Les enfants les plus gâtés ne sont pas les plus heureux, et ils ne sont pas les plus aimables car ils n’éprouvent aucune reconnaissance envers ceux qui les gâtent.
Nous autres Français sommes des enfants gâtés et grognons.
Nos frais médicaux sont largement remboursés par la sécurité sociale. Nous percevons des indemnités lorsque nous sommes au chômage. Nos retraites sont confortables. L’éducation nationale est gratuite.
Mais nous croyons que cela nous est dû et jugeons légitime d’en abuser à l’occasion, tout en pestant contre « les charges » qui sont la contrepartie des assurances sociales.
Nous sommes à l’aise mais nous aimons nous croire pauvres, insulte envers les pays vraiment pauvres. Il se trouve, certes, des pauvres parmi nous mais ils sont très discrets : seuls les enfants gâtés grognent.
C’est que nous sommes des bourgeois qui haïssent la bourgeoisie : cette duplicité a contaminé notre littérature, notre culture, notre philosophie et jusqu'à la vie de tous les jours, car haïr ce que l'on est n'est pas sans conséquences.
Nous détestons les institutions, les entreprises, dont l'organisation contrarie notre individualisme. Notre exaspération se manifeste au Café du commerce : « il faut tout foutre en l’air », disons-nous alors – mais nous ne tolérerions pas que l’électricité soit coupée, que les trains cessent de rouler, que les aliments ne soient plus distribués.
Nous revêtons notre révolutionnarisme de nobles intentions qui sont autant de prétextes : « écologie », « social ». Mais pour que le social puisse redistribuer une richesse il faut qu’elle ait été d’abord produite, pour que l’écologie puisse s’épanouir il faut en avoir les moyens. Cette richesse, ces moyens, sont produits par les entreprises et par les personnes dont elles organisent le travail.
Si nous vivons si bien en France, c’est parce que les Français ne sont pas tous des enfants gâtés : il se trouve aussi parmi eux des entrepreneurs, des animateurs qui savent donner un sens à une action collective, soumettre son organisation à une mission.
Mais les entrepreneurs, les animateurs sont aussi discrets que les pauvres : seuls les enfants gâtés se font entendre dans les médias et dans la rue.
Tout ça est malheureux trop vrai !
RépondreSupprimerQuel gâchis
Il y aurait tant de talents à mettre au service du collectif au lieu d’aboyer sur tout ce qui bouge
"pour que l’écologie puisse s’épanouir il faut en avoir les moyens." c'est intéressant ton approche. En une phrase est résumé toute une stratégie vis à vis du développement et de l'écologie. Ce serait bien que tu développes un peu plus car cette phrase peut être comprise de plusieurs manières.
RépondreSupprimeron peut avoir une première interprétation qui est : on se fiche de l'écologie, on se développe et on tente d'améliorer les choses quand on est plus riche.
Une deuxième : C'est quand on se développe qu'on fait attention à l'écologie au risque d'aller plus lentement par des investissements plus longs/plus couteux.
Une troisième : On a toujours les moyens de nos ambitions, et donc nous pouvons faire de l'écologie à tout moment du moment qu'on le veut bien.
Merci pour ton point de vue, toujours instructif !!
Dany et moi (Hervée) partageons totalement ton point de vue.
RépondreSupprimerDécidément, seuls les bons vins vieillissent bien...
RépondreSupprimerOù est le Michel Volle du "Poisson Rouge" de la Tour de Malakoff ?
Cette description des "enfants gâtés" correspond peut-être à certains retraités, moi-même sans doute, dont la "pension" est supérieure à ce que gagnent mes enfants qui contribuent sans équivoque à la richesse nationale, sans faire partie des "entrepreneurs" et "animateurs" à qui semble réservée ton admiration. Mais la plupart de nos concitoyens ne méritent pas cette opprobre...
"Soumettre son organisation à une mission"
SupprimerOui. Et en même temps, quelle mission ? Notre mission à tous aujourd'hui ( inclus entrepreneurs leaders etc) devrait être selon moi de sauver la vie. Je n'ai pas le sentiment que cette mission soit partagée. Qu'en pensez vous ?
Sauver la vie est la mission de la médecine.
SupprimerLa mission d'un service public (éducation, santé, justice, etc.) est le service du public. La mission d'une entreprise est de produire efficacement des biens et services utiles à leurs consommateurs et utilisateurs. Trahissent cette mission les institutions (services publics, entreprises) qui servent l'ambition d'une corporation et/ou dont l'activité est non pas productive mais prédatrice.