samedi 16 octobre 2021

À propos du « plan France 2030 »

J'ai beau chercher, je ne vois ni le « numérique », ni l'informatique dans le plan France 2030. Or si je ne m'abuse le système productif s'appuie aujourd’hui essentiellement sur l'informatique : la mécanique, la chimie, l'énergie et la biologie progressent en effet désormais en s'informatisant, ainsi d'ailleurs que l'organisation des entreprises.

On bave d'admiration devant les GAFAM, mais que font ces entreprises ? De l'informatique ! Si on veut vraiment lutter contre le réchauffement climatique, il faut s'appuyer sur l'informatique car c'est elle qui fournit les moyens d'agir et de contrôler ce que l'on fait.

Mais un dirigeant n'en sait pas plus que les experts qu'il écoute, or que lui disent les experts ? Que l'informatique, c'est ringard, et que ce qui compte, c'est le climat, les retraites et les inégalités. Rien à redire à ces priorités, mais comment agir quand on ne s'appuie pas sur les moyens de l'action ? Si on les ignore ? Si on les méprise ?

Quand donc la mode cessera-t-elle de tourner le dos à l'informatisation ? de l'ignorer ? de ne voir que la superficie du phénomène, les « usages » quotidiens, alors que le système productif est transformé en profondeur ? Il est vrai que pour l'utilisateur, tout est simple (ou presque) : il lui suffit de cliquer ici ou là. Mais pour que l'utilisateur puisse jouir de cette simplicité, il a fallu construire des architectures diablement compliquées, et faire en sorte qu'elles soient solides et fiables.

Il faudra aussi qu'un jour les entreprises comprennent que la qualité de leur organisation dépend (1) de celle de leurs données, souvent négligée, (2) de celle de l'informatisation de leurs processus et donc (3) de celle de leur système d'information.

Ah si seulement les données avaient été nettoyées de tous les homonymes et synonymes qui les polluent… et si seulement les systèmes d'information étaient autre chose qu'un empilage d'outils hétéroclites, impossible à comprendre et à maîtriser… Mettre de l'ordre dans ces fatras, voilà qui serait une bonne priorité stratégique pour France 2030 !

Autre priorité stratégique : faire en sorte que la France se place parmi les pays les plus efficaces dans la production des circuits intégrés… Encore une priorité : former des ingénieurs compétents en programmation parallèle…

Je pourrais continuer cette liste des priorités véritables pour la France en 2030, j'en reste à ces quelques exemples. On peut avoir plein de priorités judicieuses, mais il en est une plus importante : celle qui permet d'agir, et sans laquelle tout ce que l'on peut vouloir faire aboutira à l'échec.

Or ce qui permet d'agir aujourd'hui pour l'énergie, la mécanique, la chimie, la biologie, etc., c'est l'informatisation et l'alignement des valeurs de l'entreprise sur l'efficacité de la production, la qualité des produits, la satisfaction des clients, car en effet ce sont là les critères d'une informatisation réussie des processus de production.

Quand comprendra-t-on que l'informatisation est un phénomène anthropologique complet, qui transforme tout et qui conditionne tout ? Quand cessera-t-on de répéter des niaiseries à la mode ? Quand sera-t-on, enfin, sérieux devant la situation présente ?

 

3 commentaires:

  1. j'ai laissé ce commentaire sur Linkedin
    Je partage totalement votre analyse.
    Pour ma part je trouve que la décision gouvernementale du 17 mai définissant un "Cloud de confiance" intégrant des technologies US soumises, à ma connaissance, au bon vouloir de l'administration US est un total renoncement.
    Quand elle est assortie d'une instruction de "Cloud au centre" pour améliorer l'efficacité des applications de nos grandes administrations ( alors que leur complexité et leur fonctionnement en "silos" s'aggravent chaque jour) est une véritable campagne de promotion des GAFAMs, que j'appelle désormais MAGAF, (je n'ai pas noté le nom de l'auteur de cet anagramme)
    Notre Ministre peut féliciter OVH pour son introduction en bourse à Paris, il ne l'a pas beaucoup aidée.
    Certains ont qualifié la décision du 17 mai de "décision de DSI" et non de décision de stratégie "industrielle", que l'on attend toujours; je "surveille"
    - l'avenir du HDH que je crains voir se maintenir sur Azure (en attendant l'extension au ENS où en est l'appel d'offres ???)
    - le développement du projet GAIA-X dont j'ai, comme ancien opérationnel de l'informatique, beaucoup de mal à comprendre la "trajectoire"

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  2. Oui c'est décevant de voir une telle gifle imposée à l'informatisation du monde. Mais après tout, je me dis que je ne mérite que ce que je donne. Et je donne peu à l'informatique à part te lire, l'utiliser, et en parler un peu...restons optimistes, nos enfants saurons en parler et l'utiliser mieux que nous !!
    à très bientôt Michel
    Olivier Piuzzi

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  3. Je n'ai pas vu non plus la formation précoce à l'informatique dès le secondaire général et technologique, pour toutes et tous, à l'âge de la naissance des vocations.
    Bien cordialement
    J.Baudé

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