Voici les dernières nouvelles de volle.com :
Politique
Jean
Castex : démagogie ou immaturité ?
Archives
Documents publiés en 2002
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Castex : démagogie ou immaturité ?
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Après avoir entendu le 15 juillet la déclaration de politique générale du Premier ministre j’ai dit mon inquiétude à une amie.
Elle : il faudrait savoir si Jean Castex pense vraiment ce qu’il dit. Les Français sont tellement immatures, tellement capricieux qu’il faut avant tout les calmer. Un ronron démagogique autour de l’environnement et du social peut les apaiser, ce sera toujours ça de gagné.
Moi : les Français ne sont pas tous immatures. Beaucoup d’entre eux sont capables de reconnaître, si on la leur présente, l’orientation qui permettra de redresser notre économie…
Elle : je sais à quelle orientation tu penses. Crois-tu qu’un Premier ministre puisse l’évoquer ? Cela ferait ricaner les gens des médias, les économistes les plus renommés et aussi ses petits camarades énarques, car s’intéresser à cette orientation est aujourd’hui, en France, le plus sûr moyen de couler sa carrière. Le virus de l’immaturité est endémique.
Moi : je crois pourtant utile de décrire clairement la situation. Je connais des énarques qui ont tout compris, c’est donc possible. Il est vrai qu’ils ont sacrifié leur carrière…
Je veux croire que Jean Castex n’est pas un démagogue et qu’il pense vraiment ce qu’il a dit. Je prends donc son discours au sérieux : il n’en est que plus inquiétant.
Selon un de mes amis économistes l’informatisation (qu’il nomme « révolution digitale ») n’apporterait aucun gain de productivité :
« La révolution digitale, a-t-il écrit, a des retombées décevantes en termes d’efficacité productive. La forte flexibilité du marché du travail a facilité le déversement des moins qualifiés sur des petits jobs périphériques de services. Les plateformes d’intermédiation mobilisent un halo de petits emplois dédiés à la logistique ou à des micro-tâches et qui dégradent la productivité à plus grande échelle. Les nouvelles possibilités de contact client, d’organisation, de notation, etc. liées aux outils numériques favorisent l’explosion des services à la personne sur lesquels les niveaux comme les progrès de productivité sont très faibles. »
Cette opinion avait été exprimée par Robert Solow1, elle est défendue par Robert Gordon2, on la retrouve sous une autre forme chez Nicholas Carr3 : elle est répandue parmi les économistes et aussi dans la masse de la population.
Condensons le raisonnement de mon ami. Il ne niera certes pas la productivité qu’apporte l’automatisation : l’action productive étant automatisée, le travail auparavant nécessaire à la production est remplacé par celui qui est consacré à l’ingénierie des automates, dont la quantité est moindre (si ce n’était pas le cas les entreprises n’investiraient pas dans l’automatisation).
Cependant il dit que l’informatisation provoque dans les services une croissance du nombre des emplois peu qualifiés et à faible productivité, et que cela fait plus que compenser le gain qu’apporte l’automatisation.
Je crois cette opinion radicalement fausse car elle masque à notre intuition la perspective qu'a ouverte l’informatisation.