mardi 30 septembre 2014

Jeremy Rifkin, The Zero Marginal Cost Society, Palgrave MacMillan, 2014

In English


J'ai fini par me procurer le livre de Rifkin, The Zero Marginal Cost Society, malgré la déception ressentie à la lecture de son précédent ouvrage, The Third Industrial Revolution.

Tout ce livre est bâti sur une grossière erreur de raisonnement. Voici où cela s'exprime :

"Economists have long understood that the most efficient economy is one in which consumers pay only for the marginal cost of the goods they purchase. But if consumers pay only for the marginal cost and those costs continue to race toward zero, businesses would not be able to ensure a return on their investment and sufficient profit. That being the case, market leaders would attempt to gain market dominance to ensure a monopoly hold so they could impose prices higher than the marginal cost, thus preventing the invisible hand from hurrying the market along to the most efficient economy. This is the inherent contradiction that underlies capitalist theory and practice".

Rifkin croit donc que la tarification au coût marginal s'impose, même lorsque ce coût est nul !

Or cette tarification n'est efficace que si le marché obéit au régime de la concurrence parfaite, qui implique que le coût marginal ne soit pas nul et qui ne peut s'instaurer que si la fonction de production est à rendement d'échelle décroissant, ce qui n'est pas le cas dans l'économie numérique (voir Eléments de théorie "iconomique") : le raisonnement de Rifkin combine donc deux hypothèses qui s'excluent mutuellement.

L'erreur de logique située au départ de ce raisonnement ruine sa conclusion relative à la "fin du capitalisme". Que le capitalisme disparaisse serait d'ailleurs étrange alors que le coût de production se condense dans un coût fixe qui est du pur capital.

Rifkin avait annoncé en 1997 la "fin du travail", alors qu'il aurait fallu plutôt parler d'une transformation du travail. En 2011 il avait situé dans les énergies nouvelles (éoliennes, panneaux solaires, etc.) la troisième révolution industrielle, alors qu'elle se trouve dans l'informatisation. Il continue à se tromper avec ce nouveau livre, cela plaît beaucoup à de nombreux lecteurs.

Son succès médiatique est un spectacle pénible pour ceux qui éprouvent, malgré tout, du respect envers la nature humaine.