samedi 28 novembre 2009

Efficacité de l’entreprise contemporaine (série)

Ce texte est le premier d'une série qui se poursuit par les textes suivants :
L'économie quaternaire
Les « petits mondes »
Le mythe de la carrière
Le rendement sociologique de l'entreprise
Une réalité que l'on ne veut pas voir
Pour un « commerce de la considération »

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L’entreprise efficace est celle qui produit des choses utiles sans gaspiller de ressources.

Cette définition de l’efficacité s’écarte du point de vue des parties prenantes : actionnaires, salariés, dirigeants etc. Elle considère le rapport entre d’une part la société, à qui l’entreprise offre ses produits, d’autre part la nature où l’entreprise puise ses ressources.
L’entreprise efficace pourra sans doute distribuer de bons dividendes, payer de bons salaires, garantir l’emploi, offrir de belles carrières à ses cadres et dirigeants. Mais cette corrélation est floue car la relation de cause à effet est sujette à des aléas, à des fluctuations.

On est pourtant tenté de prendre l’efficacité non par sa racine mais par l’une ou l’autre de ses conséquences : « créer de la valeur pour l’actionnaire », « créer des emplois », « faire du profit » etc. C’est prendre le risque du faux-semblant.

Certains croient « réaliste » de résumer l’entreprise à ces faux-semblants : seul importerait, selon eux, le point de vue des parties prenantes et notre définition serait « naïve » en regard du conflit que se livrent, autour de l’entreprise, des personnes que l’on suppose avides de richesse.

Cependant ceux dont le but est de s’enrichir ne raisonnent pas en termes d’efficacité. Ce texte ne s’adresse donc pas à eux, mais à ceux pour qui le but de la vie, ce qui lui confère son orientation et son sens, c’est l’action productive : aux entrepreneurs donc, et non aux prédateurs. Il ne s’adresse pas non plus à ceux qui, cherchant avant tout un confort intérieur, préfèrent ignorer les duretés de la vie.

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Considérons l’entreprise de l’extérieur, regardons ce qu’elle fait. Elle apparaît alors semblable à la cellule d’un organisme vivant : elle puise des ressources dans son environnement, elle y injecte des produits et des déchets. Elle est ainsi placée, dans la biosphère, à l’interface entre la nature et la société.

Elle puise dans la nature des matières premières ainsi que du travail humain ; la société lui procure des techniques, des savoir-faire et en retour, l’entreprise lui fournit des produits qui contribueront au bien-être du consommateur. Ce bien-être, que les économistes nomment « utilité » - et auquel il faut soustraire la « désutilité » des déchets -, c’est la finalité ultime du système productif.

Nous n’ignorons certes pas que le bien-être n’est pas le bonheur : l’économie, l’entreprise, la consommation ne répondent pas à la totalité des besoins humains. Nous n’ignorons pas non plus que l’entreprise peut parfois tromper le consommateur et le gaver de produits nocifs, tout comme une cellule peut se mettre à produire un poison ou proliférer en un cancer : nous fournirons une explication partielle de ces phénomènes.

Ouvrons cependant la cellule pour examiner sa structure interne. Celle-ci a évolué dans les dernières décennies et il importe de tenir à jour notre représentation.

Suite : L'économie quaternaire.

1 commentaire:

  1. Nous sommes tellement englués dans la vue microeconomique de l'entreprise que nous avons oubliés que l'efficacité de l'entreprise se mesure à sa capacité de produire des choses utiles aux humains sans gaspiller les ressources, en particulier non renouvelables.

    Tous ceux qui ont fait un peu d'études economiques vous diront qu'une entreprise efficace est celle qui fait des bénéfices en produisant au moindre coût. il s'agit ici du coût financier.
    Meme les hommes politiques y souscriront, tellement la chose semble aller de soi.

    Mais le concept de coût, basique au possible, est de la plus grande ambiguité.
    Produire , c'est transformer. Transformer des matières à l'aide de travail , de savoirs, d'énergie pour obtenir un produit final plus intéressant pour les humains, que les ingredients de depart.

    Produire coûte donc, réellement, tous ces ingredients, du travail, de l'energie. Produire c'est toujours avec des coûts réels. C'est donc sous cet angle que des hommes politiques, responsables de la vue globale, doivent regarder l'efficacité. Ce serait le rôle des economistes de les aider à y voir clair, dans cette vue réelle. Il ya t-il eu efficacité? Il y a t-il eu gaspillage de matieres, de travail, de ressources non renouvelables?
    C'est simple comme une recette de cuisine. Si le gateau est raté, tous les ingredients de départ ont été gaspillés, ainsi que le temps de travail et l'energie pour faire ce gateau.

    Mais la vue économique traditionnelle de l'entreprise efficace n'est pas celle-là. Il suffit que le gateau soit vendu un peu plus cher que le prix des ingredients de départ et de leur transformation, pour que l'entreprise soit jugée efficace, pardon rentable.
    Le grand boulot des cost-killers, c'est de baisser les coûts. Non pas les coûts, au sens réel comme plus haut, mais les seuls coûts qu'ils connaissent : les coûts financiers.
    Qu'est-ce qu'un coût financier pour une entreprise? Ce sont les flux monétaires qu'elle donne à ses différents partenaires à l'occasion de la production (salaires, charges, achats, impots...).
    Mais vu globalement, un coût financier provoque un revenu financier du même montant...pour d'autres. Donc globalement, il n'y a pas de coût financier, il n'y a que des flux d'échanges.
    Et pourtant ce seront les seuls coûts pris en compte par les economistes qui, au lieu de s'intéresser au réel, se cachent derrière le voile monétaire et les prix. Par exemple, peu importe en vue financiere, qu'un yaourt qui aurait pu être produit en france, ait fait 2000km pour arriver dans nos rayons, si la main d'oeuvre ailleurs est 5 fois moins chère.
    D'un point de vue micro, à court terme, c'est une vue égoïste compréhensible. Une vue comptable basique.

    Ce qui l'est moins, c'est que les hommes politiques n'aient pas construits avec les économistes et les universitaires des tableaux de bord qui leur donnent une vue des coûts réels et du pilotage des ressources épuisables.

    Seuls les coûts réels, les autres ne sont que des transferts de revenus.
    Et pourtant en vue habituelle, seuls les coûts financiers comptent et sont comptés.

    La nature n'a pas de tiroir caisse, mais en continuant à gaspiller, nous aurons l'occasion de vérifier ce qu'est un coût réel. Faut-il attendre la correction? avec 8 milliards d'humains, elle pourrait être sévère.
    H. Robet

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