(Ce texte fait partie de la série "Le rationnel et le raisonnable".)
Épisode précédent : Les « théories » familières de notre vie courante
Il est utile de se remémorer ce qui s’est passé lorsque nous avons appris à lire, écrire, calculer, utiliser un tableur, jouer d’un instrument de musique, conduire une voiture, etc. Les mots « grille conceptuelle » et « hypothèse » ne faisaient sans doute pas partie du vocabulaire du formateur qui nous a aidé lors de chacun de ces apprentissages, mais c’est pourtant bien cela qu’ils nous a inculqué et que nous avons incorporé, inscrit dans notre corps, à tel point que l’action est devenue un réflexe : la lecture, la conduite d’une voiture nous sont naturelles, instinctives, nous avons oublié l’époque où ne savions rien faire de tout cela, ainsi que l’épisode parfois pénible par lequel nous avons dû passer pour apprendre à le faire.
Il faut un effort sur nous-mêmes, sur la nature que l’éducation et la formation nous ont inculquée, pour reconnaître que nous n’avons pas toujours su faire ce que nous savons faire, et aussi que nous pouvons apprendre à faire des choses nouvelles. Cet effort, beaucoup de personnes le refusent : celles qui estiment en savoir assez après avoir passé des examens et réussi des concours scolaires ; celles qui croient être trop âgées pour pouvoir apprendre quoi que ce soit de nouveau ; celles enfin, très nombreuses, qui plutôt que de se confronter à l’existence du monde réel préfèrent s’enfermer dans le « petit monde » des vocabulaire, réflexes et habitudes d’une spécialité professionnelle, ou dans le « petit monde » plus étroit encore de l’organisation hiérarchique dans laquelle elles ambitionnent de « faire carrière ».
Un effort de lucidité montre que notre nature a obéi à une dynamique, que nous avons changé en nous formant, que nous pouvons changer encore, que nous avons donc une histoire et qu’il en est de même de chacune de nos entreprises et de nos institutions.
Épisode suivant : Réponse à une objection
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