lundi 15 juillet 2019

La vie dans les Cévennes n° 6

Entretien avec M. René Agulhon

(publié dans le bulletin municipal de Sénéchas, juillet 2012)

Je suis né à Rouis en 1952. Mon père était du Mazel à Sainte-Croix-de-Caderle. La propriété de Rouis appartenait à la famille de ma mère, les Maurin. Dans ma famille nous étions sept, cinq garçons et deux filles. Nous sommes de vrais Cévenols ! Certains d’entre nous sont partis pour travailler ailleurs puis ils sont revenus à l’âge de la retraite. Pour ma part je suis toujours resté dans le coin.

J’ai été à l’école à Martinenches et à Sénéchas. Ces écoles manquaient déjà d’élèves, il fallait les tenir ouvertes. L’école de Sénéchas se trouvait dans le local qui est consacré aujourd’hui à la salle polyvalente. Nous montions à pied depuis Rouis avec le cartable et nous n’y allions pas tous les jours de bon cœur : il y avait de la discipline, il fallait se mettre en rang, nous portions des blouses… on s’amusait bien aussi. Nous avons eu comme institutrice Mme Faudin, il y en a eu d’autres dont je ne me rappelle pas les noms.

Après le certificat d’études j’ai travaillé quelque temps sur notre exploitation de Rouis en tant qu’aide familial. Puis j’ai travaillé pour les Eaux et Forêts à des plantations d’arbres, enfin j’ai été facteur auxiliaire à Génolhac : je desservais le secteur de Concoules.

J’ai fait mon service militaire dans l’infanterie à Nîmes en 1972. J’ai passé le permis poids-lourd, j’étais chauffeur de camion. Après l’armée j’ai travaillé au Bleymard dans l’entreprise de BTP Dalle : je conduisais les camions, les engins, je faisais des livraisons, etc. Dans l’intervalle entre les chantiers je travaillais à Rouis dans l’exploitation familiale.

En 1981 je suis entré à la mairie de Sénéchas comme agent d’entretien : je devais m’occuper de la voirie, du réseau d’eau, etc. J’ai connu trois maires : MM. Balmes, Girard et Legros. Tout s’est toujours très bien passé. Je n’ai jamais eu de problème avec les gens et je me suis très bien entendu avec les maires, avec mes collègues et avec tous les habitants.

Les plus gros chantiers ont été les travaux de maçonnerie dans l’atelier de la mairie et dans l’ancienne mairie, ainsi que la reconstruction du parking sur la place de Mallenches. Pour la réfection du réseau d’eau nous avons travaillé avec une entreprise aux Fontanilles. Le tracto-pelle nous a beaucoup servi, notamment pour la place de la mairie et pour les terrassements à Mallenches.

Un des événements marquants a été le grand incendie de 1985-1986 mais je n’ai pas eu à m’en occuper : ce sont les pompiers qui ont fait tout le travail.

Je me suis marié à 30 ans. Ma femme était du Mas Nouveau à Génolhac. Nous avons eu un garçon (Ludovic, 31 ans) et une fille (Nancy, 28 ans). Ludovic est mécanicien agricole à Narbonne, Nancy est ergothérapeute en Ardèche dans une maison de retraite médicalisée à Villeneuve-de-Berg. Je ne suis pas encore grand-père !

Ma femme et moi habitons à Chastel-Mouissou. Ma femme travaille pour la mairie de Génolhac comme gardienne du village-vacances.

Je viens de prendre ma retraite. Fabien me remplace, Jérôme vient d’arriver. Tout s’est très bien passé, la relève est assurée. La retraite se passe bien, pas de souci. Ma femme pourra prendre sa retraite dans dix ans : je suis donc maintenant l’homme au foyer. J’ai des châtaigniers et un jardin potager, je loue de la terre à côté de la maison. Les tomates viennent tard cette année : elles sont grosses mais elles restent vertes. C’est peut-être à cause du temps, des nuits trop fraîches…

Je fais un peu de tout : je ramasse les champignons quand il y en a, ce matin je ramassais des pommes de terre. Je m’occupe du potager, de l’entretien de la maison, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Nous ne sommes pas isolés : chaque jour je vois quelqu’un. Nous avons de la chance ici, ce n’est pas comme si nous vivions enfermés dans un appartement. Certains préfèrent la ville, ce n’est pas mon cas.

Le drame de ma vie, c’est l’accident de ma sœur Denise qui est tombée d’un cerisier et s’est cassée la colonne vertébrale. Elle est dans un fauteuil roulant. Elle a bon moral, elle plaisante, mais elle me conseille de ne pas monter dans les arbres...

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