Je l’ai dévoré. Ma femme, qui avait lu des commentaires dans la presse, m’a reproché de me complaire à la lecture des ragots. J’ai pu la contredire : ce livre est tout autre chose qu’une compilation de ragots.
Il décrit l’action de Donald Trump et de ses collaborateurs à la Maison Blanche, la diversité des orientations politiques et des caractères, le jeu des ambitions personnelles, enfin une vie quotidienne scandée par la succession des difficultés.
J’ai reconnu l’ambiance des cabinets ministériels et des équipes auprès des dirigeants, la compétition entre les collaborateurs pour s’attribuer un gain d’image en cas de succès ou se refiler le « chapeau » en cas d’échec. J’ai reconnu aussi le caractère des « hommes de pouvoir », êtres susceptibles, réactifs, dangereux et trop souvent puérils.
Wolff dit que Donald Trump n’a jamais eu l’intention de gagner l’élection présidentielle : il voulait seulement acquérir le surplus de célébrité que procure une campagne électorale et avait préparé ce qu’il dirait après avoir perdu : « It was stolen! ».
Mais il a gagné. Il le doit d’après Wolff à Steve Bannon, penseur extrême de l’extrême-droite américaine qui aurait donné à Trump les idées, phrases, mots et attitudes pour redresser une campagne mal engagée.
Il est intéressant de lire les idées de Bannon, telles que Wolff les condense : même si on ne les partage pas, on doit reconnaître qu’elles expriment un point de vue cohérent sur l’état actuel de la société américaine :
« [For Bannon], the United States had become a country of two hostile peoples. One would necessarily win and the other lose. Or one would dominate while the other would become marginal.Trois clans principaux se forment à la Maison Blanche : l’un autour de Bannon, qui défend les idées ci-dessus ; un autre autour de « Jarvanka » (couple formé par Jared Kushner et sa femme Ivanka, la fille de Trump), proche de Wall Street, des CEO et du parti démocrate ; le troisième autour de Reince Priebus, membre fidèle de l’appareil du parti républicain. Ils se disputent l’attention de Trump, qui « écoute le dernier qui a parlé ».
This was modern civil war – Bannon’s war. The country build on the virtue and the character and the strength of the American working man circa 1955-65 was the ideal he meant to defend and restore: trade agreements, or trade wars, that supported American manufacturing; immigration policies that protected American workers (and, hence, American culture, or at least American identity from 1955 to 1965); and an international isolation that would conserve American ressources and choke off the ruling class’s Davos sensibility (and also save working-class military lives). »
Le triangle que forment ces trois clans tourne autour de Trump, une sorte de Roi Lear égaré dans la Maison Blanche, perdu dans ses obsessions, ses fureurs et ses trous de mémoires. Ses discours improvisés sont pathétiques (celui qu'il a prononcé lors de sa visite à la CIA est cité in extenso), des gaffes s’enchaînent : éviction du directeur du FBI, commentaires inappropriés sur les événements, recrutements désastreux, etc. Trump voudrait être aimé de tout le monde mais les médias le critiquent durement, notamment le New York Times : cela le fait terriblement souffrir, au point qu'il finit par inspirer de la compassion.
Ses collaborateurs, consternés, tentent de limiter les dégâts mais ne parviennent pas à le contrôler. Beaucoup démissionnent ou bien se font virer avec soulagement. Il n’est pas facile de les remplacer car personne ne veut travailler à la Maison Blanche.
Wolff décrit chaque personnage de façon convaincante : cela fait penser aux Mémoires de Saint-Simon. Celui qui émerge le plus est Bannon, aussi truculent qu’un Falstaff mais diablement intelligent et dont chaque mot fait mouche. Après s’être fait virer de la Maison Blanche il est retourné à Breitbart News, éditeur d’un site Web d’extrême droite, et se prépare à être candidat à la prochaine élection présidentielle.
La crise que traversent les États-Unis est loin d'être terminée car elle a des racines profondes.
Merci beaucoup, cher ami Michel, pour ce résumé ! Je le fais connaître autour de moi.
RépondreSupprimerFire and Fury : Steve Bannon s’excuse et réitère son soutien à Donald Trump qu’il a «toujours soutenu»
RépondreSupprimerhttps://twitter.com/SteveKBannon/status/950078455407939584
Steve Bannon : «Encore une fois, je regrette de ne pas avoir fait de commentaire plus tôt sur les citations du livre de Wolff (Fire And Fury). Donald Trump Junior est un patriote et un bon gars qui a continué à soutenir son père dans son grand travail pour notre pays. Je soutiens toujours notre président et sa volonté de Rendre à l’Amérique sa Grandeur»
Pendant que les médias ne parlent que du livre d'opinions et de ragots Fire and Fury, le FBI enquête sur les donations perçues par la Fondation Clinton:
RépondreSupprimerhttp://www.bfmtv.com/international/le-fbi-enquete-sur-la-fondation-clinton-1342922.html