La raison rationnelle procure à l’intellect et à l’action le schéma conceptuel et hypothétique, ou « modèle », d’un existant qu’elle perçoit hic et nunc.
Le « modèle en couches » de la communication étend la portée de la raison rationnelle en modélisant une suite de conditions nécessaires.
La « raison systémique » apporte une deuxième extension, les éléments d’un système étant reliés non par une suite séquentielle mais par un réseau de communications.
Le système qu’est un organisme vivant – être humain, institution, entreprise – dépend d’un réseau d’organes. Il comporte trop d’imprévisibles pour que la raison systémique puisse le penser.
La « raison raisonnable » embrasse la consistance physique de l’organisme et comble, fût-ce de façon imprécise, l’écart entre le schéma rationnel et la complexité du vivant. Elle lève les énigmes que présentent à la raison systémique le personnage de l’entrepreneur comme la personne de l’entreprise.
La raison rationnelle
La nature, monde de ce qui « existe réellement et de fait », présente à la pensée et à l’action des êtres dont l’existence, perçue dans l’instant, n’a pas d’autre condition qu’elle-même. La logique développe un attribut essentiel de la nature : aucun être réel ne peut être autre que ce qu’il est. Poser simultanément deux affirmations dont l’une est le contraire de l’autre, c’est violer la nature car aucun être réel ou possible ne peut se contredire lui-même.
La logique est donc l’instrument qui permet de trier parmi les idées, pensées, images et phrases, celles qui peuvent correspondre à un être réel ou possible, et d’éliminer celles qui ne sont qu’un assemblage d’images ou de mots sans contenu.
Le langage abonde en ambiguïtés qui peuvent faire croire à la réalité d’une contradiction (on rencontre le mot « contradiction » chez Hegel mais il n’est pas aisé de dégager le sens qu’il lui attribue1). On peut dire ainsi qu’une route pentue « monte et descend à la fois », mais cela dépend du sens dans lequel on la parcourt ; un même être peut être ceci à un moment et cela à un autre moment, mais cela dépend du moment que l’on considère ; chacun est libre de vouloir à la fois une chose et son contraire, mais ces deux désirs ne pourront pas être satisfaits simultanément, etc.
La complexité de la nature est sans limite car il est impossible de décrire entièrement l’objet le plus banal et a fortiori la nature. Tout ce qui est logique est donc réel, car si ce n’était pas le cas la complexité de la nature aurait une limite.