mercredi 16 septembre 2020

Le président de la République donne une orientation

L’une des explications du mouvement des Gilets jaunes est une révolte après les propos d’Emmanuel Macron sur les « premiers de cordée » et la « startup nation ». L’entreprise dans laquelle travaillent la plupart des Français n’a en effet rien d’une startup et si le gouvernement donne la priorité aux premiers de cordée, que deviendront ceux qui savent n’être que deuxièmes ou troisièmes ?

Emmanuel Macron a sans doute voulu dire à quel point les entrepreneurs et l’esprit d’entreprise sont importants pour notre pays, idée juste, mais les expressions qu’il a utilisées ont irrité. L’effet a été le même lorsqu’il a dit qu’il faut « réindustrialiser » la France car l’image que cela évoque est celle du travail de la main-d’œuvre d’autrefois, dans un environnement bruyant, malodorant, salissant et dangereux.

La communication politique ne parle maintenant pratiquement plus que de « création d’emploi », le grand moyen étant la « relocalisation » des emplois naguère délocalisés vers des pays à bas salaires. L’écologie est appelée à la rescousse : « nous pouvons redevenir une grande Nation industrielle grâce et par l’écologie », a déclaré le Premier ministre, allant ainsi dans le sens d’EELV qui réclame « un plan de relance écologique et social ».

Certes personne ne peut être « contre » l’écologie et le social car il faut respecter la nature dans laquelle et avec laquelle nous vivons, il faut aussi être solidaire des personnes en difficulté : cet esprit anime le groupe « Écologie Démocratie Solidarité » de l’Assemblée nationale qu’ont formé 17 députés issus de l’aile gauche et écologiste de LREM.

Mais l’écologie et le social ne suffisent pas à eux seuls pour donner un sens à notre action productive.

C’est pourtant, m’a dit un ami politologue, le seul discours que les Français puissent aujourd’hui tolérer de la part des dirigeants, le seul qu’ils puissent entendre sans que des trublions descendent dans la rue pour « manifester » en brûlant quelques voitures et en cassant des vitrines.

Est-il donc vrai que les Français soient incapables d’entendre autre chose ? Tentons une expérience : prenons la place du président de la République et parlons.

*     *

« Mes chers concitoyens, nous devons voir clairement ensemble la situation présente et l’avenir de notre pays dans le monde tel qu’il est.

« J’ai le devoir de vous indiquer l’orientation qui peut nous permettre de sortir de la crise, du désarroi dont nous avons trop de témoignages.

« Ce désarroi s’explique car le numérique a tout bouleversé dans les dernières décennies. Les techniques sur lesquelles l’économie s’était appuyée – la mécanique, la chimie, l’énergie – ont été transformées ainsi que l’organisation des entreprises, le travail et la compétition sur le marché mondial.

« Toutes les techniques, y compris celles de la biologie et de l’écologie, se perfectionnent désormais en s’informatisant. Les automobiles sont des ordinateurs à quatre roues, les téléphones mobiles sont des ordinateurs tout comme les équipements ménagers, cuisinières, machines à laver, etc. Je pourrais multiplier les exemples.

« La plupart des tâches répétitives étant automatisées, l’emploi de la main-d’œuvre fait place à celui d’un « cerveau-d’œuvre » à qui les entreprises délèguent des responsabilités et dont l’intelligence est mobilisée comme jamais auparavant.

« On peut donc dire qu’industrialiser, aujourd’hui, c’est informatiser. La maîtrise industrielle de la microélectronique, du logiciel et de l’Internet, associée à la qualité du système d’information des entreprises, désigne les futurs vainqueurs dans la compétition économique.

« Cette évolution oblige à redéfinir le fonctionnement de notre État, la mission de nos institutions et de nos entreprises ainsi que l’organisation du travail et des pouvoirs légitimes.

« C’est nécessaire mais difficile car nous nous étions adaptés au monde d’avant, celui qui ignorait tout du numérique.

« D’autres pays ont compris cette situation. Ils investissent massivement dans le numérique : je pense bien sûr aux États-Unis mais aussi et surtout à la Chine, Taïwan, la Corée du Sud, Singapour, Israël, l’Estonie, etc. La population de certains de ces pays est beaucoup moins importante que la nôtre : on ne peut donc pas prétendre que la France est trop petite pour pouvoir agir.

« Aux immenses possibilités qu’apporte le numérique sont associés de graves dangers car les prédateurs et les pirates l’utilisent habilement : il faut de la lucidité pour tirer parti des possibilités tout en contenant les dangers.

« En conclusion il s’agit d’industrialiser la France en s’appuyant sur l’état présent des techniques qui, toutes, se sont informatisées, et de la remettre ainsi au premier rang parmi les nations.

« Je demande donc au commissariat au plan, que je viens de restaurer sous la présidence de François Bayrou, de réunir les représentants des entreprises et des salariés, avec des experts des techniques de l’informatique et de l’art de l’informatisation, afin de définir le programme d’action qui concrétisera cette orientation. Nous possédons les compétences nécessaires pour réussir. »

*     *

Que pensez-vous de ce discours ? Le jugez-vous réaliste, convaincant, mobilisateur ? Ou au contraire irréaliste, « à côté de la plaque », voire même révoltant ?

L’opinion qui importe ici n’est pas celle de l’opposition car elle s’oppose naturellement à tout ce que peut dire le « pouvoir ». C’est celle des personnes qui ont un métier et une famille, qui élèvent leurs enfants, et qui cherchent des repères pour s’orienter dans la situation présente.

30 commentaires:

  1. c'est bien dit !! rien à dire !!
    mais ça ne fera pas taire les grincheux !!

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  2. je pense que le Président a bien compris ce qui se tramait et que l'enjeu n'est pas l'écologie (bien qu'important) mais la transformation de son pays. Après il y a les jeux de pouvoir; Et il sait bien qu'on ne dit pas toutes les vérités !!
    Olivier

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  3. De la part d’un lecteur assidue de vos idées c’est clair comme de l’eau de roche.
    Avec les oreilles d’un Gillet Jaune, je crains que ne soit ni audible ni rassurant.
    Je crains qu’une part entière de notre population n’ait ni compris les implications de l’économie de la connaissance ni le désir de la comprendre et encore moins de s’y investir.
    C’est un discourt qu’il me plairait d’entendre de la bouche de notre président mais qui risquerait (malheureusement) d’être au moins aussi anxiogène que le concept de premier de cordée.

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  4. la formule : "La plupart des tâches répétitives étant automatisées, l’emploi de la main-d’œuvre fait place à celui d’un « cerveau-d’œuvre"
    me semble un peu excessive car il reste tant d'activités qui ne sont pas automatisées, celles des "premiers de tranchée" dont on a redécouvert l'existence pendant la crise (qui n'est pas terminée).
    et il faudrait peut-être inventer un autre mot pour remplacer le terme "industrialiser" qui est tellement lié au monde d'avant et porteur d'une image

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    1. En effet il reste du travail non automatisable notamment dans la relation de service avec les clients (les chatbots me semblent une mauvaise solution).
      Faut-il renoncer au mot "industrie" ? L'industrie, c'est l'ingéniosité dans l'action productive (que l'on pense à l'adjectif "industrieux"). Ce mot peut donc convenir à toutes les époques : il faut le libérer des connotations qui l'associent à la mécanique et la chimie.

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  5. j'ai repris la lettre et l'ai envoyé au Président pour qu'il la reprenne et qu'il l'envoie aux Français. Faisons confiance aux mots pour qu'ils atterrissent dans les yeux des lecteurs et les oreilles des auditeurs. On ne doit jamais vulgariser sa pensée pour faire plaisir au vulgaire. On doit espérer que la parole comme l'écrit font partie des moyens de s'élever même si l'homme en généra est naturellement plus lourd que l'air.

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  6. Bonjour,

    Il reste une trace de "Gilets Jaunes" dans vos propos, mais le sens de votre discours évolue.
    Les GJ ne sont en effet qu'un symptôme; pas la peine de s'en inquiéter outre mesure ni de s'étonner des actions violentes qui ont découlé des manifestations - aussi mal gérées par ailleurs que cette crise car le pouvoir a parfois semblé "souffler sur les braises".
    Vous avez cru y voir, avec effroi, "l'insurrection qui vient". La vraie violence ne vous est pas accessible au quotidien car elle est sur le "terrain".

    En résumé,

    * Macron est un pantin, n'a pas de vision claire sinon lacunaire de l'avenir, et il appréhende très mal la situation et les phénomènes économiques. Cela ne l'empêche d'être potentiellement brillant dans d'autres domaines, la vente par exemple,
    * Tout comme vous semblez l'être mais dans une moindre mesure que lui, il est aussi coupé de la réalité et manifestement du terrain,
    * vous ne semblez, pour cette raison notamment , pas percevoir à sa juste mesure la gravité de la situation globale.
    Pourtant vous avez largement fait état des risques de dérives qui affectent les organes de décisions des entités quelles qu'elles soient,
    * les solutions de facilités dont usent les divers pouvoirs depuis 50ans ont des effets d'autant plus délétères,
    - qu'il n'y a plus de croissance "sérieuse" de la
    productivité par habitant - à ne pas confondre avec la croissance du PIB* et corrélativement en France au moins de la dette,
    - que leur importance a crû au fil des crises et ne cesse de
    croître dans des proportions inquiétantes, le mot est
    faible.
    * "Endormir" la population avec moultes manipulations, clairsemer l'argent public sans vraiment d'autre souci d'efficacité que celui de calmer les ventres et les entreprises ne permet pas de responsabiliser les individus ni contribuer à leur faire prendre la vraie mesure des problèmes auxquels ils sont confrontés ou des des enjeux auxquels il est important de faire face,

    * Finalement, cette ébauche de plan de communication n'est pas réaliste dans la situation actuelle car :
    - une très large part de la population et aussi des dirigeants vit, si ce n'est dans l'indifférence ou l'ignorance, dans un déni souvent involontaire de la situation,
    - il exige comme préalable un changement radical de la façon dont le pays est dirigé, des collectivités jusqu'aux plus hauts niveaux de l'Etat, donc une réforme profonde voire un renversement de ses institution.

    * Cette fameuse croissance dont un Président indiquait qu'il était prêt à aller "la chercher avec les dents". Une simple hausse des dépenses publiques lui aura permis d'éviter cette peine.

    LF

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    1. Vous dites que je suis coupé de la réalité, que j'ignore le "terrain". Vous savez donc tout de ma vie et de mon expérience, ainsi d'ailleurs que de celles d'Emmanuel Macron : vous êtes un devin extra-lucide, à moins que...

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    2. Pour le Président, pas besoin d'être devin !

      Vous concernant, j'ai tenté de nuancer, mais craint de vous choquer malgré tout.
      Je vous prie de m'excuser, le but de mon commentaire n'est pas de blesser ou de porter un reproche.

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    3. Je vous excuse volontiers. Soyez plus attentif désormais.

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    4. Binjour Michel
      Comme d’habitude, c’est bien vu et bien écrit
      Ça me rappelle le temps de A. De Guers. Tu te souviens ?

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    5. Je me souviens, bien sûr ! (Pour ceux qui ignorent de quoi il s'agit : A. de Guers est un pseudonyme mêlant les lettres d'"avenue de Ségur", adresse de la direction générale des télécoms dans les années 80, pour désigner l'auteur d'une critique de la stratégie suivie alors par les télécoms).

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  7. Nos tentatives de comprendre la situation et, en germe, nos espoirs d'améliorer la situation sont finalement vains.
    Dans le meilleurs des cas, nous passons pour des naïfs ou des "imbéciles heureux", et notre temps passé à ces exercices n'est pas passé à vraiment progresser.
    La réalité du, ou plutôt, des pouvoirs n'est accessible qu'à un faible nombre, et la possibilité de provoquer un changement accessible à un nombre encore plus faible.
    Encore ces changements n'ont-ils que très rarement comme motivation celle de "changer le monde" ou de le faire "progresser"; termes si flous et à manipuler avec grande prudence.

    LF

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    1. Beaucoup de personnes courageuses ne partagent pas votre pessimisme.

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  8. Il me semble qu'il y a encore beaucoup de Platon et pas assez de talmud dans une assertion telle que " Je demande donc au commissariat au plan, que je viens de restaurer sous la présidence de François Bayrou, de réunir les représentants des entreprises et des salariés, avec des experts des techniques de l’informatique et de l’art de l’informatisation, afin de définir le programme d’action qui concrétisera cette orientation. Nous possédons les compétences nécessaires pour réussir"

    Ça sent un peu la grande idée à la française, vers laquelle il faut se précipiter pour mettre de l'informatique partout, y compris là où c'est même peut-être nuisible.

    Je suis d'ailleurs étonné de ne pas trouver les industriels dans ce cénacle de personnalités. Ça ressemble beaucoup à du top down où une équipe de consultants (certes brillants) expliquer comment faire à des opérateurs de terrain sans jamais y descendre. Soyons déjà au top des techniques de production en général, avec ce que cela comprend de numérique, ce sera déjà pas mal dans un pays qui veut taxer les robots et freiner la 5G.

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    1. Il me semble que vous m'avez mal lu. Les industriels sont présents à la fois comme entreprises et comme experts : le terrain est donc présent. Les dangers de l'informatisation doivent être maîtrisés.

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  9. Oui restaurer le commissariat au plan , certes , mais c'est simplement une illusion avec la personnalité de Mr Bayrou ... qui est un politique has been . Mr Macron lui ayant offert un strapontin . Bien vos idées sont certes très intéressantes et j'apprécie la lecture , depuis longtemps , mais une société ce n'est pas seulement l'informatique . Mais cher Mr Volle combien de fois Mr Macron n'a t'il pas irrité ? Relisez avec attention ses discours dans leur intégralité et vous devrez convenir que son souci premier n'est pas cette prétendue nouvelle industrialisation n du discours d'Athènes à celui du Danemark , insolent et verbeux .
    Retournez aux propos tenus à l'égard du personnel de GM&S à la Souterraine , personnel déstabilisé par un prédateur italien .
    Partout j'entends , avec raison , que cela va trop vite , que cela a été trop vite et que nombre se sentent abandonnés et s'interrogent sur avenir trop incertain et précaire .
    Oui quelques pays investissent massivement , mais que dire des recherches en reconnaissance faciale et flicage de la population , est-ce cela votre avenir radieux ?
    Science sans conscience n'est que ruine de l'âme . Rabelais . C'est loin , Mr Volle , très loin . Et l'on peut paraphraser en "Politique sans conscience n'est que ruine de l'âme" .
    Bien sûr il y a les exégètes de Mr Macron qui parviennent , mieux que certains "théologiens", à préciser la pensée de Jupiter et oser écrire qu'il n'a pas voulu dire cela .
    Derrière , au regard de son parcours , reste la ligne bleue des Vosges de la réélection .
    Et que dire de la gestion de Covid 19 , tant en France qu'en Belgique , reflet d'une schizophrénie politique !

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    1. L'informatisation bouleverse toutes les couches de l'anthropologie : action, pensée, psychologie des personnes, sociologie des pouvoirs.
      Elle présente autant de dangers que de possibilités : il faut voir clairement les uns comme les autres.
      Certes "une société ce n'est pas seulement l'informatique", mais si on ignore l'informatisation la société déraillera - elle le fait d'ailleurs déjà avec les "fake news" que disséminent les réseaux sociaux.
      Conseillez-vous d'ignorer le phénomène ? N'est-il pas préférable de le maîtriser - et pour cela, d'abord, de le comprendre ?

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    2. gian carlo florani20 octobre 2020 à 20:20

      Mon adresse courriel . giancarlo.florani@gmail.com
      Mr Volle
      Je constate que vous avez censuré ma réponse à votre réponse , c'est votre droit .
      Je suppose que le fait d'écrire " Mr le président Macron est démonétisé " vous a heurté .Mr Emmanuel Macron est bien démonétisé et depuis longtemps , sa dernière foucade aura été les amish et la lampe à l'huile , on ne pouvait s'attendre a mieux du rastignac d'Amiens et de l'ancien associé gérant de la banque Rothschild .
      Vous avez un profil brillant Mr Volle , mais je suis surpris que l'ancien membre du PCF et le collaborateur du ministre Anicet Le Pors aie renoncé à la critique
      du président Macron , à noter qu'il nomme commissaire au plan mr Bayrou , un has been , ce sont ses chevaux qui doivent hennir de joie .
      Sur une chaine de France télévisions un très intéressant débat sur l'écologie , gaia avec Bruno Latour que vous devriez regarder si vous ne l'avez fait (https://www.france.tv/france-5/c-politique/c-politique-saison-12/1999061-invite-bruno-latour.html) Mr Latour aura été très heurté par la saillie de Mr Macron sur les Amish .
      Comme polytechnicien vous devriez aussi vous interroger sur les métaux rares , la consommation d'énergie et la 5G pour vous permettre de regarder un film à l'arrêt d'autobus ...
      Oui Mr Volle vous avez un cv particulièrement riche , moi je n'ai fait que HEC ( en fait Hautes études communales )
      Oui regardez Bruno Latour il énonce des réalités interpellantes , mais si vous préférez la reconnaissance faciale c'est votre droit .
      Et relisez avec attention les discours de Mr Macron , un ancien du PCF ne peut accepter les fadaises de ce jeune président d'ailleurs bien nommé Jupiter , qui gouverne la terre et le ciel ..
      Avec mes salutations .
      Jean Charles Florani Liège .

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    3. Je n’ai pas censuré votre « réponse à ma réponse » car je ne l’ai pas vu passer.
      Vous m’attribuez des opinions qui ne sont pas les miennes : vous êtes de ces sophistes avec lesquels la conversation est inutile.

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  10. Monsieur le Président de la République,

    J’ai bien écouté votre discours, parce que mon patron vient de me licencier. Je voulais savoir quelle solution vous alliez me proposer car, à Paul Emploi, ils ne savent pas quoi faire de moi.

    Je dois vous dire que je n’ai pas fait de grandes études car je ne suis pas un telligent.

    Mon patron m’a licencié parce qu’il vient d’acheter une machine qui me remplace et qui (mais c’est lui qui le dit) ferait le travail plus vite et beaucoup mieux que moi !

    Comme il est gentil, il a cherché à me confier une autre tâche, mais il y a beaucoup de gens comme moi. Alors, soit il y avait quelqu’un d’autre pour faire le travail à moins cher, soit c’était trop difficile pour moi.
    A Paul Emploi, c’est pareil : soit c’est beaucoup moins payé que mon ancien travail, soit c’est trop difficile pour moi.

    Monsieur le Président de la République, c’est pour cela que j’ai bien écouté votre discours. Je n’ai pas compris tout ce que vous avez dit, parce qu’il y a des mots que je ne connais pas. Mais j’ai retenu une chose : vous voulez que le changement aille plus vite alors que déjà tout change trop vite !

    Moi je crois que bientôt il n’y aura plus de travail, plus du tout, pour les gens comme moi. Seuls auront du travail ceux qui auront fait de grandes études.

    Tous les gens comme moi devront tendre la main. Et c’est humiliant de tendre la main…

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    1. Ceux qui rencontrent les difficultés que vous décrivez méritent le respect, la sympathie et toute l'aide possible. Mais cela n'interdit pas, sur un tout autre plan, d'être conscient de la situation de notre pays et de tenter de l'améliorer.
      Si l'on sait tirer parti de ses possibilités et maîtriser ses dangers, l'économie informatisée pourra connaître le plein emploi comme l'a fait naguère l'économie mécanisée : http://michelvolle.blogspot.com/2014/11/lemploi-dans-liconomie.html.

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    2. Ceux qui vous connaissent (et vous apprécient) ont bien compris que vous êtes porteur d'une vision longue et large, et que votre propos concerne l'économie générale du pays.

      Mais le problème, c'est qu'il y a, dans le pays, un clivage net entre :
      1/ ceux qui disposent des atouts pour bénéficier de l'évolution actuelle, et
      2/ ceux qui n’ont pas ces atouts, qui ne les auront jamais, et qui seront donc toujours à l’écart du mouvement.

      Or, clairement, votre discours présidentiel se place du point de vue des premiers (ceux qui sont du bon côté), et vous semblez considérer que « ceux qui rencontrent des difficultés » ne représentent qu'un aspect accessoire et temporaire du problème.

      Je crois au contraire que le problème est structurel et que « ceux qui rencontrent des difficultés » sont (et seront) de plus en plus nombreux : on ne peut qu’être angoissé dans un univers où rien n’est stable, rien n’est invariant, et où les métiers disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus (qu’on pense aux métiers de dactylocodeuses, de programmeurs codeur). Il me parait donc douteux que ce problème puisse se résoudre par la simple distribution de quelques aides ponctuelles « sous conditions de ressources ».

      Le Président de la république est le président de tous les français ; une de ses tâches importantes est de faire l'unité du pays et d’essayer de dépasser les clivages. Il se doit donc, dans son discours, de parler aussi à ceux qui sont du mauvais côté. Que pourrait-il bien leur dire ?

      Il me semble qu’une partie de la solution pourrait être qu’il annonce l’organisation d’une redistribution des revenus, qui serait conçue non pas comme « une aide aux pauvres » mais comme un intéressement inconditionnel de tous aux fruits du pays.

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    3. Une phase de transition est toujours dramatique : il en a été de même lors des révolutions industrielles antérieures.
      L'économie, les entreprises, la formation, les compétences, l'emploi, finiront par s'adapter. Cela demandera des dizaines d'année. Lorsque l'économie informatisée sera parvenue à la maturité chacun y trouvera sa place comme après les transitions précédentes.
      Vous faites donc erreur quand vous dites que "ceux qui n'auront jamais les atouts seront toujours à l'écart du mouvement".
      Durant la transition, très pénible, il faut tout faire pour limiter la casse et les souffrances.

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    4. Retenons l’hypothèse d’une transition qui pourrait durer des dizaines d’années.

      A hauteur d’homme, ce n’est plus un phénomène temporaire ; ce n’est plus un mauvais moment à passer. C’est un régime permanent d’instabilité qui se présente devant nous. Ce sont des dizaines d’années d’incertitude et d’angoisse pour des millions de gens.

      Si nous prétendons nous préoccuper de l’informatisation du pays, nous ne pouvons pas nous contenter de regarder du côté des entreprises. Nous devons aussi considérer l’angoisse induite chez les gens comme un problème à part entière. Ce problème, nous avons la responsabilité de nous en occuper, et nous devons lui trouver une solution élégante.

      Quelle solution élégante ?
      - Lorsqu’il s’agit d’aider une entreprise à s’adapter à un milieu mouvant, les organisateurs-informaticiens ont le savoir-faire pour repérer et proposer à cette entreprise des invariants sur lesquels elle pourra ancrer son organisation.
      -- Eh bien, de la même façon, le même savoir-faire peut servir à repérer et à proposer aux gens des invariants (des structures claires, stables, cohérentes et permanentes), qui leur donneront un minimum de sécurité certaine, et sur lesquelles ils pourront s’appuyer quoi qu’il arrive.

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    5. L'informatisation est en effet un phénomène anthropologique : elle touche les personnes comme les entreprises.
      Supposons que la France rate son informatisation alors que ses concurrents la réussissent (c'est bien parti pour) : ses entreprises seront en grande difficulté et je vous laisse anticiper la situation des personnes.

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  11. Je suis un grincheux!!
    L'idéologie du progrès unilinéaire et techniciste est complètement aveugle. Elle est depuis longtemps réfutée par les sciences studies. Le rapport de la CFDT "Les dégâts du progrès" datent de 1972.
    Les savants dénoncent le changement climatique depuis un siècle et la destruction de la biodiversité depuis un demi siècle. Les critiques des aliénations capitalistes par Ellul, Charbonneau en France et l'Ecole de Francfort datent des années 30, presqu'un siècle. Dumont c'était il y a un demi-siècle.
    Le virus démontre expérimentalement et cruellement qu'il n'y a plus corrélation entre croissance et bien être.
    Donc l'urgence pour la survie de l'humanité consiste à planifier une décroissance sélective et à renoncer à la numérisation massive du monde qui est gloutonne en énergie et destructive du caractère social de l'être humain.
    Zoon politikon disait Aristote dont l'impératif de prudence s'appelle aujourd'hui "principe de précaution".
    La décroissance sélective doit être choisie et planifiée au lieu d'être de plus souvent et gravement subie.
    Macron n'a rien compris. Il est pire que Trump parce que beaucoup plus séduisant comme le joueur d e flûte de Hamelin.

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    1. Le romantisme de la décroissance est à la mode. Je n'y adhère pas, et sur la technique j'estime que Simondon est plus profond qu'Ellul.

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  12. C'est aux "Gilets Jaunes" qu'ils faut soumettre ce texte.
    Nous, les "sachants" produisons des discours, eux essayent de survivre.

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    1. Comme il s'agit de simple bon sens, ce texte ne peut que contrarier les Gilets Jaunes.

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