi semble une idée naturelle puisque le robot travaille à la place des êtres humains auxquels il se substitue. Elle est soutenue par Bill Gates, elle paraît avoir convaincu une majorité des Français.
Cependant les taxes sur le travail sont la contrepartie de prestations sociales (retraite, chômage, santé) qui n'ont aucun sens s'agissant des robots. Taxer les robots viole d'ailleurs un principe de la fiscalité : l'impôt porte sur la richesse que crée une entreprise et non sur ses équipements.
Automatiser les tâches répétitives fait passer de la main d'œuvre au cerveau d'œuvre qui implique des compétences, une formation et une organisation nouvelles. Ceux qui disent qu'il faut limiter le nombre des robots pour « protéger l'emploi » tentent donc, comme les luddites en 1811-1812, de perpétuer une forme de travail devenue obsolète. Or la France est en retard : elle ne possède que 125 robots pour 10 000 salariés dans l'industrie alors que l'Allemagne en compte 4371. Il n'est pas opportun de freiner son investissement.
Plus profondément, ceux qui voient dans le robot un travailleur semblable à l'être humain sont proches du mouvement d'idées qui postule que l'« intelligence artificielle » possède les mêmes aptitudes que l'intelligence humaine. Le robot serait une « chose qui pense », chimère qu'il est facile d'imaginer mais dont il est osé d'espérer la réalisation.
Ce mouvement d'idées s'exprime dans un rapport présenté au Parlement européen et qui propose de considérer les robots comme des personnes dotées de droits, devoirs et responsabilités. Or tandis que l'action d'une personne exprime des intentions et des valeurs un robot n'a pas d'intention propre : son action exprime les intentions et valeurs de la personne qui l'a programmé, dont elle engage la responsabilité.
L'iconomie fait apparaître un être nouveau, l'« être humain augmenté », doté de facultés inédites et capable d'actions auparavant impossibles2. L'avenir n'appartient ni à l'automatisation absolue, ni au maintien de formes d'emploi obsolètes, mais à la symbiose de l'être humain et de l'automate informatique.
Pour la réussir il faut avoir conscience de leur différence, percevoir ce que chacun peut faire mieux que l'autre afin de les articuler raisonnablement. Voir dans le robot un équivalent du travailleur humain et le taxer en conséquence, c'est inhiber et retarder les apports de cette symbiose.
Taxer les robots serait donc une faute historique.
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1 World Robotics, International Federation of Robotics, 2016.
2 « The strongest chess player today is neither a human, nor a computer, but a human team using computers. » (Devdatt Dubhashi et Shalom Lappin, « AI Dangers: Imagined and Real », Communications of the ACM, février 2017).
Cependant les taxes sur le travail sont la contrepartie de prestations sociales (retraite, chômage, santé) qui n'ont aucun sens s'agissant des robots. Taxer les robots viole d'ailleurs un principe de la fiscalité : l'impôt porte sur la richesse que crée une entreprise et non sur ses équipements.
Automatiser les tâches répétitives fait passer de la main d'œuvre au cerveau d'œuvre qui implique des compétences, une formation et une organisation nouvelles. Ceux qui disent qu'il faut limiter le nombre des robots pour « protéger l'emploi » tentent donc, comme les luddites en 1811-1812, de perpétuer une forme de travail devenue obsolète. Or la France est en retard : elle ne possède que 125 robots pour 10 000 salariés dans l'industrie alors que l'Allemagne en compte 4371. Il n'est pas opportun de freiner son investissement.
Plus profondément, ceux qui voient dans le robot un travailleur semblable à l'être humain sont proches du mouvement d'idées qui postule que l'« intelligence artificielle » possède les mêmes aptitudes que l'intelligence humaine. Le robot serait une « chose qui pense », chimère qu'il est facile d'imaginer mais dont il est osé d'espérer la réalisation.
Ce mouvement d'idées s'exprime dans un rapport présenté au Parlement européen et qui propose de considérer les robots comme des personnes dotées de droits, devoirs et responsabilités. Or tandis que l'action d'une personne exprime des intentions et des valeurs un robot n'a pas d'intention propre : son action exprime les intentions et valeurs de la personne qui l'a programmé, dont elle engage la responsabilité.
L'iconomie fait apparaître un être nouveau, l'« être humain augmenté », doté de facultés inédites et capable d'actions auparavant impossibles2. L'avenir n'appartient ni à l'automatisation absolue, ni au maintien de formes d'emploi obsolètes, mais à la symbiose de l'être humain et de l'automate informatique.
Pour la réussir il faut avoir conscience de leur différence, percevoir ce que chacun peut faire mieux que l'autre afin de les articuler raisonnablement. Voir dans le robot un équivalent du travailleur humain et le taxer en conséquence, c'est inhiber et retarder les apports de cette symbiose.
Taxer les robots serait donc une faute historique.
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1 World Robotics, International Federation of Robotics, 2016.
2 « The strongest chess player today is neither a human, nor a computer, but a human team using computers. » (Devdatt Dubhashi et Shalom Lappin, « AI Dangers: Imagined and Real », Communications of the ACM, février 2017).
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