Le rapport Sénard-Notat "Entreprise et intérêt général" est intéressant et utile, car il convenait de rompre avec la représentation de l'entreprise comme société et avec le "modèle principal-agent", si cher à Jean Tirole, qui fait du dirigeant non un entrepreneur mais un polichinelle dont les actionnaires tirent les ficelles.
La "responsabilité sociale et environnementale" ne suffit cependant pas à rendre compte de la relation de l'entreprise avec le monde de la nature physique, sociale et humaine.
Il est salubre, pour définir l'entreprise, de partir non des exigences "sociales et environnementales" ou autres, mais de ce que l'entreprise fait. Or le fait est que son action puise des ressources dans la nature (au sens large ci-dessus), élabore des produits et émet des déchets. L'entreprise assure ainsi l'interface entre la nature, dont elle use les ressources et que ses déchets dégradent, et les besoins des consommateurs ou utilisateurs de ses produits.
Les critères d'efficacité (adéquation des produits aux besoins) et d'efficience (pas de gaspillage des ressources) suffisent à régler cette action et sont plus large que la "responsabilité sociale et environnementale", qu'ils impliquent s'ils sont bien compris.
Il faut cependant tenir compte des transformations que provoque l'informatisation ou, comme on dit, "le numérique". L'automatisation remplace la main d'oeuvre par un cerveau d'oeuvre auquel l'entreprise délègue des responsabilités (discernement, initiative, etc.) et aussi la légitimité qui permet de les assumer.
L'entreprise apparaît alors aujourd'hui comme un être essentiellement psychosociologique : elle ne peut être efficiente et efficace que si les cerveaux d'oeuvre agissent en synergie. Cela suppose qu'ils partagent collectivement une mission, c'est-à-dire une orientation et des valeurs exprimées par des symboles et des paraboles ("story telling") qui confèrent son sens à l'entreprise.
Cette mission, qui est la véritable "raison d'être" de l'entreprise, consistera toujours à satisfaire des besoins en économisant les ressources et en retraitant les déchets, mais se déclinera en un "story telling" différent selon le produit que l'entreprise élabore : une compagnie aérienne, un assureur, un constructeur automobile, un producteur de logiciels, etc., exprimeront chacun sa mission et ses symboles d'une façon qui répond à leur activité.
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