samedi 19 février 2011

À propos de la gouvernance de l'Internet

La gouvernance de l'Internet occasionne beaucoup de discussions qui semblent un peu trop marquées par un formalisme bureaucratique. Je tente ici d'aller directement au cœur de la question.

Qu'est devenu l'Internet en quelques années ? Une ressource documentaire, avec le Web ; un outil de communication interpersonnelle, avec la messagerie et les réseaux sociaux ; une place de marché enfin, équipée pour réaliser et enregistrer des transactions.

C'est donc un lieu virtuel, situé hors de l'espace géographique, universellement accessible, où des personnes se rencontrent et échangent : un gigantesque marché, qui couvre la planète entière.

Or aucun marché ne peut fonctionner sans règles du jeu : il faut que la fidélité des contrats soit garantie, que la sécurité des personnes et des transactions soit assurée.

L'Internet peut servir de moyen pour toute la panoplie des délits classiques (atteintes aux personnes et aux biens, escroquerie et abus de confiance, pédophilie etc.), qu'il complète par quelques délits proprement informatiques que l'on qualifie de cybercriminalité (vol d'identité numérique, intrusion et piratage ou destruction de données etc.). Enfin, il apporte à certains délits une facilité inédite : fraude fiscale, blanchiment de l'argent illicite etc.

Il importe donc bien que des règles soient instaurées et que ceux qui les enfreignent puissent être sanctionnés. L'Internet étant par nature mondial, il faut que ces règles soient elles-mêmes définies et appliquées au niveau mondial.

jeudi 17 février 2011

Crise de transition du système technique

Laurent Faibis m'a convié à enregistrer sur Xerfi Canal un exposé sur la « crise de transition du système technique » en considérant son incidence sur les relations entre pays « avancés » et pays « émergents ».

Voici la vidéo et le texte :


Le monde a changé dans le courant des années 70. C'est le moment où, dans les pays avancés, les entreprises ont sérieusement commencé à s'informatiser – tandis que la Chine sortait de la longue crise qui a caractérisé le règne de Mao Ze Dong...

Mais restons un instant sur l'informatisation. Elle a fait émerger ce que Bertrand Gille a nommé le « système technique contemporain », STC, qui s'appuie sur la synergie entre la microélectronique, le logiciel et les réseaux.

Le STC a fait suite au « système technique moderne » qui s'appuyait, lui, sur la synergie entre la mécanique, la chimie et l'électricité, et qui lui même avait fait suite au « système technique classique » dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Années 1970 : le monde change

samedi 12 février 2011

Le langage des traîtres

Bernard Kouchner a dit paraît-il « l'anglais est l'avenir du français ». Cette phrase est stupide - comment une langue pourrait-elle être l'avenir d'une autre langue ? - mais elle révèle une tournure d'esprit et illustre une mode, la mode de la trahison.

Comment qualifier en effet l'attitude de ceux qui jettent aux orties notre langue maternelle et avec elle une littérature, une histoire, notre République enfin ?

Dans le bureau de poste de Génolhac, chef-lieu de canton dans les Cévennes, on voit sur une affiche la publicité pour « La Poste Asset Management ». Cela veut évidemment dire « La Poste Gestion d'Actifs ». Faut-il donc que l'on s'adresse à nous en anglais jusqu'au fond des Cévennes ?

Pour beaucoup d'habitants de notre canton « Asset Management » évoquera sans doute le ménage que l'on fait quand on nettoie des assiettes - image étymologiquement exacte que des connotations entoureront d'éviers et de lessives et qui est loin de celle que la Poste cherche à éveiller. Comme l'exactitude étymologique est pour la pensée un soutien plus ferme que la mode, je donnerai raison à ces personnes contre la Poste...

jeudi 10 février 2011

On peut me suivre sur Twitter

Je publie désormais sur Twitter un condensé de mes activités, lectures, conversations, publications etc. avec le cas échéant des liens qui peuvent être utiles.

Les lecteurs de volle.com sont invités à me suivre sur Twitter.

Il faut bien sûr avoir ouvert un compte, puis suivre la démarche suivante :
- cliquer sur l'onglet "Who To Follow",
- taper "michel volle" dans le cartouche "Find users by name" puis sur le bouton "Search".
Vous verrez apparaître ma photo suivie de quelques lignes, il suffira de cliquer sur le bouton "Follow".

Mille excuses pour le franglais ! Et bienvenue...

mercredi 9 février 2011

Josh Fox, Gasland

Les Cévennes sont en émoi : il est question d'exploiter le gaz de schiste que leur sous-sol contient. Les associations se réveillent, les militants se mobilisent. Lors des réunions on projette Gasland et les témoignages que ce film présente inquiètent la population. Nous aurons peut-être bientôt des manifestations avec banderoles, mégaphones et slogans, voire même des blocages de route.

*     *

J'ai donc regardé ce film. Il est construit selon un schéma américain classique : un sympathique joueur de banjo, installé en pleine forêt dans une maison en bois que ses parents, hippies des années 70, lui ont laissée en héritage, reçoit par courrier l'offre d'une entreprise qui propose de louer ses 39 hectares pour 100 000 $ afin d'en exploiter le sous-sol.

lundi 7 février 2011

Les effets d'un modèle erroné

Beaucoup d'entreprises, notamment artisanales (je pense aux pâtissiers, boulangers etc.), calculent le coût de production de leurs produits en multipliant le coût des matières premières par un coefficient, lui-même évalué à partir de la comptabilité générale en divisant le coût total de production (frais de personnel, amortissements, matières premières etc.) par le coût des matières premières.

Cette évaluation est facile à faire mais elle a des effets pervers : elle pousse l'entreprise à « faire des économies » sur les matières premières. Ainsi les croissants au beurre seront parfois de ces croissants à la margarine qui laissent une sensation désagréable sur le palais...

jeudi 3 février 2011

Sociologie du paysage

Je regarde le paysage par la fenêtre du TGV qui file entre Paris et Nîmes. Une chose me frappe : ce paysage, superposant sans les fusionner trois logiques différentes, parle selon trois langages.

*     *
D'abord le langage des villages, forêts, champs et prairies. Les maisons, blotties les unes contre les autres, se serrent autour du clocher à moins qu'elles ne soient orgueilleusement isolées, des étables et des granges groupées autour de l'habitation. Les champs, les forêts, sont ingénieusement découpés : en France, l'agriculteur a été un jardinier. Quelques maisons récentes, souvent juchées sur un terrassement malencontreux, se surajoutent aux villages sans altérer sensiblement leur contour.

Ce langage est celui d'une France rurale, locale, découpée en petites unités incrustées dans un sol qu'elles cultivent et aménagent – naguère à force de bras, aujourd'hui avec tracteurs et engrais. Certes la part de cette France est devenue minoritaire dans notre population, mais sa part dans le paysage reste importante.

*     *
Puis le langage des réseaux : pylônes, lignes électriques et transformateurs ; routes, autoroutes et échangeurs ; voies ferrées, gares, trains et wagons.